Comment Deschamps nous a fait gagner la Coupe du Monde

Nous avons gagné la Coupe du Monde. Qu’avions nous de plus que les autres ? Nous avons certes beaucoup de joueurs de très haut niveau, mais des équipes comme la Belgique, le Brésil, l’Argentine, la Croatie ou même l’Angleterre avaient aussi dans leurs rangs de très grands joueurs. Le cumul des palmarès en club des joueurs de chacune de ces équipes est comparable au nôtre, voire meilleur.

Alors qu’avions nous de plus ?

Un élément fédérateur, Didier Deschamps, qui a réussi à faire jouer ensemble ces joueurs aux fortes personnalités et venus d’horizons divers.

Unifier des joueurs divers et indépendants

Commençons par les horizons divers.

Les 23 joueurs évoluent dans des championnats différents. 9 dans le championnat de France, 6 en Espagne 5 en Angleterre, 2 en Allemagne et 1 en Italie. La répartition était comparable en 1998, avec la différence que l’Italie était alors représentée par 7 joueurs (dont 5 dans le onze titulaire lors de la finale), place prépondérante prise aujourd’hui par l’Espagne (notons 4 « Espagnols » au coup d’envoi lors de la finale, dont 3 en défense).

En remontant encore 20 ans en arrière, on se trouve en 1978 dans un autre monde puisqu’avant l’arrêt Bosman c’est l’intégralité des 22 joueurs qui jouaient alors dans le championnat de France. On pouvait alors retrouver dans l’effectif 4 joueurs évoluant à Nantes, 4 à Saint-Etienne et 3 à l’OM.

Descendre les Champs-Elysées en arborant deux étoiles. Une vieille tradition française.
Descendre les Champs-Elysées en arborant deux étoiles.
Une vieille tradition française.

En 2018 les clubs les plus représentés sont le PSG et l’OM avec chacun 3 joueurs, mais à chaque fois parmi eux un goal remplaçant. On trouve ensuite avec 2 joueurs Chelsea, Barcelone et l’Atletico de Madrid. Ces jeunes joueurs n’ont souvent connu qu’un seul championnat national au plus haut niveau.

Ils ne pratiquent pas exactement le même football, n’ont pas la même vision du jeu ni les mêmes comportements, y compris vis à vis des adversaires et de l’arbitre (on sait par exemple qu’on ne parle pas de la même façon aux arbitres sur les terrains français et anglais). Il faut harmoniser tout cela, pour que les joueurs parlent le même langage, se comprennent et même se devinent.

Pour cela il faut en premier lieu se faire obéir des joueurs. Visiblement au cours de la compétition tous les entraineurs n’y seront pas parvenus. On peut le comprendre s’agissant d’entraîneurs ayant à gérer les joueurs ayant une aura et un palmarès hors normes. Qui osera dire à Messi ou à Neymar de faire ceci et pas cela ? A part Maradona ou Pelé, personne ne sera écouté. Cela explique sans doute le pauvre jeu collectif de ces deux formations qui comptaient pourtant dans leurs rangs de nombreux joueurs du plus haut niveau.

Tout le monde connait le mec de droite, Léo Messi. Beaucoup mois connaissent le mec du milieu. Il s'appelle Sampaoli, c'est l'entraineur de l'Argentine. Il doit dire au mec de droite quoi faire. Pas facile.
Tout le monde connait le mec de droite, Léo Messi.
Beaucoup moins connaissent le mec du milieu.
Il s’appelle Sampaoli, c’est l’entraineur de l’Argentine.
Il doit dire au mec de droite quoi faire.
Pas facile.

Deschamps a l’avantage d’avoir un CV largement plus copieux que tous ses joueurs. Seul Varane a gagné plus de C1 que lui, mais au niveau de l’équipe nationale ils ne jouent pas dans la même catégorie. Deschamps était donc sportivement indiscutable. Nous n’avions pas dans notre équipe de star comme Ronaldo on Messi, et c’est sans doute de ce point de vue une chance, personne ne pouvait prétendre faire de l’ombre à Didier Deschamps sur le plan purement sportif.

Il faisait donc autorité et ce mot veut tout dire.

