La victoire écrasante du Real face au Bayern semble marquer une rupture. C’est le contraire qui est vrai : il s’agit en réalité de la confirmation du déclin d’une tactique.
Les faits parlent d’eux-même.
Demi-finales de la Champions League 2013 : le Bayern écrase un Barcelone qui paraissait alors invincible : 7-0 sur l’ensemble des deux matchs. L’entraîneur du Barça était alors le regretté Tito Vilanova, mais l’équipe et le jeu qu’elle produisait étaient bien ceux de Guardiola, qui avait quitté son poste un an plus tôt, et dont Tito était un fidèle disciple.
Peu après cette victoire que font les dirigeants du Bayern ? Ils embauchent Guardiola.
Résultat, un an plus tard, au même stade des demi-finales, le Bayern à son tour se fait écraser 5-0 sur l’ensemble des deux matchs par le Real de Madrid.
Conclusion : ils n’ont que ce qu’ils méritent. Il ne viendrait à l’idée de personne de recruter l’entraîneur d’une équipe que l’on vient de ridiculiser. C’est pourtant ce qu’ont fait les dirigeants Bavarois, sans doute après quelques bières de trop.

En recrutant Guardiola les dirigeants du Bayern n’embauchaient pas un entraineur anodin qui allait prolonger l’œuvre de Jupp Heynckes. Il était évident qu’il allait transformer le jeu des Bavarois. C’est sans surprise qu’il a imposé au Bayern la tactique qu’il avait développée au Barça, et qui est connue des aficionados sous le nom de tactique touk-touk-touk. Elle consiste à conserver le ballon pendant les deux tiers du match, et à s’en servir pour faire des passes latérales devant les 18 mètres, à la façon des joueurs de hand-ball qui tournent autour de la zone adverse. Ma charmante épouse ne regarde que 15 minutes de foot par an, mais il ne lui a fallu que 30 secondes, lors du match aller Arsenal-Bayern pour décréter que le jeu des bavarois était insipide jusqu’au soporifique (ce ne furent pas ses mots). Reconnaissons lui un jugement très sûr.

Guardiola a conquis l’Europe sur cette base, et nous avons aimé son Barça, mais le déclin de ce concept est net depuis maintenant trois ans. Certes la saison du Bayern reste de très haut niveau, avec une victoire écrasante en Championnat d’Allemagne, et tout de même une demi-finale de Champions League. Mais cette équipe ne règne plus sur l’Europe comme elle le faisait l’année dernière. De même que les saisons 2012 et 2013 du Barça avaient été excellentes, mais en retrait par rapport aux précédentes.
Le Bayern a donc fait venir chez lui une étoile dont il venait lui-même de souligner le déclin. Erreur stratégique tout à fait étonnante pour un club dont on cite en exemple les structures et l’organisation.