Depuis le derby Manchester City – Manchester United du dimanche 9 décembre, une nouvelle affaire Nasri secoue l’Angleterre.
L’accusation contre Nasri
Alors que City était remonté de 2-0 à 2-2, que l’on jouait les arrêts de jeu, et que City essayait de gagner, une perte de balle de Clichy, suivie d’une faute de Tevez, conduisait à un coup franc très dangereux pour United, aux 25 mètres à droite, la zone idéale pour le pied gauche de Van Persie.
Nasri était l’homme de base d’un mur de trois hommes. Mais quand Van Persie tira, il sembla s’effacer légèrement, ne sauta pas, contrairement aux deux autres joueurs, et leva le pied pour détourner la balle. Ainsi dévié, le ballon prit une trajectoire parfaite, petit filé opposé, et United l’emporta 3 à 2.
Gary Neville, l’ancien joueur de United, commentait le match sur la chaîne anglaise Sky. Il déclara immédiatement, en direct, que Nasri était coupable. Il expliqua que la perte de balle de Clichy était dans le sens du jeu, qu’il avait essayé de relancer proprement, car City prenait des risques. Mais, au contraire, la faute de Nasri était impardonnable. Il accusa Nasri de s’être « caché » derrière le second homme du mur.
A froid, Gary Neville fut encore plus violent. Il expliqua que tous les supporters de City auraient pris ce ballon dans la figure, ainsi que les dix autres joueurs de City, mais que seul Nasri n’était pas « team player », et ne pensait qu’à lui. Il en profita pour raconter que Nasri n’était jamais là dans les gros matchs et ne se battait pas. Le lendemain, la polémique enfla dans les journaux anglais, avec une connotation très négative pour Samir.

Défense de Samir Nasri
Nous sommes en désaccord avec ces accusations faciles. Plaidoirie en deux axes.
Jugeons les actes de Nasri sans oublier le brouillard dans lequel il était
Vous le savez déjà, la devise de notre école de pensée footballistique est une citation de l’essai de Kundera « Les testaments trahis » :
« L’homme est celui qui avance dans le brouillard. […] Regardant en arrière, l’homme voit le chemin, il voit les gens qui s’avancent, il voit leurs erreurs, mais le brouillard n’est plus là. »
Les accusateurs de Nasri oublient qu’il a agi dans le brouillard. Ils jugent son acte en fonction de ses conséquences, le but, alors qu’ils devraient le juger indépendamment de celles-ci. D’ailleurs si le ballon avait été dévié en dehors du but, ils féliciteraient Nasri.
Lorsque le ballon part, Nasri est dans le brouillard. Il sent qu’il peut contrer le ballon avec le pied ; il lève le pied, son intention est positive. Il ne sait pas que cet acte sera fatal, bien au contraire. Acquitté.

« L’esprit d’équipe » doit être combattu, Nasri a raison d’être libre et non conforme
Les détracteurs de Nasri parlent aussi de la « solidarité » d’un mur. Si le mur saute, tout le monde doit sauter. Le joueur dans le mur doit montrer son « esprit d’équipe », et faire comme ses camarades. Si Nasri avait sauté comme eux, Van Persie n’aurait sans doute pas marqué. Cette action montrerait donc que Nasri n’est pas « team player », qu’il est individualiste, une accusation par ailleurs souvent portée contre lui.
Et bien nous disons : continuez Samir, vous avez bien raison !
Car quelle est cette obsession malsaine pour « l’esprit d’équipe » ? Qu’est-ce que cette « camaraderie » nous a apporté ?
Beaucoup de catastrophes.
Les vikings, débarquant « en équipe » pour détruire nos villages et égorger nos femmes et enfants. Les bolchéviques, une équipe très soudée, respectant bien les consignes de Lénine et Staline, et tuant des dizaines de millions d’innocents.
Dans Histoire d’un allemand, Sébastien Haffner (cité par Alain Finkielkraut dans Un cœur intelligent) raconte comment, dans les années 30, il est devenu nazi par pur esprit d’équipe, ce qu’il appelle « l’encamaradement ». Il parle du «bonheur à se fondre dans la masse», où l’on est dépouillé de la «pénible tâche de penser». Il raconte qu’«il a lui-même perdu pied et plongé dans le bourbier de la fraternité hilare». L’esprit d’équipe mène à tout, surtout au pire.
Et aujourd’hui, dans la société, les plus terribles décisions sont prises par esprit d’équipe, pour faire comme les autres, pour ne pas décevoir ses coéquipiers. « Tiens, viole cette fille, puisqu’on la viole tous, fais comme les autres ». « Allez, pique-toi, tout le monde le fait, on est une équipe, non ? ».
« L’esprit d’équipe », nous n’en voulons pas. La morale ne peut être qu’individuelle. L’intérêt du groupe, la camaraderie, conduisent à des actes immoraux et stupides. Cet homme qui rend honnêtement une balle à son adversaire au tennis, ment à l’arbitre de football par solidarité avec ses coéquipiers.
Nous ne voudrions connaître que des individus libres. Des gens qui prennent leurs propres décisions, qui agissent pour le bien, la dignité, et non pas des « team players » qui « appliquent les consignes », et sont prêts aux pires horreurs pour montrer qu’ils font partie du groupe, qu’ils se fondent dans la masse.
Non à « l’esprit d’équipe », dans le football, comme dans la société.
Nous avons besoin de plus d’esprits libres comme Samir Nasri.
M. Nasri, continuez à exercer votre propre jugement. Vous commettrez parfois des erreurs, mais au moins vous resterez digne, et serez un exemple de liberté de conscience pour le grand troupeau de ceux qui « font comme les autres », qui disparaissent dans l’équipe, et qui abandonnent leur libre arbitre et leur conscience au groupe.
M. Nasri, merci. Votre liberté est un exemple pour nous tous.

