L’ancienne équipe de Mourinho, Chelsea, avec presque les mêmes joueurs, réussit, avec Conte, tout ce qu’elle ratait sous les ordres de Mourinho. Manchester United, au contraire, après avoir perdu 4-0 à Stamford Bridge, vient de concéder un nul sans but à domicile contre Burnley et compte déjà 8 points de retard sur les leaders.
Ibra ne marque plus depuis 6 matchs, ses éclairs trouvent les poteaux ou des arrêts incroyables des gardiens adverses. Plus rien ne fonctionne. Le génie Pogba, brinquebalé d’un poste à l’autre, ne donne pas toute sa mesure dans une équipe en souffrance.
Mourinho perd ses nerfs, pleurniche à l’oreille de Conte, proclame qu’on ne le respecte pas.

Est-ce la fin d’une époque ? La fin de la méthode Mourinho ?
Mourinho, c’est un entraîneur qui mise tout sur la solidité défensive de son équipe dans le jeu et sur son propre égo dans la communication. Il a gagné la league des champions avec un Inter Milan qui défendait plus que l’Atletico l’an dernier. Il a même réussi l’exploit de gagner le championnat anglais en 2015 en arrêtant complètement de jouer de janvier à mai. Celui qui s’autoproclame le « spécial one » est surtout spécial parce qu’il place le résultat au dessus de tout, parce qu’il se fiche du style de l’équipe, pour se concentrer sur le sien : manteau cintré, barbe de trois jours, regard dur d’alpha mâle méditerranéen.
Mourinho, c’est l’homme qui a réussi à transformer, il y a trois semaines, la plus belle affiche de la Premier League, peut-être d’Europe, Liverpool-Manchester United, en horrible punition pour le spectateur (un 0-0 déprimant, cadenassé par les Reds Devils, quasiment sans occasions et sans jeu).

Mourinho se fiche du spectacle, Mourinho veut des résultats.
Pendant ce temps, Pep Guardiola a déjà imposé son style à City, Jurgen Klopp a transformé Liverpool en festival offensif et communie avec les meilleurs fans du monde, et Conte s’agite, enthousiaste, extraverti, le long de la pelouse de Chelsea, donnant le spectacle de sa propre personne au public (à défaut de celui de Chelsea – qui reste une équipe moins séduisante que City, Arsenal, Tottenham ou Liverpool).
Mourinho, lui, est dans l’efficacité pure.
Seulement voilà, depuis deux saisons, il a perdu cette efficacité.
Si l’on s’affirme gagnant, si l’on se fiche du style, alors il faut gagner.
Sinon, on devient un loser sans style, sans souffle – un raté.
Sinon, on disparaît des mémoires, rien ne reste, ni les titres, ni la trace d’un souffle, rien.
Si Mourinho ne redresse pas la barre à Manchester, il se pourrait qu’il meure (au sens du football) à cause de son absence de convictions, c’est beaucoup moins noble que de mourir pour ses convictions.
Le personnage public est un provocateur horripilent. Il est adoré par ses joueurs dans tous les clubs où il est passé. Et surtout c’est un entraineur hors du commun qui connait toutes les stratégies du foot!
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