Le tournoi des VI nations nous a réservé beaucoup de surprises.
Concernant la France évidemment : après une série de belles victoires à l’automne, certains nous donnaient favoris, nous finissons derniers. A l’opposé, le Pays de Galles restait sur une impressionnante série de 8 défaites, et ils finissent brillants premiers.
Pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, nous avons sollicité l’équipe des chercheurs de la Harvard Review for Scientific Football. Nous les avons déjà vus à l’œuvre s’agissant des compétitions internationales de football, et leurs découvertes avaient marqué les esprits lors de l’Euro 2012. Leurs travaux avaient en effet abouti à ces avancées majeures que représentent l’axiome de Fitoussi et le Théorème de Lévy.
Nous n’avons pas été déçus de leurs travaux sur le rugby. Ils nous ont en effet présenté une découverte stupéfiante, et statistiquement indiscutable. Sur les 15 matchs du tournoi, 6 ont vu la victoire changer de camp au cours de la deuxième mi-temps (c’est à dire que celui qui menait à la pause a finalement perdu). Sur ces 6 matchs, 5 (soit 83%) concernent l’équipe de France. 5 matchs, c’est l’ensemble de nos matchs. Autrement dit pour tous les matchs de la France le résultat final aurait été différent si l’on s’était arrêté à la mi-temps alors que ce n’est le cas que pour un seul des matchs ne concernant pas la France.
Toutes nos défaites n’auraient pas été remplacées par des victoires (et inversement) à cause des cas d’égalité, mais voici ce qu’aurait été notre parcours en ne prenant en compte que la première mi-temps :
Deux victoires, contre l’Italie et l’Angleterre (au lieu de deux défaites).
Un match nul contre le Pays de Galles (au lieu d’une défaite).
Deux défaites contre l’Irlande et l’Ecosse (au lieu d’un match nul et d’une victoire).
Tous nos matchs sont concernés alors que sur les 10 matchs du tournoi n’impliquant pas l’équipe de France, une telle inversion n’a eu lieu qu’une seule fois. 100% des nôtres contre 10% des autres, voilà qui est lourdement significatif.
Un constat aussi frappant appelle évidemment la mise en place d’une stratégie pour en tirer profit. Nous en avons débattu entre scientifiques, notre premier réflexe étant évidemment de conseiller à l’équipe de France de laisser filer la première mi-temps. En étant menés à la pause, ils seraient assurés de remporter la victoire finale. Malheureusement nos adversaires étant avertis de cette statistique chercheraient eux aussi à perdre la première mi-temps, et nous risquerions d’assister à des débuts de match étonnants. Le problème est qu’il n’est pas possible au rugby de marquer des points contre son camp (alors qu’on peut le faire sans problème au football par exemple). Au-delà du spectacle grotesque qui en résulterait, nous sortirions évidemment du cadre des matchs sur lesquels la statistique a été observée, elle ne s’appliquerait donc pas à ces simulacres de confrontation. La stratégie serait donc inopérante.
Une autre stratégie peut toutefois être proposée. Elle ne permet pas de favoriser la victoire de l’équipe de France, elle a un but simplement lucratif. Elle consiste à parier lourdement à la pause sur la victoire de l’équipe menée au score. Sa cote serait naturellement assez élevée, ses chances de victoire paraissant faibles. Le pari, qui serait gagnant avec certitude, serait donc d’un bon rapport. On peut regretter que nos scientifiques utilisent leurs découvertes dans le seul but de s’enrichir, mais il faut bien que tout le monde vive.
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