Tsonga a fourni un match très décevant contre Ferrer en demi-finale. Parmi les éléments qui ont pu avoir une influence négative sur sa prestation figure le fait que son match ait été programmé en deuxième, après Nadal – Djokovic.
Certains supposent que l’attente a été défavorable à Tsonga, mais le point le plus important a sans doute été le comportement du public. Après le combat de titans en cinq sets (et 4 heures 30), le central s’est vidé, et Tsonga a joué ses premiers jeux devant un public clairsemé et épuisé. Il n’a pas bénéficié du soutien qui aurait pu lui permettre de se reprendre.
Pourquoi donc cette programmation ? Sans doute pour bénéficier d’une meilleure audience télé.
Le bruit en a couru mais il n’est pas repris par dans la presse : il ne faudrait surtout pas que l’on sache que ce sont les médias qui gouvernent le sport, et que leurs impératifs mercantiles ont contribué à la défaite de Tsonga.
Comment en avoir confirmation alors ? Grâce à un petit commentaire de Mats Wilander. Tout le monde ne sait pas qu’il fut un énorme tennisman, surtout cher à notre cœur par sa défaite contre Noah en 1983. C’est un homme qui ne parle pas pour ne rien dire, et on peut lire sous sa plume, dans l’Equipe du samedi 8 juin : « On ne l’a pas aidé (Tsonga). On lui a offert la pire préparation pour une demi finale de Roland en le programmant en second (…) Est-ce qu’on veut essayer de gagner le French Open ou est-ce qu’on veut avoir une bonne audience télé ? Il fallait donner à Tsonga les meilleures chances. Premier match, bien sûr ! ».
Voilà qui confirme que ce choix était le mauvais, et qu’il a été fait pour la télévision.
Le sport est mis en scène par la télévision, comme une vulgaire émission de téléréalité
De plus en plus clairement, la télévision met en scène le sport, dans le but de faire l’audience. On a déjà vu des matchs de football programmés à des heures absurdes pour pouvoir être retransmis aux heures de plus grande écoute dans les pays concernés. On est allé plus loin avec les tirages au sort des poules de la Champions League. Ces tirages sont orientés de manière que deux clubs du même pays ne se trouvent pas dans la même poule, et on comprend bien la logique sportive. Mais ils le sont aussi en vertu de simples considérations d’audience : les 8 poules étant réparties en deux groupes de 4 qui joueront le même jour de la semaine, on s’arrange pour que les clubs d’un même pays ne soient pas dans le même groupe de 4, de manière à optimiser le nombre de téléspectateurs.

L’impact sportif n’est pas nul, puisque le tirage au sort s’en trouve modifié, mais cela exprime surtout un changement dans la manière de considérer le rôle la presse. La télévision ne se contente pas de rendre compte des événements, elle en modifie le déroulement pour en faire un spectacle à sa solde. Nous sommes dans la téléréalité. Leur nom le dit, les émissions de téléréalité prétendent filmer la réalité, prise sur le vif. Nous savons qu’en fait ce n’est pas le cas, que le déroulement des événements est scénarisé, programmé, que rien n’est spontané. Avec le sport la dérive est la même, les impératifs de la télévision interviennent dans l’organisation des compétitions.
Tsonga a payé pour cela. Aurait-il gagné s’il avait joué en premier ? Nous n’en saurons évidemment jamais rien, mais il est certain que ses chances auraient été plus grandes. Les organisateurs ont choisi de passer outre, au profit d’une espérance d’audience supérieure. Mauvais calcul évidemment, tant ce match fut pauvre, surtout au regard de l’autre demi-finale qui fut majestueuse. Mais le plus choquant est que nul n’assume cette décision. La presse dans son ensemble garde le silence sur ce point. Il faut évidemment cacher ce rôle de la télévision, et continuer à entretenir l’illusion que nous voyons le sport dans toute sa pureté. C’est pourquoi cette vérité, que Panthéon Foot dénonce, ne sera confirmée nulle part dans la presse (à part dans cet entrefilet de Mats Wilander, qui a échappé à la censure corporatiste).
Nous avons déjà dénoncé ici ou là (ou encore là) la manière dont la presse sportive modifie la vision qu’elle nous propose du sport et des sportifs dans le seul but d’augmenter son audience, mais il s’agissait à chaque fois du football. Dorénavant ces égarements touchent également le tennis, sport pourtant réputé plus « haut de gamme » socialement, et que les bien pensants auraient donc cru épargné par ces pratiques douteuses. Il faut se rendre à l’évidence, Roland Garros et le Parc des Princes n’ont ni le même public ni la même réputation mais ils ne sont pas très éloignés.