Deschamps fait autorité

Son rôle consiste en effet à se faire obéir d’une bande de garnements parfois difficiles à contrôler, ce qui diffère sans doute de l’effectif de 1998. Cet obstacle Deschamps est arrivé à le surmonter. Et il faut voir là des qualités qui tiennent presque du moniteur de colonies de vacances, voire carrément du père de famille.

J’en veux pour illustration deux scènes du film « L’épopée russe » (Les yeux dans les bleus 2 en quelque sorte), qui propose une vision de cette épopée filmée depuis l’intérieur du groupe.

Première scène : après le match contre l’Australie, Deschamps dresse un tableau sombre de la performance de l’équipe. Il annonce « j’en veux pas un qui rigole ». Et pendant toute la séance effectivement aucun de ces gamins ne rigole. Précisons : « pendant toute la séance » … ou pendant ce que l’on nous en montre car nous ne pouvons pas ignorer le montage qui opère une sélection qui ne doit rien au hasard (ce n’est qu’avec ce genre de réserve que nous pouvons nous référer à ce genre de document).

Palmares deschamps

Deuxième scène : plusieurs joueurs font une partie de ping-pong « tournante ». A la fin il faut courir assez rapidement autour de la table, au milieu d’une pièce exigüe. Ceux qui l’ont fait savent les risques de chute que cela représente. DD entre dans la pièce, s’arrête à la porte. Les joueurs s’arrêtent, ne savent pas quoi faire. Est-ce interdit ? Doivent-ils faire semblant de disputer une partie « normale » ? Quelques secondes de flottement pendant lesquelles beaucoup se joue. Puis DD reprend son chemin qui traverse la pièce en leur disant d’une voix presque paternelle de jouer normalement sans prendre de risque, puis en s’étonnant que figurent parmi ces équilibristes deux joueurs qui relèvent de blessure.

Nous avons tous vu ces jeunes gens se filmer en train de faire les pitres, de manière plus ou moins délicate, au cours de cette épopée. Apparemment Deschamps aura su installer avec eux une relation d’autorité qui était indispensable à l’efficacité du groupe et de l’équipe.

Gérer les fortes têtes.

Cette réussite est sans doute passée aussi par la gestion des fortes têtes. Pour autant que l’on puisse prétendre être informé des comportements des uns et des autres il semble bien que Pogba ait pu représenter de ce point de vue l’élément le plus difficile à gérer. Or le film nous le montre avant les matchs faisant à ses coéquipiers un discours qui aurait pu être prononcé par leur capitaine.

Deschamps pose sur ce ballon le même regard qu'une voyante sur une boule de cristal. Et il dit à Pogba "si tu fais ce que je te dis tu marqueras un but en finale de la Coupe du Monde et on la gagnera". Et le pire c'est que Pogba, visiblement fasciné, le croit !
Deschamps pose sur ce ballon le même regard qu’une voyante sur une boule de cristal.
Et il dit à Pogba « si tu fais ce que je te dis tu marqueras un but en finale de la Coupe du Monde et on la gagnera ».
Et le pire c’est que Pogba a l’air de le croire !

S’il m’est permis d’évoquer un souvenir personnel, cela me rappelle un conseil judicieux reçu dans le cadre de mon service militaire, quand jeune officier je devais me faire obéir d’une trentaine de jeunes conscrits que mes galons impressionnaient peu. On m’avait conseillé de donner à la forte tête éventuelle des responsabilités d’encadrement. Apparemment c’est ce qui a été fait avec Pogba et cela a fonctionné. Il a ainsi mis sa volonté et son énergie au service du groupe.

Toutes ces qualités n’étaient évidemment pas garantes d’un succès lors de cette Coupe du Monde. Il nous a fallu en plus des joueurs au top de leur forme et évidemment la chance nécessaire à toute victoire dans une telle compétition. Mais de tous les éléments concrets ayant pesé en faveur de cette réussite, la personnalité de Dider Dechamps, son autorité et sa manière de gérer le groupe auront sans doute été parmi les plus décisifs.

C'est pas Guy Stéphan le mec à droite ?
C’est pas Guy Stéphan le mec à droite ?

 

3 commentaires

  1. Je ne sais pas si c’est guy stephan le mec à droite. Je ne connais pas Guy Stephan. Par contre, le mec à gauche je peux vous dire qui c’est : Il s’agit du général de Gaulle. Content d’avoir put vous aidez.

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