Le fair-play, un des bienfaits de la mondialisation

Cette Coupe du Monde est une réussite à bien des égards : beaucoup de buts, des résultats surprenants, ainsi qu’un assez bon niveau de fair play. Plusieurs de ces éléments sont liés aux bienfaits de la mondialisation, qui pour le football prend le nom d’Arrêt Bosman.

Prononcé par la Cour de Justice des Communautés Européennes en décembre 1995, cet arrêt a mis fin aux quotas d’étrangers dans les clubs de football (quotas qui limitaient à deux le nombre de joueurs étrangers dans la grande équipe de Verts par exemple). Depuis cette décision une équipe de club peut compter jusqu’à 11 joueurs étrangers sur le terrain (ce fut le cas à plusieurs reprises de clubs comme Chelsea, Arsenal ou plus récemment le PSG).

Deux étrangers dans la grande équipe des Verts : Piazza et Curkovic

 

Et là, combien d’étrangers ? (sans compter zorro)

Une fois les frontières tombées, les clubs les plus riches attirent les meilleurs joueurs

On peut regretter de voir les clubs les plus riches acheter les talents du monde entier au détriment des clubs les moins dotés, creusant ainsi un fossé infranchissable entre les championnats disposant de ressources financières importantes (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne) et les autres (Belgique, Slovaquie, Azerbaïdjan, France).

Mais cette ouverture des frontières a aussi des conséquences positives. Elle est sans doute pour beaucoup dans le plus grand fair play que l’on constate dans les rencontres internationales. Avant 1995, les joueurs de l’équipe nationale évoluaient dans les meilleurs clubs de leur pays. Les matchs France – Allemagne des années 70 ressemblaient aux confrontations entre Saint-Etienne et le Bayern, chacun de ces clubs formant l’ossature de son équipe nationale. Dans ces conditions les antagonismes se cumulaient, et donc s’envenimaient.

Adversaires en équipe nationale mais coéquipiers en clubs, les joueurs se respectent plus.

Aujourd’hui, à la fin de la saison, les joueurs d’un club comme le Real de Madrid ou Manchester City se répartissent dans différentes équipes nationales pour aller jouer la Coupe du Monde. Et les matchs internationaux opposent parfois des joueurs qui ont passé l’année dans le même club. Ils se connaissent et s’estiment, donc l’inévitable (et nécessaire) antagonisme sportif va rester limité. D’où des gestes qui font plaisir à voir: après une faute sifflée, le joueur sanctionné et sa victime échangent souvent une tape amicale. Si les joueurs de Ligue 1 voulaient bien s’en inspirer plutôt que de comporter comme des voyous, l’image des amateurs de foot en sortirait grandie. Merci d’avance.

Après Chili Espagne, Alexis Sanchez console son coéquipier Iniesta. Ca ne change pas grande chose au résultat mais ça fait quand même plaisir.

Cette mondialisation est aussi à l’origine des surprises que l’on a déjà constatées au cours de cette phase de poule. L’Espagne, l’Angleterre et l’Italie, trois grands d’Europe (et même du Monde) ont été éliminées. Il se trouve que ces trois pays sont aussi ceux qui accueillent dans leur championnat le plus grand nombre de joueurs étrangers. Il y a peut-être un lien. En effet, si l’on recherche les raisons qui peuvent expliquer la suprématie de certains pays sur un sport comme le football, on peut citer la culture, les infrastructures et la formation. Or le système de recrutement draine aujourd’hui vers ces championnats des joueurs de tous les pays. Ce ne sont donc plus seulement les joueurs anglais, italiens ou espagnols, mais des joueurs de toutes nationalités qui profitent des infrastructures modernes, qui sont portés par l’engouement de stades toujours pleins, et qui bénéficient des formateurs les plus performants.

Les championnats des grands pays de football s’enrichissent, au détriment de leurs équipes nationales

Les éléments qui participent à l’éclosion de grands footballeurs sont donc maintenant partagés entre un grand nombre de pays, d’où une réduction de l’écart de valeur entre ceux qui étaient les grands pays de football européens, et les pays africains ou américains, qui étaient moins considérés. Il faut s’attendre désormais à ne plus voir le Brésil, l’Italie ou l’Allemagne continuer à collectionner les étoiles sur leurs maillots. Des pays auxquels on ne s’attend pas ajouteront bientôt leur nom à la liste des Champions du Monde.

 

 

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