Arsenal a perdu 3-1 à Stamford Bridge dans le match du samedi à midi trente. Comme d’habitude.
Mais cette défaite concentre en un seul match des erreurs commises par les Gunners depuis des années.
Wenger n’a jamais réussi à faire peur aux arbitres dans les grands matchs
Sur le premier but, une fois de plus contre Chelsea, Arsenal a été victime d’une énorme erreur d’arbitrage. Le coup de coude du buteur Alonso a assommé et sorti du match son compatriote d’Arsenal, Bellerin.
Depuis des années, dans les confrontations avec Chelsea et Manchester United, les arbitres ne pardonnent rien aux Gunners. En 20 ans, Arsène Wenger n’a jamais réussi, à la manière d’un Ferguson, à se faire suffisamment respecter par les hommes en noir. Et ce n’est pas son expulsion pour quatre matchs pour avoir poussé un quatrième arbitre qui a changé cet état de fait : en assistant des tribunes au derby nord/sud de Londres, Wenger avait perdu la bataille de l’arbitrage avant le coup d’envoi de midi.

Une confiance aveugle en Özil jamais récompensée dans les grands matchs
Est-ce parce qu’Özil est son transfert le plus onéreux et qu’il ne veut pas se dédire, ou est-ce parce qu’il pense sincèrement que c’est la meilleure façon de le gérer ? : Özil n’est jamais mis en insécurité par Wenger. Titulaire systématique, même lorsqu’il joue mal, très mal, ou qu’il ne se bat pas (souvent).
Aujourd’hui, Özil semblait, pour une fois, très en forme, en jambes, vif, pendant la première partie du match. Mais comme d’habitude, dans un grand match, il n’a pas été dangereux. Il aurait pu, dû?, marquer pendant les minutes supplémentaires de la première mi temps, mais son tir était mou et mal placé.
On me dit souvent que mes critiques d’Özil sont exagérées, mais quand donc Özil sera-t-il décisif dans un grand match ? Reste un fait : Wenger s’est trompé dans sa gestion du joueur depuis des années.
Un aveu incroyable d’échec dans sa politique de transfert
En conférence de presse cette semaine, l’Alsacien a déclaré que Kanté était le joueur clé des blues, et que c’était grâce à lui que Chelsea caracolait en tête. Il a aussi révélé -étonnant aveu d’échec-, qu’il a tenté deux fois sans succès de recruter le joueur français (lorsqu’il jouait à Caen, puis lorsqu’il jouait à Leicester). Il n’a pas voulu donner les raisons de son échec.
Pourtant, Chelsea ne joue même pas la champion’s league cette année. Cet été, Wenger avait donc toutes les cartes en main pour recruter le joueur de l’équipe de France. Au lieu de cela, il a acheté -pour le prix payé par Chelsea pour Kanté, environ 30 millions de livres- le Suisse Xhaka, milieu rugueux, qui n’avait pas montré dans sa carrière le dixième de ce que Kanté a prouvé l’an dernier à Leicester en gagnant le titre, et qui était déjà connu pour prendre des wagons de rouges. Il était d’ailleurs, ironie du sort, suspendu pour le match de Stamford Bridge.
Kanté a encore été impressionnant.
Si Wenger l’avait recruté, le résultat aurait peut-être (sans doute?) été inversé.

Des joueurs qui ne progressent plus
Walcott était le grand espoir du football anglais. Depuis des années, il stagne, voire régresse. Encore titularisé aujourd’hui (alors que Welbecq, sur le banc, a effectué une entrée convaincante en fin de match), il a été transparent. Moins décevant, l’autre grand espoir anglais, Oxlade-Chamberlain peine aussi à éclore. Tout se passe comme si Wenger avait perdu la magie qui lui a permis de transformer Henry en star mondiale.
Wilshere, l’âme de l’équipe, prêté à Bournemouth pour la saison
Wenger a prêté Jack Wilshere cette saison car il était censé ne pas avoir de place dans l’équipe. Aujourd’hui, avec Elneny à la CAN, les blessures de Ramsey, Cazorla, et la suspension de Xhaka, Arsenal n’avait plus qu’un seul milieu relayeur ou défensif de métier disponible, Coquelin. Wilshere aurait donc joué contre Chelsea. Or Wilshere est le dépositaire du fighting spirit de l’équipe. Celui qui sonne la charge, celui qui se bat quand c’est dur, l’anti-Özil en somme.
Erreur, encore.
Le troisième but de Fabregas, double symbole
Wenger n’a pas voulu lever l’option de 15 millions sur Fabregas à l’été 2015. Il l’a laissé aller à Chelsea alors que ce n’était pas le souhait du joueur. Entré en fin de match, l’espagnol n’a pas fêté son but, le troisième de Chelsea, à la suite d’une énorme erreur de Cech.
Cech, justement, c’est LE recrutement de Wenger, après des années d’errance au poste de gardien. Pendant de longues saisons, la politique de gardiens d’Arsenal a été tellement mauvaise, que j’avais écrit en 2012 un article pastiche sur ce que je décrivais comme une catastrophe nationale en Grande Bretagne. Mais Wenger a laissé le rival Tottenham recruter Lloris. Puis, en 2015, il a acheté un Cech vieillissant, au moment où Chelsea le poussait dehors pour le remplacer par Courtois. On a vu le résultat aujourd’hui : Courtois a sorti deux arrêts décisifs de grande classe pendant que le pauvre Cech se trouait et donnait un ballon de but à Fabregas.
Erreur encore.

Arsenal a 12 points de retard sur l’équipe du quartier des milliardaires de Chelsea. Mais ces 12 points viennent de loin. Le chant des supporters de Chelsea, cruel, « Arsène we want you to stay », ne sera peut-être pas exaucé.