Une fois de plus les journalistes ont jugé (ou noté) les joueurs de l’Equipe de France presque exclusivement en fonction du résultat final du match, sans tenir compte de la réalité de leurs prestations.
Nous avons déjà observé ce phénomène à plusieurs reprises et l’avons décrit sous la forme d’un théorème, le Théorème de Lévy, expliqué scientifiquement ici.
Son énoncé peut être résumé ainsi : de manière générale les joueurs reçoivent quand ils ont gagné une note supérieure à celle qu’ils méritent, alors que cette note est sous-estimée quand ils ont perdu. Les vainqueurs auront une moyenne supérieure aux vaincus, même si leur prestation ne le justifie pas.
Ce théorème s’exprime de manière très claire quand le résultat du match est lié non pas à la supériorité d’une équipe sur l’autre, mais à un autre facteur. Le match d’hier offre ainsi une illustration presque caricaturale de ce théorème puisque le déroulement du match aurait conduit à un match nul sans cet élément « extraordinaire » qu’a été le dégagement raté de Lloris.

Mais non, l’Equipe de France n’a pas eu TOUT faux.
Considérons les notes données par l’Equipe aux joueurs des deux équipes. Elles conduisent à une moyenne de 4,7 pour les joueurs de l’Equipe de France contre 6,0 pour les Suédois. Enlevons de la moyenne la note de Lloris, enlevons aussi celle de Deschamps pour ne garder que les 10 joueurs de champ notés, nous obtenons une moyenne de 5,0.
6 contre 5, la différence est nette et on peut penser que les Suédois ont dominé le match, qu’ils se sont créé les occasions les plus nettes.
Est-ce vrai ? Non. Tous ceux qui ont vu le match savent que ce sont les Français qui ont le plus souvent été en situation de marquer. Ils n’y sont pas arrivés et certes on peut le leur reprocher, mais incontestablement ils ont été supérieurs au Suédois. Jusqu’à la dernière minute et l’incroyable bourde de Lloris. Mais cette bourde n’appartient qu’à lui.
La logique, ou l’honnêteté, voudrait que les joueurs de champ reçoivent la note qu’ils auraient reçue si le score final avait été de 1-1, et que Lloris seul « paye » les conséquences de son erreur avec sa note de 2. A l’évidence ce n’est pas le cas.

Il n’y a aucune raison pour que les notes de ses coéquipiers s’en ressentent.
Les stats du match (données par l’Equipe) sont en faveur des Français : 56% de possession contre 44%, 6 tirs cadrés contre 4 et 439 passes réussies contre 313. Ces chiffres sont significatifs : 27% de possession en plus, 50% de tirs cadrés en plus, 40% de passes en plus. Avec un résultat final de 1-1 ces statistiques n’auraient pu être cohérentes qu’avec une note moyenne pour les Français au moins égale à celle des Suédois. Peut-être pas largement supérieure, puisque « dominer n’est pas gagner » et qu’on pourra toujours reprocher aux Français de n’avoir pas marqué, mais il n’y aurait eu aucune raison de noter les Suédois mieux que les Français.
Il est donc évident que la note supérieure des Suédois (6 contre 5, l’écart est net) est due exclusivement au geste de Lloris et à cette défaite finale. Comme si en ratant sa passe Lloris avait rendu rétroactivement chacun de ses coéquipiers moins efficace. C’est absurde mais c’est pourtant bien ainsi que les journalistes de l’Equipe l’entendent.
Le geste malheureux de Lloris aura au moins eu le mérite de donner du Théorème de Lévy une démonstration indiscutable, en prouvant l’incohérence des notes données aux joueurs par les journalistes.
Pour ma part, je pense que les joueurs de l’EDF méritent les notes qui leur sont attribuées, quel que soit le résultat. A l’inverse, il n’est pas interdit de penser que ce sont tout simplement les joueurs suédois qui ne méritent pas les notes données par les journalistes de l’Equipe.
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Cher Claron,
mes réflexions s’appuient sur la comparaison entre les notes des Français et celles des Suédois. Vous avez tout à fait raison, peut-être celles des Suédois sont-elles surestimées plus que celles des Français ne sont sous-estimées.
Ce qui reste illogique.
Merci de votre commentaire.
MAL
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