Tsonga a surtout perdu parce qu’il n’a pas le mental. Certes, le public était sorti pour se rafraichir après l’interminable première demi-finale, mais quand on encourageait Tsonga (et nous étions quand même nombreux à nos places au début du match), il levait le bras pour nous faire signe de nous taire. Il était fébrile, déconcentré, faisait faute sur faute, alors qu’on était là pour lui. Que devrait dire Ferrer ? Il passe en 2e et il a tout RG contre lui ! Si, dans des conditions si favorables, Tsonga n’est pas capable de trouver la ressource en lui, il ne la trouvera sans doute jamais. Mats Vilander est adorable, mais trop gentil 🙂
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@emma : Chère Emma, merci de votre message, il est très intéressant d’avoir ainsi un témoignage direct. Ni Mats ni moi ne pensons que Tsonga aurait gagné s’il avait joué en premier. Et peut-être même la programmation n’a eu qu’un impact négligeable. Mais le point le plus important pour moi est que cette programmation se fasse en fonction de la télé, sans considération sportive.
Puisque vous étiez sur le Central je vous souhaite d’avoir bien profité du match précédent, car c’était sans doute le meilleur moment de la journée.
A bientôt de vous lire.
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tsonga est surtout un representant kinder bueno ou ilo excelle ,l’argent est un gros moteur ,mais il n’a evidement pas le niveau des ferrer ou nadal ,tsonga est un bon exilé fiscal au moins
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Vous êtes trop bon, c’est toujours de franche rigolade à chaque fois que vous publier sur pantheon foot.
Cela dit, aussi improbable que cela puisse paraître, il semblerait que l’intégralité de vos arguments tiennent la route.
Mais il semblerait que même avec le soutien du public, il est été incapable de sortir un jeu digne de ce nom 😉
Il peut dormir ce soir sur ses deux oreilles, Nadal à effectuer une sorte de revanche froide et sèche en 3 sets !
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Analyse intéressante, mais il faut la pousser jusqu’au bout. Le public de Roland Garros, bien qu’habitant le 16, et étant par là-même fortement aisé par rapport au public du club de basket de Nanterre. Nonobstant quoi, quand on lui offre deux matches, et bien ce public ne fait pas la fine bouche, et profite pleinement des deux matches. Donc a priori, pas de problème pour passer premier ou second…
Mais, il y a un mais: après 4h30 de frappes de mules entre Djoko et Nadal, ce public, qui avait abondamment roti au soleil et s’était donc amplement désaltéré, dû affonter une dure réalité: celle de la vessie commune: toute vessie s’emplit proportionnellement à la quantité de liquide ingurgitée. Il dut donc, comme tout un chacun, se rendre aux lieux d’aisance les plus proches.
C’est là que le bât blesse: les toilettes de Roland Garros n’étaient pas dimensionnés pour accueillir 12000 fans de tennis la vessie pleine, et leur permettre de la vider en quelques minutes à peine. Du coup, Tsonga dût démarrer devant des gradins vides. Etant donné la piètre performance qu’il donna durant le premier set, il est fort probable que notre public, de retour du lieu d’aisance, décida que finalement, il valait mieux suivre le reste à la maison (et la quantité de bouchons à la sortie de la porte d’auteuil un vendredi soir lui donnait pleinement raison).
Alors Tsonga victime du 2e match? Non, Tsonga victime de Nadal, qui a pris un malin plaisir à faire durer en 5 sets un match qu’il aurait pu plier en 3.
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@Herve : Mon propos n’est pas vraiment de démonter que Tsonga a perdu parce qu’il jouait en deuxième. Ce que je relève c’est premièrement que l’ordre des matchs a été décidé pour la télévision, et deuxièmement que personne ne dénonce ce choix, alors que beaucoup disent qu’il a été défavorable à Tsonga.
Cela dit, dans l’équipe de lundi, Agassi déclare que Tsonga aurait dû tout faire pour jouer en premier. Après Wilander, Agassi : les barrières de la censure corporatiste des journalistes sont donc en train de tomber.
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Les photos qui illustrent les articles de ce blog sont toujours un bonheur et ce blog ne serait pas ce qu’il était sans cet effort de recherche dans les illustrations.
Cette fois, le bonheur a été encore plus grand : c’est vrai qu’il a vraiment l’air réjoui. Ca fait plaisir.
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@Bretzelle : Merci Bretzelle. C’est vrai que nos propos ont parfois un contenu un petit peu difficile, c’est pourquoi nous essayons de les entrecouper de quelques illustrations, comme ces images qui jalonnaient les livres de la bibliothèque verte.
Merci de votre soutien.
MAL
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