Chaque week-end les journalistes sportifs s’égosillent à nous en persuader, le championnat est relancé. La relance, voilà ce dont tout le monde rêve. Nos gouvernants nous l’ont promise et ils feignent de la voir arriver au moindre millième de point de croissance. Malheureusement ce faisant ils risquent d’être contredits par certains commentateurs, avant de l’être par les faits.
Pour le football c’est un peu plus simple, et quand un journaliste crie avec une joie fervente et puérile que le championnat est relancé il est rarement contredit. Difficile en effet de dire que non, le championnat n’est pas relancé parce qu’il est déjà joué, et que telle équipe va l’emporter. Nul ne risquerait un tel pronostic à plus de 10 journées de la fin.
Saut qu’en fait pour que le championnat soit effectivement « relancé », il faudrait qu’il ait été précédemment « arrêté », ou disons qu’il nous ait donné l’impression d’être déjà joué. Ce qui n’est nullement le cas. En réalité cela fait plusieurs journées que les équipe de tête restent groupées et font du sur place, à l’image des cyclistes sur piste refusant d’être les premiers à lancer le sprint.

En effet, dans certains épreuves de cyclisme sur piste il est préférable de rester calé dans la roue de son adversaire lors de « l’emballement final » pour le dépasser (« le sauter » dit-on) dans les derniers mètres. D’où ces fameuses séances de sur place pendant lesquelles chacun reste immobile, en équilibre instable, voulant forcer l’adversaire à lancer le sprint. Pareillement, les spécialistes du Tour de France racontent qu’il n’est pas idéal de porter le maillot jaune trop tôt et qu’il vaut mieux laisser la place de leader à une autre équipe.
Les trois clubs de Ligue 1 en lutte pour le titre, Paris, Lyon et Marseille, semblent avoir bien compris ces principes, et ils font tout pour ne pas faire la course en tête. Apparemment c’est avant la 24ème journée (6-7-8 février) que l’efficacité de cette tactique leur est apparue et ce n’est évidemment pas sans lien avec les Championnats du Monde de cyclisme sur piste qui se sont déroulés du 18 au 22 février à Saint-Quentin.

La 24ème journée a vu en effet les trois clubs n’obtenir qu’un match nul. Mais il est vrai que Lyon et le PSG jouaient l’un contre l’autre. Le phénomène est plus net pour la 25ème journée : Marseille a donné le ton en ne remportant qu’un match nul sur son terrain contre Reims. Flairant la ruse, et voulant éviter de jouer les lièvres pour l’OM, le PSG lui a emboité le pas avec un match nul, également à domicile, contre Caen. Connaissant la malice de Jean-Michel Aulas on ne sera pas surpris d’apprendre que les Lyonnais ont alors imité leurs concurrents en n’obtenant qu’un match nul sur la pelouse de Lorient.
Pour des raisons stratégiques Lyonnais et Parisiens ont remporté leur match de la journée suivante mais les Marseillais, toujours en avance d’un coup, ont concédé le match nul. Et ils ont fait encore plus fort à la journée suivante (vendredi dernier) en obtenant à domicile et contre Caen une défaite dont on conviendra tout de même qu’elle est étonnante. Les Lyonnais ont évidemment répliqué en prolongeant cette séance de sur place avec une défaite à Lille. Le PSG n’est pas allé aussi loin, en se contenant d’un match nul à Monaco, mais il reste tout de même derrière Lyon au classement.

En définitive, sur les 4 dernières journées, les trois équipes affichent en tout 2 victoires, 8 matchs nuls et 2 défaites. Voilà qui est très loin d’un rythme de champion. Mais ces résultats tout à fait lamentables ont la vertu de ne voir aucun de ces clubs se détacher des autres. Par conséquent, semaine après semaine, les bateleurs des plateaux télévisés peuvent nous annoncer l’étonnante nouvelle : le championnat est relancé ! En réalité il s’agit bel et bien d’une incontestable stagnation. Comme pour l’économie. Et dans les deux cas certains s’imaginent qu’à force de crier à la relance elle va effectivement se manifester et que les progrès vont apparaître. Franchement ils font un peu de peine.
Hello,
Perso, je trouve que cette saison 2014-2015 de Ligue 1 est plus compétitive que jamais. Que le meilleur gagne !
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