Les réactions au post précédent de Benlosam sont édifiantes. De nombreux lecteurs n’ont pas vu le côté humoristique pourtant évident, et ils ont réagi de manière assez violente. Leur réaction est à la fois épidermique et viscérale, parfois hystérique, bref, ils sont dans la passion. Certains perdent toute forme d’humour quand on aborde des sujets qui leur tiennent trop à cœur, qui les touchent trop profondément, c’est le cas ici. Et en effet c’est une vraie histoire d’amour que les supporters des bleus ont vécue avec Zidane. Mais les histoires d’amour finissent mal (en général).
Pour ce qui me concerne, je sais très bien quand cette histoire a commencé : le soir de Bordeaux – Milan (19/03/96). Battus 2-0 à l’aller, les Girondins gagnent 3-0 et éliminent le grand Milan AC, celui de Fabio Capello avec Desailly, Baggio et Baresi. C’est la première fois que j’ai vu Zidane faire ses pirouettes, et en particulier sa fameuse roulette.
Zizou : sa prestation dans France-Brésil de 2006 n’est en fait qu’un remake de Bordeaux-Milan de 1996
Certes j’avais déjà vu Zizou à l’œuvre, comme on croise parfois une fille, dans la rue ou dans des soirées, avant qu’elle ne vous apparaisse comme une évidence. Oui j’avais remarqué son but fantastique contre Séville au tour précédent, sans oublier ses deux buts lors de sa première sélection avec les bleus (17/08/94). Mais le déclencheur a bien été ce match contre Milan.
Et en plus il est du gauche
L’histoire d’amour s’est ensuite déroulée comme dans une comédie romantique américaine, et les scénaristes n’ont pas lésiné sur les effets faciles. Avec tout d’abord le rival en Equipe de France, Youri Djorkaeff. Longtemps les spécialistes les ont opposés, et une certaine inconstance de Zizou plaidait parfois en faveur du Snake. On se souvient du France Pologne du 16/08/95, qui se termine sur le score de 1 à 1, avec le but des Polonais qui fait suite à une perte de balle de Zidane, alors que c’est Djorkaeff qui égalise. Ce soir là, la cote de Zizou en avait pris un petit coup et l’avenir de notre histoire devenait incertain. Mais comme dans toutes les comédies de ce genre, les deux ennemis talentueux vont finir par unir leurs efforts, sous la direction du vieux sage au bon sens paysan. On a reconnu Aimé Jacquet, qui incarne à la perfection ce rôle obligé dans ces films faciles qui partagent tous le même scénario. Il va les réconcilier, les faire jouer ensemble, et les mener vers les sommets.
Les débuts sont indécis, avec l’Euro 1996. On ne sait pas s’il est un échec ou une réussite, et les commentateurs hésitent sur Zidane, qui pour certains a raté son Euro. Puis le doute s’installe, et Aimé Jacquet est abondamment sifflé par le public lors de l’inauguration du Stade de France, le 28/01/1998. Mais ce jour là la France l’emporte sur l’Espagne, par un but de Zidane qui reprend un tir de Djorkaeff repoussé par le gardien. Encore un effet facile que cette préfiguration de la réussite de Zizou, avec la participation active de son ancien rival, devenu un allié précieux.
La suite est connue, les victoires s’enchaînent, et dans ce genre de film les scènes sont parfois passées en accéléré. L’amour est sans faille, l’idylle sans nuage, et la réussite est totale. C’est la Coupe du Monde 1998, l’Euro 2000, et les victoires qui s’accumulent au Stade de France, généralement sur le score de 5 à 0. Même ma femme regarde les matchs de Zidane, rien que pour lui. Ca veut tout dire.
On s’en doute, le film ne finit pas ainsi, il faut la traditionnelle période de doute et la séparation avant la réconciliation finale. C’est donc la blessure pour la Coupe du Monde 2002 en Corée et au Japon, un parcours catastrophique, puis l’Euro 2004 au Portugal, très moyen, et enfin la rupture. Zidane nous quitte (en fait il quitte l’Equipe de France). Mais là il faut reconnaître une petite maladresse dans le scénario. Normalement, quand le héros s’éclipse, on nous propose un remplaçant plausible. Rien de tel ici, et après le départ de Zidane, l’Equipe de France plonge dans le grotesque, sous la direction d’un Raymond Domenech aussi pathétique que ceux qui l’ont nommé à ce poste et qui l’y maintiendront contre toute raison.
Puis, autre figure de style obligée, c’est évidemment le grand retour, avec ce match en Irlande (07/09/2005), gagné grâce à un but de Thierry Henry, nouvelle incarnation du rival qui va devenir allié.
