Les humoristes se lâchent : les footballeurs seraient à moitié illettrés, les seuls livres appréciés des bleus seraient les livres sterling.
C’est faux.
Au contraire, les bleus sont de grands lecteurs.
La bibliothèque de Clairefontaine, est une des plus complètes en France, beaucoup de chercheurs y consultent d’ailleurs régulièrement des ouvrages rares.
Après une enquête approfondie, nous pouvons, en exclusivité mondiale, révéler à nos lecteurs le classement des livres les plus lus par les bleus.

1
« Professeur de désir », Philippe Roth
« J’ai repris le livre dans la bibliothèque de Clairefontaine, éditions Folio, et là, surprise incroyable : la préface de Milan Kundera sur Roth avait disparu. Pourtant, en 2010, en Afrique du Sud, j’avais lu une édition avec cette préface. J’ai compris ce qui s’était passé : Nicolas Anelka, qui adorait la préface, a discrètement substitué une édition lambda et est parti avec l’édition vintage, lorsqu’il a été viré en 2010.
D’ailleurs, Nico ne disait pas « enculé fils de pute » à Domenech dans le vestiaire à la mi-temps contre l’Uruguay, il citait la préface de Kundera : « L’ironie met en question toutes les certitudes, la certitude en tant que telle ». Nico, s’il te plait, peux-tu nous rendre l’édition originale ? » Patrice Evra
2
« La chute », Albert camus
« J’ai tout aimé dans ce roman, sauf la chute. Je la trouve un peu bâclée ». Olivier Giroud
3
« Lune de fiel », Pascal Bruckner
« J’ai sauté des pages entières car je ne suis pas un adepte de la scatologie, mais je dois reconnaître qu’on a rarement décrit aussi bien la perversion narcissique. J’avais l’impression de revenir un an en arrière, à Madrid, avec José Mourinho. » Raphaël Varane

4
« Madame Bovary », Gustave Flaubert
« Tu passes trois semaines dans un camp d’entraînement en coupe du monde, tu comprends l’ennui d’Ema Bovary » Hugo Lloris
5
« Persécution », Alessandro Piperno
« J’adore le style de Piperno. Pas étonnant qu’on l’appelle le Roth italien. On reconnaît un grand roman lorsque l’on se dit « oui, moi aussi j’ai vécu cela ». Une scène m’a donné des frissons : le Professeur Portecorvo, qui dîne en famille en regardant la télé, découvre soudain son visage sur l’écran, accusé injustement d’un crime sexuel envers un mineur. J’ai vécu exactement la même chose avec l’affaire Zahia : la honte, l’injustice, les accusations par la presse. Moi aussi, les charognards ont essayé de me déshonorer.» Franck Ribéry
6
« La femme éclaboussée », Dominique Dyens
« Je ne suis pas tellement branché femmes de 40 ans, je préfère les jeunes. Pourtant, j’aime beaucoup l’aventure sexuelle de cette grande bourgeoise sexy avec son jeune banquier. Je reste circonspect, toutefois, sur le côté « éclaboussures ». Je combats toute pratique dégradante pour les femmes. Didier Deschamps a d’ailleurs été très clair sur le sujet en nous accueillant à Clairefontaine. » Mamadou Sakho
7
« Sionoco », Léon de Winter
« On a rarement décrit aussi bien le judaïsme libéral, un sujet qui me passionne ». Karim Benzéma

8
« La vie devant soi », Emile Ajar-Romain Gary
« J’ai toujours eu un faible pour cette histoire. Pogba se moque de moi. Il dit que l’histoire de Momo, protégé par une vieille pute juive dans le quartier cosmopolite de Belleville, c’est vraiment démodé. C’est un peu un cliché anti-raciste des années 80, une utopie boboïsante. Pour lui, même le style de Gary dans ce livre, ce langage parlé faussement naturel, est archi-daté, fini.
Mais je m’en fiche, ça me touche et j’ai les larmes aux yeux. » Blaise Matuidi
9
« La lenteur », Milan Kundera
« Les autres joueurs préfèrent « L’insoutenable légèreté », ou « Risibles amours », moi j’ai un faible pour « La lenteur », un Kundera trop méconnu à mon avis. On ralentit lorsque l’on veut se souvenir de quelque chose, et on accélère pour oublier. J’ai d’ailleurs offert à Wenger ce roman : cet imbécile nous demande sans cesse de jouer plus vite !
Quelle erreur. Kundera le montre bien.
On joue plus vite pour se débarrasser du fardeau de souvenirs que l’on porte sur le dos. En oubliant que ce fardeau, justement, c’est toute la beauté de notre vie. » Bacary Sagna
10
« La première gorgée de sperme », Fellacia Dessert
« Ce livre nous rappelle qu’il faut profiter des plaisirs simples, des plaisirs quotidiens, comme de cette première gorgée de sperme, qui apaise tant, qui est la meilleure, et ne pas se laisser obnubiler par l’hybris. » Clément Grenier
11
« La nuit de l’oracle », Paul Auster
« Une belle histoire d’écrivain, avec un carnet bleu un peu magique. Moi aussi j’ai un carnet sur lequel j’écris mes pensées, mes doutes, 4-3-3, 4-2-3-1. » Didier Deschamps
12
« Se ki ne tu pa rem plu for », Livre d’entretiens entre Samir Nasri et Jean d’Ormesson
« Je me régale avec ces deux penseurs, ce brillant ping pong de la pensée. Lorsque d’Ormesson dit « Ecrire est difficile, parce qu’on est toujours dépassé par son livre », Samir répond « Joué au foot c dificile on et toujour dépasser par le balon», Laurent Koscielny
Ca me rappelle une interview relatée dans Le Monde il y a près de quinze ans, qui demandait à un coureur cycliste d’où venait la force d’Indurain. Il avait répondu: la lecture. EN effet, lors de sa première victoire, Indurain se promenait déjà avec un livre. L’année suivante, il avait toujours le même livre, et l’année d’après (il s’apprêtait à remporter son 3e tour), il avait toujours le même livre avec lui.
Un grand lecteur, paraît-il.
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Cher Hervé,
Oui, un grand lecteur ce Indurain, car quand on aime un livre, on le relit sans cesse. Les grand livres sont comme les femmes : mieux vaut revisiter toujours les mêmes plutôt que de se laisser séduire par la dernière nouveauté décevante. A vous lire, Cher Hervé
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Pour la chute, je m’attendais surtout à Valbuena!
Je n’aurais pas renié un Petit Emmanuelle, que sa longue queue de cheval destinait à des lectures du Divin Marquis(nhos)
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