Özil serait-il un bon joueur ?

Özil a réalisé un bon match hier contre Bournemouth (2-0). Avec déjà 16 passes décisives cette saison, il est largement dans les temps pour battre le record de Thierry Henry (20). Après 2 saisons catastrophiques à Arsenal, où il avait acquis une réputation bien établie de joueur surévalué, serait-il donc devenu soudain un bon joueur ? Bien évidemment non, quand on est nul on le reste, explications.

Ozil-RK

La ridicule notion de « passes décisives »

Tout le monde sait qu’une passe décisive, ça ne veut rien dire : une passe quelconque ou ratée, suivie d’un exploit (comme par exemple la passe ratée d’Özil pour Walcott, alors qu’il visait Monreal, contre Manchester City la semaine dernière) est comptée comme « décisive », alors qu’un caviar raté par un attaquant aux pieds carrés est oublié des statistiques. De plus Özil tire les corners, que l’on compte dans les « passes décisives », comme hier sur le but de Gabriel.

Özil protégé par le footballistiquement correct

Pendant des années, Özil était nul. Quand vous osiez le dire en public (il fallait beaucoup de courage), on vous rétorquait : « Billevesées. Özil a été le meilleur passeur de la Liga dans le temps ». Vous aviez beau argumenter qu’être le milieu devant Ronaldo aide un peu quant aux passes décisives, que trois ans de matchs horribles c’était quand même beaucoup pour un « grand joueur », rien n’y faisait, le consensus médiatique était là : Özil était un grand, d’ailleurs, Wenger ne l’avait-il pas payé 42 millions de livres ? Certes il avait un petit « coup de moins bien » (de plusieurs années quand même), mais un jour, c’est sûr, le grand Özil se réveillerait, il brillerait, de nouveau.

Ce jour est arrivé, paraît-il, hier, dans le bon match réalisé contre Bournemouth (pas contre Barcelone, remarquons-le).

Ozil-Wenger

Deux poids deux mesures

En réalité, Özil ne vaut pas le dixième des bons joueurs d’Arsenal, les blessés Sanchez, Wilshere, Cazorla, Coquelin ou Rosicky. Seulement dès qu’il réussit une passe quelconque vers l’avant, on s’extasie, on s’enthousiasme, alors que pour les autres, on trouve que c’est la moindre des choses.

Le chouchou

Imaginez, par exemple, que la passe sublime de Willian samedi pour le diabolique Diego Costa (Chelsea-Watford, 2-2) ait été réalisée par Özil. On en aurait entendu parler pendant des années, des siècles. Mais comme c’était Willian, tout le monde s’en fiche. Car le chœur médiatique a un chouchou : Özil. Peu importe les 100 matchs ratés, une seule passe accidentellement décisive du chouchou rachète toutes ses fautes.

Ozil-Giroud

Arsène Wenger peut progresser

Bien sûr Wenger est un meneur d’hommes exceptionnel, nous l’avons souvent dit ici. Wenger est aussi un gentleman, avec une volonté d’acier, une capacité de résilience hors normes. Un grand Monsieur.

Son seul petit problème est qu’il ne connait pas très bien le niveau des joueurs. Il n’a jamais vraiment su faire la différence entre un bon et un mauvais joueur. Il continue à titulariser le sympathique Gallois Ramsey, arrivé au football un peu par hasard, encore catastrophique hier. Il pense sérieusement que Giroud est de haut niveau. D’ailleurs grâce à la force mentale de Wenger, nous avons nous aussi pu le croire lors des deux derniers mois : Giroud a joué très au dessus de son vrai niveau, niveau qu’il a malheureusement retrouvé lors des deux matchs du Boxing Day.

Wenger croit à la force mentale, pas au football : il a donc acheté Özil en pariant sur ses capacités de management à défaut d’être capable de juger le vrai niveau de l’allemand. Erreur. Ne le blâmons pas trop, il est si dur de ne pas suivre le troupeau.

Matuidi,lui, est un grand joueur, toutes les femmes désespérées se jettent sur lui, dit-on
Matuidi, lui, est un grand joueur, toutes les femmes vraiment désespérées se jettent sur lui, dit-on

Arsenal top of the league malgré Özil

En attendant, et malgré l’humiliation de samedi (Southampton-Arsenal, 4-0), Arsenal est temporairement leader, et Özil est loué dans tous les journaux d’Europe et d’Asie. Tout le monde s’incline devant le talent imaginaire de l’allemand. Tout le monde ? Non, car un petit site dissident, entouré d’ennemis, résiste encore et toujours contre le footballistiquement correct. Panthéon Foot.

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