Ce but est peut-être le sommet de la carrière de Thierry Henry
Et arrive donc la Coupe du Monde 2006, ultime compétition de notre héros. Dans un film correctement écrit, la suite ce serait encore le doute (les phases de poule), puis le réveil (la victoire contre l’Espagne), le moment mythique (la magie contre le Brésil), et la dernière marche (le Portugal en demie finale) avant l’apothéose contre l’Italie et une deuxième étoile sur notre maillot.
Mais là, après un début réussi, parfaitement conforme au scénario, tout dérape, et le film s’embrouille avec ce coup de boule. Fin de l’histoire d’amour. Ce geste m’a complètement déboussolé. Je suis comme un amoureux déçu, trompé. Et comme souvent dans les histoires de passion, il est tentant dans ce moment douloureux de repeindre le passé à l’image du présent. Et l’on repense à ces moments où Zidane a perdu le contrôle, son coup de poing sur Desailly lors d’un Bordeaux – Marseille (18/09/93), son carton rouge contre l’Arabie Saoudite à la Coupe du Monde 1998 (un match à l’enjeu pourtant limité), et déjà son Coup de Boule sous le maillot de la Juve contre Hambourg (24/10/2000).
Cette vidéo ne montre que le côté obscur de Zizou. C’est ainsi que l’ont vu ceux qui se sont sentis trahis par son geste.
Incontestablement ce coup de boule sur Materazzi est l’un des gestes les plus stupides jamais commis sur un terrain de foot. Certes on a vu des actes encore plus bêtes, et surtout plus violents. Mais aucun n’a une telle dimension sportive : il fait perdre la finale de la Coupe du Monde. De ce point de vue, Zizou détient un record absolu, que nous ne souhaitons pas voir battu un jour.
On le sait il n’y a pas loin de l’amour à la haine, et les amoureux déçus franchissent parfois le pas. Six ans après nous n’en sommes plus là, et la raison peut prendre le dessus, mais clairement Zidane nous a trahis. Certains de ses coéquipiers en sont persuadés : sans cette expulsion nous aurions gagné la Coupe du Monde.
Est-ce dans ce moment que se révèle la nature du héros ? Sans doute pas car sa personnalité ne se résume pas à ce geste, mais oui, c’est bien une facette de sa personnalité qui s’exprime ici. Et comme dans toute histoire d’amour qui se termine, on a du mal à accepter d’avoir été amoureux de quelqu’un capable de ça. Faut-il pour autant brûler ce que nous avons adoré ? Non. Il faut accepter la complexité et les multiples facettes de chacun, et savoir avec Jacques Brel qu’on peut être beau, beau, beau et con à la fois.
Les histoires d’amour finissent mal (en général).
Cher MAL, j’ai beaucoup aimé cet article, j’en ai eu les larmes aux yeux : j’adore les beaux films romantiques !
Une remarque toutefois : tu fais preuve de manque de rigueur scientifique quand tu écris à propos du fameux coup de tête : « …conséquence sportive aussi grave : perdre la finale de la Coupe du Monde. »
Or c’est bien évidemment faux. Nous n’avons pas perdu la coupe du monde à cause de ce coup de tête. Nous n’avons aucune idée de ce qui se serait passé sans ce coup de tête. Peut-être les italiens auraient-ils marqué un second but ? C’est peu probable, ils étaient lessivés, mais on ne sait jamais. Peut-être Zizou aurait-il raté son tir au but ? Souvenons-nous que Zico, Socratès, Platini, Maradona, ont tous raté un pénalty ou un tir au but en coupe du monde. Après sa Panenka en cours de match, Zizou aurait pu, peut-être, lui-aussi, rater. On ne sait pas, c’est le problème de la vie humaine, on ne peut pas refaire l’expérience.
Je suis étonné que ta rigueur légendaire soit ici prise en défaut : cela montre une fois de plus à quel point la passion amoureuse nous éloigne de toute rationalité. Rien n’est plus dangereux que l’amour. J’en sais quelque chose, moi qui aime passionnément plusieurs footballeurs à la fois, Michel Platini, Thierry Henry, Zizou, mais aussi Dominique Rocheteau, Claude Papi, Safet Susic et tant d’autres…..
