Le critère retenu dans le Championnat d’Europe pour départager les équipes à égalité après la phase de poule est différent de celui de la Coupe du Monde. Cela pourrait être à l’origine d’une injustice dans la compétition.
Pour la Coupe du Monde, si deux équipes d’une poule finissent à égalité de points, le premier critère retenu pour les départager porte sur la différence de buts calculée sur l’ensemble des matchs de la poule. Puis est pris en compte le nombre de buts marqués toujours sur l’ensemble des matchs. Ensuite seulement vient le match qui les a opposées. On se souvient ainsi qu’en 2002, avant notre dernier match de poule contre le Danemark, notre objectif était de gagner par deux buts d’écart. Gagner nous mettait à égalité de points avec notre adversaire (4 points pour une victoire et un match nul), et il fallait les dépasser à la différence de buts globale.
Pour le Championnat d’Europe, le premier critère retenu porte sur le match qui a opposé entre elles les équipes à égalité. Notons au passage qu’on peut avoir trois ou même quatre équipes à égalité, mais oublions-le aussitôt car avec deux équipes c’est déjà assez compliqué, et assez amusant aussi.

Pour revenir au cas de France Danemark, la réglementation du Championnat d’Europe nous aurait qualifiés avec une victoire même par un but d’écart : à égalité de points, cette victoire nous aurait fait passer devant nos adversaires, sans considération pour la différence de buts obtenue sur les autres matchs.
Sur cet exemple l’impact de la différence de réglementation n’est pas flagrant puisque de toute façon nous avons perdu contre le Danemark. Mais le présent Championnat d’Europe nous offre une situation où le choix « Européen » de la différence de buts particulière mène à une situation d’inéquité qu’aurait évitée le choix « Mondial » de la différence de buts générale.
A l’heure où j’écris ces mots (avant les derniers matchs de la poule E), l’Italie a 6 points, la Belgique 3, la République d’Irlande et la Suède 1 seul. Dans la pire configuration pour l’Italie (elle perd son match et la Belgique gagne le sien), les deux équipes seront à égalité de points (6 points) et seront donc départagées par le match qui les a opposées. Ce match a vu la victoire de l’Italie, elle resterait donc devant la Belgique. Et dans tous les autres cas l’Italie aura plus de points que la Belgique. Donc avant même ces matchs l’Italie est certaine de finir première de la poule.
Elle peut donc aligner les remplaçants, tester des schémas tactiques inédits, faire jouer un goal avant-centre ou un ailier dans les buts, bref faire n’importe quoi, cela n’a aucune importance.

Et pourquoi pas ?
Il en va tout différemment de son adversaire du jour, le République d’Irlande. Ils ont 1 point avant le match. Avec 4 points ils ne finiront peut être pas deuxièmes mais ils peuvent viser une place de meilleur troisième. Il leur faut pour cela soigner la différence de buts générale, puisque c’est ce critère qui, après le nombre de points, permettra de classer les troisièmes.
Les Irlandais vont donc tout faire pour remporter le match le plus amplement possible.
Certes la fierté et un certain respect de l’éthique empêcheront les Italiens de faire absolument n’importe quoi, mais il est certain que l’entraîneur ne prendra aucun risque de blessure pour ses titulaires. Il sera aussi heureux de pouvoir faire reposer des joueurs qui ont pour la plupart vécu une saison longue et intense. Il devrait donc sélectionner exclusivement des remplaçants, sans considération pour le schéma tactique dans lequel ils pourront s’inscrire. Les joueurs seront motivés, ils voudront se montrer, mais ils évoluerons dans une composition inadaptée à leurs profils.
L’Irlande en profitera peut-être et par contre coup les autres troisièmes en pâtiront. La compétition sera donc biaisée.

Il est certes inévitable que les enjeux soient parfois très variables entre les équipes qu’opposent les derniers matchs de poule, mais le cas induit par cette règle est très particulier, avec une équipe qui continue la compétition tout en étant indifférente au résultat de son dernier match. Le scandale n’est pas loin. Avant d’édicter les règlements de ses compétitions l’UEFA aurait mieux fait de consulter les spécialistes de Panthéon Foot.
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