In Arsène we trust !
Arsenal a perdu trois fois de suite en championnat aux Emirates face à Chelsea
Arsenal a perdu ce week end à domicile 2-1 contre Chelsea. Triste week end pour Panthéon Foot, qui soutient fidèlement les gunners.
Arsenal, avec déjà 7 points de retard sur le leader Chelsea, est passé derrière ses autres rivaux principaux, United, City, Tottenham.
Pourtant le début de saison d’Arsenal est moins catastrophique que l’an dernier. A la même époque en 2011, Arsenal flirtait avec la relégation, la presse anglaise titrait sur la fin d’Arsenal, expliquait qu’Arsène Wenger avait perdu sa magie, que la qualification en champion’s league n’était plus envisageable. C’était la crise. Et puis Arsenal est revenu, au cours de l’hiver, et, à la surprise générale, a fini 3ème, se qualifiant pour la champion’s league pour la 16ème fois de suite, et toujours sous la direction d’Arsène Wenger. Une performance impressionnante, même si Arsenal n’a plus décroché de titre depuis 2005.
Alors cette année, malgré un début de saison mitigé, malgré cette défaite contre Chelsea, malgré un match moyen, avec deux buts encaissés sur coups de pieds arrêtés, les critiques contre Wenger sont plus discrètes, Arsène a rebondi si souvent.
Mais les blessures s’accumulent (Diaby, Rosicky, Wilshere, Sagna…), un ou deux autres mauvais résultats réactiveraient la crise de confiance.
Alors Arsène a-t-il perdu sa magie ?
Au contraire, Arsène n’a jamais été aussi fort.
Depuis quelques années, Arsène vend ses meilleurs joueurs et les remplace par de moins bons.
On raconte que c’est parce qu’il a des principes.
Par principe, il ne renouvelle pas pour plus d’un an les joueurs trentenaires, se privant ainsi souvent de plusieurs années de haut niveau. Si Chelsea avait vendu Drogba à 30 ans, les blues ne seraient pas champions d’Europe. Sans parler de Manchester United avec Scholes et Giggs. Henry est parti en 2007, et on sait qu’il a joué à très haut niveau jusqu’à janvier 2010 (date à laquelle il a été remplacé par un sosie sans vitesse, ni technique). Pirès ou Gilberto Silva avaient aussi plusieurs années de bonnes jambes devant eux lorsqu’ils sont partis.
Autre principe, Arsène est respectueux de ses actionnaires, il veut un club bénéficiaire, il tient compte des contraintes économiques, des remboursements d’emprunt sur la construction de l’Emirates. Il ne dispose pas de la poche sans fond d’un émir qatari ou d’un Abramovich. On dit même qu’il prendrait au sérieux la proposition de « fair play financier » de Michel Platini. Il serait bien le seul.
Panthéon Foot peut révéler que ces principes ne sont que des prétextes. Ce n’est pas pour cela qu’Arsène vend ses meilleurs joueurs pour en acheter de (beaucoup) moins bons.
C’est parce qu’il manque de confiance.
Arsène n’a pas confiance en lui : il veut donc prouver qu’il est le meilleur
Arsène est atteint de ce que l’on appelle le complexe de l’imposteur. C’est la sensation que l’on ne mérite pas ce que l’on a, que l’on doit toujours prouver. Seuls les gens honnêtes et compétents sont victimes de ce complexe. Les vrais imposteurs, eux, ne doutent pas. Ce complexe se manifeste par des rêves récurrents : on rêve que l’on repasse le bac, ou des examens. Arsène rêve toutes les semaines qu’il repasse ses diplômes d’entraîneur.
Les gens qui souffrent du complexe de l’imposteur se croient obligés de prouver qu’ils sont compétents toute leur vie. Alors Arsène veut prouver au monde qu’il est un bon entraîneur, qu’il mérite sa réputation.
Comment prouver que l’on est un des meilleurs entraîneurs du monde ? Certainement pas en entraînant Xavi, Iniesta et Messi. Ni même Oscar, Mata et Eden. Même Mylène Farmer, coach, aurait d’excellents résultats avec de tels groupes de joueurs.

Mais essayez donc de vous qualifier pour la champion’s league avec Jenkinson, Ramsey, Djourou, Frimpong, ou Arshavin, auteur de trois bonnes minutes en trois ans ! Vous n’avez aucune chance. Seul un entraîneur de génie, un technicien et un meneur d’hommes exceptionnel peut y arriver.