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Ah quelqu un qui aime Claude papi ne peut être mauvais
Je comprends cet article mais on peut voir la fin autrement
Je me souviens de la « libération » paradoxale que ce geste m à procure , en quelques secondes j ai revu cette organisation parfaite , ses horaires décales pour la télé, ce fric, ce merchandising. Cette appripriation par le commerce. Ce rôle de consolateur qu on attribuait au foot et à zizou en particulier
Lourd, grotesque, mensonger
Et oui j ai remercie zizou pour son geste brutal comme ceux d un jeu de rue. La belle et la bête dans un seul homme . Humain trop humain ….normal dans une explosion obscene de convenances et d hypocrisies
C est pourquoi , même si j adore d autres joueurs , en éternel adolescent transi et heureux de l être , zizou restera à part , comme un seigneur des aures ou un prince de rue , révélateur de nos mensonges et de nos compromissions
Ça n en fait pas un génie , terme tellement galvaudé . Mais un symbole , oh très bref ,et inconscient de la liberté et de la dignité retrouvée , et que ce soit un fils de l immigration
Qui nous l ai rendu m à touche particulièrement
Il faut aimer le foot pour disserter sur ses symboles , mais après tout c est notre droit
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Je rejoins Benlosam sur ton manque de rigueur scientifique. La France n’a pas perdu la Coupe du Monde parce que Zizou a mis un coup de boule à Materazzi. La France a perdu la Coupe du Monde parce que Zizou a mis un coupe de boule à Materazzi DANS LE TORSE. Zidane aurait dû le lui mettre dans la tête.
En effet, il aurait ainsi cassé le nez de Materazzi. Celui-ci aurait alors dû sortir et les Italiens, ayant épuisé leur stock de 3 remplaçants, se retrouvaient à 10 contre 10. À 10 contre 10 et un défenseur en moins. Vu leur état physique, Trezeguet aurait planté un but à coup sûr et serait devenu héros national, et n’aurait pas fini sa carrière à Alicante et River Plate B mais bien consultant sur Téléfoot. Et si toutefois, par le plus grand hasard, la finale s’était prolongée jusqu’aux penalties, Materazzi n’aurait pas été là pour tirer son tir au but victorieux.
Voilà pourquoi la France n’a pas 2 étoiles sur son maillot: parce que Zidane a mis son coup de boule DANS LE TORSE de Materazzi. On retrouve d’ailleurs là la thèorie de Benlosam développée dans son article précédent (Prix Pullitzer du Journalisme Amateur 2012): Zidane n’a pas de jeu de tête (il n’a même pas su viser le nez de Materazzi) et n’a donc inscrit ses 2 buts en 1998 seulement parce qu’il s’est égaré au premier poteau.
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Ok, ok. Alors si on veut de la rigueur scientifique, il est impossible de donner une raison pour laquelle on a perdu ce match, on ne peut que citer des éléments qui ont réduit sensiblement nos chances de le gagner. Au nombre de ces éléments, l’arrêt de Buffon sur la tête de Zidane, le tir au but raté de Trézéguet, et chacun des tirs au but réussis des italiens. Si chacun de ces événements s’était déroulé autrement (Buffon encaisse le but, Trézéguet réussit son tir …) on aurait eu plus de chances de gagner, mais nul ne peut dire que nous aurions gagné effectivement.
Et donc j’ajoute au nombre de ces éléments le coup de boule de Zidane. Sans ce coup de boule, nos chances de gagner auraient été nettement plus grandes. Et je rejoins totalement Matt sur le fait que si cette andouille de Zizou avait mieux ajusté son coup de tête et cassé le nez de Materazzi, on aurait aussi eu plus de chances de gagner, c’est absolument certain. Et grâce à cette remarque tout à fait pertinente nous pouvons compléter la critique adressée à Zizou : on peut lui reprocher d’une part d’avoir mis un coup de boule, d’autre part de l’avoir raté. Il a clairement eu tout faux sur ce coup, désolé d’avoir à le souligner.
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Matt, ton analyse m’a totalement boulversee. Depuis 6 ans, je me lamente chaque jour en pensant que si Zizou n’avait pas commis son geste fatidique nous aurions gagne a nouveau. Grace a toi, je viens de realiser que j’ai ete injuste en tenant Zizou pour responsable de mon tourment quotidien. En fait, comme tu l’as tres bien decripte, sachant utilise a bon escient le theoreme de Benlosam, la faute en incombe integralement a Domenech. En effet, ce dernier contrairement a Aime en 1998, qui avait su indique a Zizou de trainer du cote du 2eme poteau sur les corners, a omis de souffler a Zizou de placer son coup de boule la ou il aurait permis de faire basculer le match. Tu l’as fort bien devoile (n’aurais tu pas ete un disciple de Bensolam dans ta quete de rigueur scientifique mele a une pratique intensive du ballon rond notamment par une lecture assidue d’eurosport.fr – petite variante ceci dit avec Benlosam qui a une preference marquee pour l’equipe dans la lecture duquelle il est tombe tout petit). Grace a toi et avec l’assistance de Benlosam sans lequel rien de grand ne peut intervenir dans la comprehension du football, il est clairement etabli que Domenech est bien l’unique responsable de la non victoire face aux Italiens. C’est un soulagement immense, et je vais pouvoir continuer a idolatrer Michel Platini, en sachant qu’il n’est en rien responsable de l’absence de cette deuxieme etoile, qui fait cruellement defaut sur mon T-Shirt. J’arbore celui-ci bien fierement tous les dimanches en memoire de Seville et m’imagine, terrassant Benlosam sur son terrain de jeu favori, la terre battue, en finale de Roland Garros avant de me precipiter dans les bras mon fils par une sorte de transfert que d’aucun appelle la magie du sport…
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Il n’est pas scientifique, ce manque de rigueur, il est footballistique 😉
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Tout à fait d’accord avec Lilo. Si on s’impose trop de rigueur scientifique, on ne peut plus dire grand chose ou alors il faut entourer chacun de ses propos d’un apparat circonstancié qui va alourdir singulièrement la rédaction. Sachons donc transiger un peu avec la rigueur scientifique, sans abandonner évidemment le sérieux et l’objectivité qui sont la marque de fabrique de Pantheon-Foot et qui font sa réputation.
