L’équipe qui tire la première dans l’épreuve des tirs au but a plus de 9 chances sur 10 de l’emporter. Tel est l’énoncé de l’Axiome de Benlosam, à qui le Brésil doit sa qualification contre le Chili.
Les statistiques établies sur les dernières Coupes du Monde sont incontestables : elles valident l’axiome de Benlosam. Lors de la CM 2010 deux rencontres se sont terminées aux tirs aux buts, à chaque fois l’équipe qui tirait en premier a gagné. Pareillement en 2006 pour les quatre matchs concernés, et en finale l’Italie a battu la France et est devenue championne du monde parce qu’elle a tiré en premier (alors qu’en 1998, la France éliminait l’Italie en tirant en premier).

En définitive, lors des quatre derniers mondiaux, sur les onze matchs disputés aux tirs aux buts, dix se sont soldés par la victoire de l’équipe tirant en premier (la seule exception est le peu fameux Espagne-Irlande du 16 juin 2002). Je n’entre pas dans les détails mais un calcul statistique complexe établit à 91%, pour cet échantillon, le pourcentage de victoires, parmi les équipes qui tirent en premier. Le match Brésil-Chili devrait faire passer ce ratio à 92%.
On retrouve le même biais (un peu moins marqué) pour les finales de Champions League. Nous pouvons donc affirmer qu’en 1991 Marseille a perdu contre l’Etoile Rouge de Belgrade non pas parce que Tapie avait oublié de payer l’arbitre et les joueurs adverses, comme on le pensait jusque là, mais parce que Marseille tirait les pénaltys en second, et à cause de l’Axiome de Benlosam.

Et finalement on peut dire que le Brésil a gagné son match contre le Chili lorsque Howard Webb (excellent par ailleurs) a tiré à pile ou face pour choisir qui tirerait en premier.
Le constat énoncé par l’Axiome de Benlosam s’explique assez simplement. Dans la mesure où l’on réussit plus souvent un pénalty qu’on ne le rate, le fait de commencer à tirer donne un avantage important, puisque l’autre équipe subit une énorme pression négative : elle doit marquer pour rester dans le match. Elle finit donc par perdre, et les spécialistes développent alors leurs commentaires autour de cet apophtegme : « c’est l’football ». Un consensus universel et immédiat sous-titre les images de ces tireurs de pénalty en second qui pleurent : « c’est l’football ».
Le tennis a résolu le problème depuis longtemps : au tie break, le premier joueur sert une fois, puis chaque joueur sert deux fois, de sorte que chaque joueur a un service d’avance à tour de rôle. Cela supprime l’inconvénient d’avoir un joueur avantagé avec toujours un service d’avance. Et le vainqueur doit bien entendu avoir au moins deux points d’écart pour gagner à partir de sept points, puisqu’avec un seul point, on aurait un joueur ayant servi une fois de plus.

Quitte à s’inspirer d’un sport où les joueurs s’acharnent à ne pas faire trembler les filets, Panthéon Foot propose donc solennellement la mise en place d’un tie break au football.
La première équipe tire un pénalty, puis chaque équipe tire deux pénaltys. La première équipe ayant marqué au moins 4 fois avec deux buts d’écart a gagné.
Cette solution peut se mettre en place très rapidement et avec un coût extrêmement réduit : un groupe d’experts réuni sous la présidence de la Ministre des sports, Najat Vallaud-Belkacem, évalue le temps de mise en place à moins d’une seconde, et son coût à un montant proche de rien du tout.

Ce tie break supprimerait l’aléa lié au tirage au sort, et redonnerait un vrai sens à la victoire : l’équipe victorieuse serait simplement la plus habile dans l’exercice des pénaltys, ou celle qui a payé l’arbitre le plus cher. L’expression « c’est l’football » retrouverait ses lettres de noblesses.
Note sur le tennis :
Notons que même au tennis, l’avantage de celui qui sert en premier existe de 4-4 à 6-6 dans les quatre premiers sets, et tout le temps dans le cinquième set de Roland Garros ou Wimbledon, où le tie break est interdit. Sur herbe, le service est un avantage encore plus important : cet avantage est donc énorme à Wimbledon, où l’on voit rarement gagner le serveur en second du cinquième set. Federer servait en premier lorsqu’il a battu Roddick 16 jeux à 14, au cinquième set, dans la finale de 2009. Et en 2010, dans le match le plus extraordinaire de l’histoire du tennis, Nicolas Mahut, qui servait en second, a fini par perdre contre Isner 70 jeux à 68. Il a donc servi 65 fois de suite pour rester dans le match, chaque balle de break était une balle de match, ce qui n’était pas le cas de son adversaire, pour finalement s’incliner seulement la 65ème fois, ce qui est monstrueux, héroïque, inhumain, exceptionnel . Mais il a quand même perdu. « C’est l’football » pourrait-on dire. Sauf que justement non, puisque c’est du tennis
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