Arsène l’a très bien compris. C’est pourquoi, année après année, il se met des boulets au pied, des boulets de plus en plus gros.
Car enfin, regardons les faits.
Quand il faut remplacer Henry : Chamackh et Bendtner. Fabregas et Nasri, très importants pour l’équipe, individuellement et collectivement : partis. Quand Arsenal recrute à Lille, Gervinho est choisi, pas Hazard.
L’an dernier, Arsène a souffert du fait que Van Persie a été trop brillant (35 buts en 36 matchs de premier league). Il a donc voulu montrer qu’il pouvait y arriver sans lui, l’a vendu à Manchester United, et l’a remplacé par Giroud. De même, Arsène avait transformé Song, qui, au départ, était un joueur moyen, en un des meilleurs milieux défensifs européens. Il l’a donc cédé à Barcelone. En conséquence, et cela devrait le ravir, il n’a plus de milieu défensif disponible cette semaine pour la league des champions.
Pour donner le change et pour donner satisfaction à son board, Arsène est quand même obligé de recruter tous les ans. Cette année, par exemple, Cazorla. Celui-ci, malgré un physique qui correspond au football moderne espagnol –il mesure 1m05 pour 28 kilos-, est à Fabregas ce que Vercruysse et Ferreri ont été à Platini (ou Gourcuff à Zidane pour les plus jeunes).
La méthode Arsène : le cas Jenkinson
Arrivé de cinquième ou quatrième division l’an dernier à Arsenal, personne ne sait vraiment, Jenkinson est alors un footballeur qui a encore moins de technique que le sosie de Thierry Henry ou Brandao. Aucun club européen jusqu’à la troisième division n’en veut, même comme remplaçant des remplaçants.
Sagna est blessé, et Arsène le lance dans le grand bain en août 2011, lors du barrage de la league des champions contre Udinese. Autrement dit le match le plus important de l’année pour Arsenal ! Comme prévu, Jenkinson est catastrophique. Il joue par la suite des matchs de championnat. Arsenal perd 8-2 contre Manchester United, qui se régale sur le côté droit des gunners. Défaite historique à cause de Jenkinson. Ferguson se moque, plus rougeaud que jamais. Aux Emirates, chaque fois que Jenkinson touche la balle, les supporters retiennent leur souffle. Dès qu’il réussit un simple contrôle de débutant et passe en retrait au gardien, tout le stade pousse un soupir de soulagement. Personne ne le siffle, il fait trop de peine. On compatit, on s’identifie à lui ; c’est facile, il a la même technique que le supporter moyen, qui s’imagine lâché au milieu des professionnels, comme dans un rêve, ou plutôt un cauchemar. Arsenal perd au moins 6 points sur des pertes de balle de Jenkinson invraisemblables. Mais Arsène assure Jenkinson de sa confiance.
Cette année, Sagna blessé à nouveau, Jenkinson est titulaire face à Chelsea. Les supporters prient, allument des cierges, mais Jenkinson est beaucoup moins mauvais que prévu. Il réussit les contrôles faciles, est capable d’effectuer une passe latérale à 5 mètres. Bien sur, il ne sait toujours pas centrer, ni défendre, il ne faut quand même pas exagérer. Mais, il a beaucoup progressé. A ce rythme de progression, Jenkinson sera un joueur quelconque, mais normal, dans un an.

Nous aimons Arsène Wenger
Avouons-le, c’est pour cela que nous aimons notre Arsène. Enfin un vrai coach qui ajoute de la valeur, comme disent les consultants. Quelqu’un qui transforme un nul en joueur moyen, un joueur moyen en joueur de classe internationale.
Et surtout, quelqu’un qui démontre que, vraiment, la star c’est l’équipe. Ce ne sont pas des mots : avec Arsène, la valeur de l’équipe est supérieure à la somme des individualités. Sans Arsène, ce groupe de joueurs aurait perdu 10-0 samedi contre Chelsea, mais aussi la semaine précédente, contre Manchester City. Avec Arsène, ils ont dominé City (score final 1-1) et ont perdu de justesse contre Chelsea.
Arsène a réussi son coup : le groupe de joueurs de l’an dernier était mauvais, mais celui de cette année est vraiment très mauvais. Faisons-lui confiance pour en tirer le maximum.
In Arsène we trust : le groupe sera encore plus faible l’an prochain. Arsène saura vendre les joueurs qui se révéleront cette saison et les remplacer par de plus mauvais.
Come on Arsenal !