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Je pense que l’on doit à la fois s’imposer du sérieux, de l’objectivité, cela va sans dire, ET de la rigueur scientifique. Je te rappelle d’ailleurs, cher MAL, que nous avons un plan de recrutement de 20 chercheurs avant la fin de l’année, pour doubler la taille de notre centre de recherche. Continuons dans cette voie. Et toujours avec sérieux. Bien à toi.
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Quand je vois les joueurs d aujourd hui,un france japon aussi pourri,si on me donne un zizou qui m ai un coup de tete pour son honneur,mais qui se bat par honneur sur le terrain quand les critiques se sont abbatu sur lui,alors la je les prends ses.joueurs,qui par fierte refuse de se faire marche dessus
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Franchement pas mal le début de l’article, mais pour la fin je ne suis pas d’accord,pour commencer on ne peut pas cracher dans la soupe, sa réaction et humaine,Zidane reste un humain sous la provocation n’importe quel personne peut tomber dans le piège cela dépends ou l’on vise,ensuite ZIdane nous as tellement fait rêver qu’on ne peut pas se permettre de dire que sa c’est transformé en désamour,moi peso j’écrirai plutôt un article pour dire que Zidane me manque,il as toujours eu ce côté timide respectueux,malgré son coup de boule quand je vois les nouvelles générations,et peu importe l’origine,car c’est la société qui nous créer ce genre d’enfant pourri gâté,je regrette ce que dégagé Zidane,car tout les footballeur vous le diront,malgré son coup de tête on as l’image d’un homme sage et d’exemplarité,pour une génération doré par la gloire la publicité et montrer ses trophées sur facebook, le football à perdu de sa classe,dans mon quartier j’en vois des petits footballeurs des numéros 10 qui n’ont jamais eu de licence et qui n’en auront jamais,qu’aucun recruteurs ne verra, ses petits qui jouent 20 ans sur un plateau et qu’aucun journaliste recruteur ou autre directeur sportifs sont allé voir, les meilleurs joueurs brésilien pratique le foot en sale, vous avez des quartiers d’ile de france avec de nombreux joueurs qui pratiquent ce sport par passion et non pas l’argent,mais si ses talents étaient déniché alors on aurait pas des gens qui courrent derrière l’argent et la gloire, des personnes qui se mettent au foot parce qu’ils font 1m90 90Kg et qui connaissent le salaire de la fin du mois, non je parle de personnes comme Zidane ronaldo brésilien ou autres, qui pratique par Amour qui ont une facilité avec un ballon hors normes,allez faire un tour en seine saint denis un après midi d’été ou ses joueurs jouent a plus de 40 degrés quand le soleil tape pendent plusieurs heures,et qu’ils se battent pour une victoire entre eux, sans gain à la fin du match mais des joueurs sanguin dans l’ame de gagner car éduquer comme des guerriers, bref des Zidanes on n’enverra pas beaucoup et moi je vous le dis il me manque, et il est temps de passe la frontière des clubs et des licenciés car la France est passé à côté de vrai talents,il suffirait juste d’allez regardé pour s’en apercevoir,une technicité largement au dessus de la moyenne, une solidarité exemplaire sur le terrain etc….Je demande pas de me croire simplement d’allez voir, après un débat pourra avoir lieu.
On aurait une vrai équipe de France, en espérant que le Qatar investisse dans se vivier qui est l’ ile de France.
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L’histoire d’amour commence 2 ans avant face au matche contre la République Tchèque ou on passe d’un 2-0 à la 75e minute à un 2-2 à la fin du matche grâce à son entrée dans le dernier quart d’heure pour sa première titularisation en équipe de France, il met deux buts et sauve la France, la légende est née ce soir là.
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