Une fois de plus dans la confrontation Monaco-Juve, c’est l’arbitrage qui a fait la différence. A l’aller l’arbitre siffle pour la Juve un pénalty qui ne s’imposait pas. Au retour, l’arbitre ne siffle pas pour Monaco un pénalty pourtant plus évident. Le scandale n’est pas monumental mais le biais en faveur de la Juve est indiscutable, et c’est ce qui a décidé de la qualification.

Or cela s’était déjà produit en avril 1998, à l’occasion de la demi-finale aller de la Champions League.
J’avais alors rédigé le texte ci-dessous. Les lignes qui suivent ont donc été écrites en avril 1998 (avant notre Coupe du Monde).
Rien n’a été modifié.
Tout est réalisé sans trucage.
Ecrit en avril 1998
Débat d’une haute portée philosophique hier soir sur TF1, autour de Juventus-Monaco. Le match vient de se terminer sur la victoire de la Juve contre Monaco, par 4 buts à 1, avec pour la Juve deux pénaltys injustifiés. Dans les deux cas, l’attaquant est tombé dans la surface sans que le défenseur ait commis de faute.
L’attaquant a hurlé, le public a hurlé, l’arbitre a sifflé.
Participent au débat : deux joueurs de la Juventus, Zinedine Zidane et Didier Deschamps ; le goal de Monaco Fabien Barthez et l’entraîneur de l’équipe d’Auxerre Guy Roux. En service depuis plus de 20 ans, Guy Roux a son franc parler et Roger Zabel, présentateur de cette émission, l’invite souvent dans l’espoir que ses jugements sans fard sur l’arbitre ou les adversaires contribueront à animer la soirée. Il n’est généralement pas déçu, tant il est vrai que souvent l’adversaire est sournois et l’arbitre fautif.
Je n’ai pas mentionné l’aimable Pascal Praud, qui tend le micro aux joueurs, et tente de provoquer entre eux une polémique médiatiquement intéressante. Il interroge donc Barthez sur le second pénalty, provoqué par Zinedine Zidane. Sans aucune agressivité Barthez dit à peu près ceci :
– Je ne sais pas si Zizou dira comme moi, mais même si je le touche, c’est pas moi qui le fais tomber. Il y a pas faute. En fait, il a que ça à faire, parce que s’il essaye de tirer, je suis là. En fait, il joue bien le coup, et l’arbitre se fait avoir.
Zidane simule la faute : « il a que ça à faire ». Et l’arbitre siffle.
Pascal Praud, qui trouve ce commentaire insuffisamment provocateur, interroge Zizou :
– Alors, Zinedine, il y a pénalty, ou pas ?
Zidane, qui joue bien au football mais parle peu, lui répond :
– Je ne sais pas, j’ai pas vu le ralenti*.

On montre le ralenti. Il apparaît clairement que Zidane commence à tomber tout seul, qu’il tombe à moitié sur Barthez, et que celui-ci n’est nullement fautif. Commentaire de Deschamps:
– C’est vrai qu’il y a pas faute. Mais dans ce cas là, neuf fois sur dix, l’arbitre il siffle faute. L’attaquant est en pleine course, il tombe, on siffle penalty. C’est vrai que Zinedine joue bien le coup.
On passe ensuite au premier pénalty, où l’attaquant a assez franchement simulé la chute (alors que Zidane est certes tombé tout seul, mais involontairement). Les commentaires des uns et des autres diffèrent peu des précédents : il n’y a pas faute, mais l’attaquant (cet ignoble tricheur de Pippo Inzaghi) joue super bien le coup, parce qu’il a perdu le ballon et qu’il n’a que ça à faire.
Inzaghi simule la faute : « il joue super bien le coup ». Et l’arbitre siffle.
C’est alors que Guy Roux place son intervention :
– Mais non, il n’a pas que ça à faire ! Non, il ne joue pas bien le coup ! Il n’a pas à simuler le penalty ! S’il y a un arbitre assistant bien placé, il n’y a pas pénalty et il se prend un carton jaune ! Vous êtes en train d’expliquer aux jeunes qu’il faut essayer de tricher, c’est pas normal.
En plus, on peut quand même remarquer que c’est souvent les grosses équipes qui profitent de ce genre d’erreur d’arbitrage. Souvenez-vous de Monaco-Inter, ou de Auxerre-Dortmund. Ou alors il faut que nous aussi on organise des séances d’entraînement de chute dans la surface de réparation !
Le public applaudit.

