Le remède Qatari contre l’uniformité

L’uniformité, synonyme d’ennui, se répand dans le football. Nos chercheurs ont essayé de comprendre pourquoi, afin de lutter contre ce fléau.

La Ligue 1 n’excite plus grand monde depuis assez longtemps mais nous avons touché le fond lors de la 23ème journée avec des scores d’une grande pauvreté. Les 10 matchs de cette triste journée ne donnèrent lieu qu’à 3 scores différents : 4 victoires à domicile 1-0, trois 0-0 et trois 1-1. En tout 10 buts pour 10 matchs (soit approximativement 1 but par match).

Les amateurs de symétrie pourront en être ravis, mais force est de reconnaître que tout cela n’est pas enthousiasmant. Si tous les matchs se terminent sur le même score, c’en est fini de la fantaisie, de la joie et de la passion que doit nous procurer ce sport.

Même la CAN est touchée par l’uniformisation

Or cette dérive vers plus d’uniformité ne touche pas que notre Ligue 1. Elle frappe aussi ce football pourtant si imaginatif, si créatif, et qui nous a donné tant d’artistes : le football africain. Regardons en effet les scores du Groupe D de la CAN, qui réunissait la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Mali et la Guinée. Sur 6 matchs, 5 se sont terminés par 1-1. Seul match non nul, la Côte d’Ivoire a battu le Cameroun par 1 à 0. Nous étions donc à un but d’une égalité strictement parfaite, et disons le tout à fait grotesque aussi.

Nos chercheurs ont essayé de comprendre les raisons d’une telle aberration sportive, doublée d’une réelle anomalie statistique. Après de longs efforts ils ont fini par trouver une explication plausible. Elle serait liée aux drapeaux des pays concernés. Un simple regard suffit pour comprendre :

C'est pas pour critiquer mais tout cela manque un peu de fantaisie
On a beau aimer le vert, le jaune et le rouge, tout cela manque quand même un peu de fantaisie

On le voit, ces drapeaux sont très peu différents les uns des autres. Se pourrait-il que cette quasi uniformité se soit répercutée au niveau des scores ? Cette idée semble aussi stupide qu’une prétendue épidémie de poitrinophobie parmi les footballeurs.

Et pourtant elle se trouve corroborée, sinon confirmée, par une autre observation remarquable. Qui ne se souvient en effet du Groupe E de la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis ? Ce groupe était composé de l’Italie, de l’Irlande, du Mexique et de la Norvège, et déjà les drapeaux présentaient d’étranges ressemblances.

Réputés plutôt froids, les Norvégiens apportent ici une originalité bienvenue.
Réputés plutôt froids, les Norvégiens font preuve ici d’une originalité bienvenue

Même si la Norvège apportait un peu de diversité, le résultat de la poule fut à l’image de cette quasi-identité puisque les 4 équipes finirent à égalité avec chacune 4 points. Notons qu’on put tout de même les départager en usant de quelques artifices (nombre de buts marqués, confrontations directes …). Il n’en fut pas de même pour le Groupe D de la CAN, le Mali et la Guinée étant à égalité parfaite. Finissant la phase de poule dos à dos, à l’image de leurs drapeaux symétriques l’un de l’autre, ces deux équipes furent départagées par un tirage au sort. Peut-on tomber plus bas ?

Face à cette uniformisation rampante, il est temps de prendre des mesures radicales. C’est ce que propose le Qatar, une fois de plus à la pointe du progrès. Il se trouve que son drapeau ne ressemble à aucun autre, et de cela déjà nous pouvons lui être reconnaissants.

Une couleur chaude, un découpage audacieux, voilà qui nous change enfin des drapeaux tricolores.
Une couleur chaude, un découpage audacieux, voilà qui nous change enfin des trois bandes verticales.

Au-delà de cette heureuse singularité, le Qatar a proposé une innovation radicale lors du récent Championnat du Monde en remettant en cause la notion même d’équipe nationale. L’équipe du Qatar comptait en effet dans ses rangs des joueurs d’une dizaine de nationalités différentes (dont 1 Français, 1 Cubain, 2 Bosniaques, 3 Monténégrins …), 3 seulement des 17 sélectionnés étant authentiquement Qatariens.

La solution du Qatar : moins d’uniformité et plus de revenus. Que du bonheur, donc.

Une fois ainsi rompu le lien entre l’équipe nationale et le pays qu’elle représente, nous pourrons enfin oublier ces drapeaux, vestiges surannés d’un passé révolu pour adopter des emblèmes plus originaux, où pourra s’exprimer une plus grande créativité et où surtout le sponsoring aura enfin sa place. D’où une nouvelle source de revenus. Ce sera ensuite au tour des hymnes nationaux d’être supprimés. A la place pourront être diffusés des spots de publicité qui contribueront à financer l’organisation de la compétition et à rémunérer les supporters, nouvelle pratique inaugurée lors de ce Championnat du Monde décidément historique.

Notons que les efforts du Qatar pour révolutionner le concept poussiéreux de compétition internationale ont été rapidement couronnés de succès : il s’est hissé jusqu’en finale du Championnat du Monde, avec des scores pléthoriques, bien loin des résultats étriqués déplorés ci-dessus. En effet il n’a jamais marqué moins de 22 buts dans un match.

 

 

 

 

 

 

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