Blasphémer Federer ?

Contradiction

Certains lecteurs m’ont écrit pour pointer la contradiction entre un post où je disais mon désir de voir jouer Federer éternellement (ICI) et un autre où je le traitais de loser absolu (post que j’ai retiré, je dirai pourquoi plus loin, mais que je remets le temps de ce blog (ICI)).

Je ne nie pas la contradiction. Ou plutôt, si, je la nie. C’est parce que Federer est un Dieu (est mon Dieu) que je n’ai pu résister au plaisir de le blasphémer.

TENNIS-GBR-WIMBLEDON

Le sel de la vie

Le blasphème est un des plaisirs de la vie avec le sexe, la nourriture, le sexe, le barbecue, la bonne littérature et le sexe. Le blasphème c’est défendu, c’est excitant, le blasphème, c’est sympa.

Mais malheureusement, c’est triste, en France, on ne peut plus blasphémer Dieu et la religion. Jésus, le pauvre, fait plus de peine qu’autre chose, plus personne ne se moque de lui, c’est trop facile, aucun intérêt. Quant à Mahomet, à moins de vouloir mourir sous les balles comme le courageux Charb et son équipe de Charlie, mieux vaut s’abstenir. Un blasphème convivial, c’est un blasphème qui conduit à recevoir des insultes, à perdre des amis, mais où le risque maximum est limité à un coup de poing.

Extension du domaine du blasphème

Cherchons donc hors de la religion le sacré qui reste encore chez nous et piétinons-le allègrement.

Les mollahs iraniens, qui ont une bonne compréhension du sacré (c’est même leur seul point fort), ont réagi à quelques caricatures de Mahomet dans la presse occidentale par un concours de caricatures de la shoah, pointant ainsi le caractère quasi sacré que la mémoire de la shoah -cet évènement inouï et tragique de notre histoire- aurait pour nous.

Personnellement, blasphémer la shoah ne me convient pas, pour plusieurs raisons, mais une seule suffirait : ce n’est pas drôle de se « moquer » d’un million d’enfants enlevés à leurs foyers pour être assassinés, pas drôle du tout. Or un blasphème réussi doit avoir deux propriétés essentielles : il doit indigner plein de gens ET être drôle.

Il faut donc se moquer de gens puissants, reconnus, célèbres, adulés, comme les messies et les prophètes laïques.

S'attaquer aux idoles, ici Lénine
S’attaquer aux idoles, ici Lénine

Les bonnes cibles à blasphémer

Choisissez les grandes idoles populaires qui font l’unanimité. Michèle Obama est une bonne candidate. Tout le monde l’aime, elle chante bien, elle danse bien, et elle lit d’un air inspiré les discours bourrés de lieux communs qu’on lui écrit. Steve Jobs n’est pas mal non plus. C’est un égotique qui a eu de la chance, les gens le déïfient. Ne vous privez pas d’afficher votre mépris.

Nelson Mandela est un cran au-dessus ; dire du mal de Mandela devrait énerver tout le monde. Ne vous en privez pas. Sinon, essayez Gandhi. Il est très gentil Gandhi, mais un peu oublié.

Sinon, restent les grandes idoles sportives.

Zidane et Maradona que j’ai déjà blasphémés (ICI), en attirant d’ailleurs plus de 200’000 lecteurs.

Özil est très bien aussi. Tous les amateurs de football se croient obligés de dire qu’il est génial alors qu’il ne marque que contre les équipes bulgares.

Seul souci, ces footballeurs ont quand même quelques détracteurs, ce qui diminue la joie du blasphème puisque, à l’inverse de l’amour, la solitude du blasphémateur décuple son plaisir.

Federer s’impose donc

Voilà pourquoi Federer est le candidat idéal. Aucun détracteur. Federer, le plus grand joueur de tennis de tous les temps, immaculé en blanc dans sa tenue de Wimbledon, avec ses 17 grands chelems, ses quatre enfants et sa gentillesse. Tout le monde l’adore. Il fallait donc déboulonner la statue du commandeur Federer.

Pendant longtemps, sous nos cieux, le blasphème a conduit au bûcher, il en reste quelque chose. Une petite bouffée d’angoisse chez le blasphémateur lorsqu’il clique sur « mettre en ligne », et des réactions immédiates de lynchage sur les réseaux sociaux.

Don Juan et la statue du commandeur
Don Juan et la statue du commandeur

Merci

J’ai publié seulement une petite partie des commentaires hystériques que j’ai reçus à la suite de mon post ironique sur Federer – et encore, je les ai expurgés de pas mal de violence. J’en recevais tant que je n’avais plus le temps de valider. Puis sur Twitter des fans de Federer m’ont menacé d’un « signalement » (je ne sais pas à qui, mais personne n’aime être « signalé »). Je leur ai dit la vérité : j’adore Federer, c’est un Dieu pour moi, un modèle, j’étais à Lille lorsqu’il a atomisé Gasquet et soulevé la coupe Davies, c’était un grand moment. Puis j’ai enlevé le post, par souci de tranquilité (certains diront par lâcheté). Je le remets le temps de ce post de fond.

Tous ces commentaires énervés et insultants sont la meilleure récompense pour un blasphémateur, la plus satisfaisante.

A tous ceux que j’ai choqués, je veux dire ici un grand MERCI.

Continuez à vous indigner s’il vous plait.

Nous avons besoin de vous.

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