On aimerait juste que ça rapporte plus.
Deschamps répond :
– Guy Roux a dit de belles paroles, et je crois que tout le monde a pu les apprécier, mais le football c’est comme ça. C’est vrai que quand, comme aujourd’hui, un attaquant tombe dans la surface alors qu’il y a pas faute, eh bien neuf fois sur dix il y a pénalty. C’est comme ça. C’est vrai aussi que c’est plus facile quand on est à la Juve ou à l’Inter que quand on est à Monaco ou à Auxerre. C’est vrai. Mais c’est comme ça. Le football est comme ça depuis des années, ça marche comme ça, et on peut pas le changer. C’est le football.
Le tout dit très calmement, avec un petit accent du sud qui donne plus de légèreté aux propos.
Guy Roux dit ce qui est bien et ce qui est mal, Deschamps dit comment ça marche
Deux discours, donc, dont tout l’intérêt est qu’ils ne sont pas du tout sur le même plan. Guy Roux nous dit ce qui est bien et ce qui est mal, et Deschamps nous dit ce qui est. En de multiples occasions, j’ai ainsi constaté que le bien ne triomphait pas toujours, contrairement à ce que j’ai retenu de mon éducation judéo-chrétienne. Mais les faits étaient là, contre lesquels je ne pouvais rien, ou si peu.
L’éducation judéo-chrétienne, c’est Guy Roux, les faits c’est Deschamps. Alors peut-être que le bien finir par payer, à la longue, sauf que pour l’instant, Deschamps a déjà gagné 2 Coupes d’Europe, et Guy Roux aucune. Et que c’est pas demain la veille**.
A part ça, à Pascal Praud qui lui demandait ce qu’il pensait de l’aide de la vidéo pour l’arbitre, Zidane a répondu qu’il ne savait pas, et qu’il fallait voir***.
*Tout cela est strictement authentique, écrit sur le moment.
**On appréciera la qualité prémonitoire de ce jugement, émis je le répète en avril 1998.
***Retour vers le futur : lors de la finale de Coupe du Monde de 2006, Zidane sera expulsé suite à l’intervention du 4ème arbitre, assisté par la vidéo.

Retour en 2015
17 ans après qu’est ce qui a changé ? Les arbitres continuent à accorder des pénaltys plus facilement à la Juve qu’à Monaco. La Juve continue donc à éliminer Monaco et on continue à en conclure que la Juve est plus forte.
Entre temps Deschamps le pragmatique a tout gagné.
Et Guy Roux l’incorruptible continue à rêver de justice.
L’habituelle rengaine des franchouillards chauvins : si on perd, c’est à cause (au choix) de l’arbitre, de la malchance divine ou de tricherie adverse.
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Il ne vous viendrait même pas à l’idée d’apprendre les règles du football et d’essayer d’avoir un minimum d’expérience sportive pour savoir qu’un contact par derrière déstabilise et suffit à amener une faute, alors qu’un joueur qui essaye de passer entre 2 défenseurs là où il n’y a pas la place n’obtiendra jamais de pénalty.
Mais bon, continuez à faire ce que les supporters français font le mieux : crier au scandale sans jamais se remettre en question, on comprend pourquoi les clubs français ont un palmarès européen si fourni, digne d’un championnat de 3ème zone.
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Cher Overgame,
merci de votre commentaire.
Vous m’apportez la contradiction. Je l’accepte. Je souffre mais je l’accepte.
Ce que j’ai plus de mal à accepter c’est que vous apportiez la contradiction à Didier Deschamps. Il dit lui-même que les pénaltys (ceux de 98) n’y sont pas, et qu’il est plus facile d’obtenir un pénalty pour un attaquant de la Juve ou de l’Inter que pour celui d’Auxerre et de Monaco. Il confirme donc que c’est l’arbitre qui a éliminé Monaco face à la Juve.
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Il y aurait beaucoup à écrire sur les erreurs d’arbitrage qui bénéficient souvent davantage à des clubs comme la Juve, le Barça, Chelsea, … le football professionnel de haut niveau n’est pas qu’un sport, mais avant tout un business.
Mais force est de constater qu’on ressent toujours la même frustration quand un gros club élimine un plus petit avec une certaine complaisance de l’arbitre.
Overgame : la franchouillardise n’a rien à voir là-dedans. Lisez les journaux anglais, italiens, espagnols et allemands au lendemain de défaites de leurs équipes, quand l’arbitre est impliqué. Ecoutez ou lisez leurs supporters.
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