La France a gagné un premier match de coupe du monde crispant contre une équipe d’Australie athlétique et très bien organisée, avec deux buts de Griezmann et Pogba.
Critiques exagérées
Nous devrions nous réjouir et pourtant les critiques pleuvent sur les bleus.
On leur reproche de ne pas avoir dominé, de ne pas avoir maîtrisé. On leur reproche en fait de ne pas avoir gagné facilement.
Tout se passe comme si les commentateurs considéraient que non seulement la France doit gagner la coupe du monde (ce qu’elle ne fera sans doute pas), mais qu’elle doit en plus dominer largement et facilement ses adversaires, avec des scores fleuves si possible. Pourtant, ni le Brésil, ni l’Allemagne, ni l’Espagne, ni l’Italie, ni la France de 1998 ou celle de 2006, n’ont gagné facilement leurs matchs de coupe du monde. Cette équipe d’Australie était évidemment supérieure à l’Afrique du Sud et à l’Arabie Saoudite de 1998.
On demande donc l’impossible, l’invraisemblable aux bleus.
Et j’écris à la mi temps d’un Argentine Islande pénible pour l’Argentine, le score est de un partout et illustre mon point.
Cette méconnaissance des grands tournois est à rapprocher de la faible culture de supporters des français.
Le stade de Kazan était entièrement australien. Même l’Islande, avec sa population totale de ville moyenne française, a plus de supporters contre l’Argentine que nous n’en avions contre l’Australie.
Pogba symbole de l’hyper critique
Pogba n’a pas fait un très bon match aujourd’hui, mais pas plus que les autres. Il a perdu quelques ballons faciles, mais a au moins eu le mérite de délivrer deux ou trois passes lumineuses, dont l’ouverture qui a permis à Griezmann d’obtenir le pénalty.
Pourtant, alors que Tolisso était visiblement grillé, alors qu’il venait de rater une passe de plus, déclenchant un contre dangereux et prenant un jaune pour une faute tactique, les commentateurs de TF1, comme ceux des autres médias, Lizarazu en tête, conseillaient à Deschamps de remplacer Pogba par Matuidi. Heureusement, Deschamps ne les a pas écoutés ; il a sorti Tolisso. Quelques minutes plus tard, dans une action de classe mondiale (double une deux, piqué lobé), Pogba délivrait les bleus. Pourtant, les commentateurs parlaient de « réussite », parce que son tir avait été légèrement dévié, comme s’il ne fallait pas reconnaître la classe de Pogba.
Tolisso adoré, Pogba détesté
Au contraire de Pogba, Tolisso bénéficie auprès des commentateurs d’une incroyable cote. Bien sûr, Tolisso est un bon joueur, mais pourquoi, en seulement quelques matchs, a-t-il bénéficié d’un tel amour, à l’inverse de Pogba? Une réponse footballistique est la simplicité de son jeu comparée à l’ambition, parfois la complexité, de celui de Pogba.
Une réponse plus large est le charisme et la personnalité de Pogba. Dans la vie, Pogba brille, Pogba dépasse, Pogba ne se fond pas dans la masse. Pogba est un leader. Quand Macron visite Clairefontaine, c’est avec Pogba qu’il parle en aparté.
Nous, français, n’aimons pas ce qui dépasse.
Alors Pogba subit des critiques exagérées, et avec lui toute l’équipe de France.
Bravo les bleus
Au lieu de faire la fine bouche, réjouissons-nous. L’équipe de France a su gagner en fin de match dans le piège tendu par l’Australie. C’est une victoire très importante dans un groupe beaucoup plus difficile que ce qu’on nous raconte depuis des mois. La France n’est pas du tout favorite du mondial, mais elle se bat avec ses armes, en jouant, rappelons-le, toujours à l’extérieur, contrairement aux autres sélections, -et ça c’est de notre faute, pas de celle des joueurs.