Nasri, c’est l’anti Messi. Tout ce qu’il touche se transforme en daube. Si le ballon de m… existait, il l’aurait chaque année.
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@Herve : toi Hervé, je suis en profond désaccord avec ce que tu dis et la façon dont tu le dis (Note de Panthéon : ce commentaire a été modifié, mais le sens général conservé)
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Excellent article . Vive les grands esprits libres comme le votre ! ( et comme ceux de Kundera, Filenlkraut , Roth et …Nasri !)
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@bensolam
Nasri est spinoziste : il fait en permanence l’effort de persévérer dans son être.
Comme a dit Mallarmé en parlant de lui : tel qu’en lui même, enfin l’Éternité le change.
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Cet article est digne du niveau de Nasri, » ridicule ». Bien sûr que les supporter et le joueurs peuvent lui en vouloir. Je n’ai jamais vu un joueur au mur aussi apathique que Nasri. On avait l’impression qu’il n’en avait rien à foutre de perdre. L’essentiel est que son compte en banque soit garni à la fin du mois. Millionnaire dans la vie mais clochard sur le terrain.
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« et sont prêts aux pires horreurs pour montrer qu’ils font partie du groupe », on est entrain de parler de contrer un coup franc. C’est très bien d’écrire des articles sur le sport, encore faut-il avoir en les compétences et surtout les connaissances.
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En préambule de ce commentaire je souhaiterais confesser que j’exècre le football, à tel point que me retrouver sur ce forum est aussi improbable que d’imaginer Guivarch’ marquer des buts en équipe de France. L’ancien amateur (et gardien de but) que j’étais a été saisi d’un violent dégoût pour ce sport le jour où l’argent s’en est emparé. Comme tout bon Français je suis jaloux, et fondamentalement, l’idée que des prolétaires sortis des cités les plus obscures puissent s’offrir dès 20 ans des Ferrari et des prostituées m’est tout proprement insupportable. Hooligans et footballeurs incultes du monde entier je vous hais et vous méprise. Si ca ne vous plaît pas venez donc caillasser mes fenêtres, crever les pneus de ma Peugeot ou me cracher au visage. Si vous trouvez mon adresse.
Maintenant que j’ai courageusement clamé ma haine, j’en viens à mon propos. Quand Benlosam crie « Non à « l’esprit d’équipe », dans le football, comme dans la société. », j’applaudis des deux mains, tout du moins pour ce qui concerne le football. Tout ce qui peut montrer que le football est un sport inutile, porteur de haine, plus dangereux que les religions même s’il a causé, pour l’instant, moins de morts que ces dernières, est louable. Et c’est à ce titre seulement que je suis un lecteur de Panthéon Foot. Les valeurs que doit porter notre société sont à l’opposé de celles que véhicule le football. Les valeurs que doit porter notre société, on ne les retrouve véritablement que dans le seul sport collectif digne de ce nom, le seul, le vrai, le noble et magnifique qui devrait remplacer tous les autres : le rugby.
Je m’explique. D’abord le rugby à 15 se joue en général à 15. Collectivement c’est déjà la preuve d’une plus grande richesse que le football. Et c’est encore vrai pour le rugby à 13 qui se joue à 13. Les esprits tordus qui seraient tentés pour étaler leur culture sportive d’invoquer le rugby à 7 (se jouant donc à 7) ne peuvent le comparer qu’au football en salle, qui se joue à 5 ou à 6. Donc dans tous les cas défaite incontestable du football par rapport au rugby pour le collectif.
En termes de poids total de l’équipe la comparaison n’est également guère flatteuse pour le football. C’est un fait, le rugby pèse plus lourd que le football.
Le rugbyman professionnel gagne beaucoup moins d’argent que le footballeur professionnel, alors même qu’il est plus beau, plus éduqué, plus costaud et ne se tord pas de douleur dès qu’on le pousse dans le dos.
Le rugby donne sa chance à tous, même aux gros. Jean-Pierre Garuet aurait-il pu jouer au football ? Non est bien sûr la réponse.
Les Français sont un peuple intelligent, la France un modèle pour le monde. Son équipe nationale de rugby est 4è mondiale, son équipe de football 18è mondiale derrière la Colombie, la Cote d’Ivoire et l’Equateur. La France, comme une autre grande démocratie la Nouvelle-Zélande, l’a bien compris, son salut moral passe par le rugby et elle s’en donne les moyens.
Vous a-t-il enfin échappé que dans les pays où l’on joue au rugby, il n’y a plus de conflits depuis des décennies (1)? Alors qu’on joue au foot en Sierra Leone, au Mozambique, au Kosovo, au Soudan, au Mali, à Gaza (oui j’ai vu des jeunes jouer au foot en slip dans la rue à la télé), en Irak, en Côte d’Ivoire, au Zaïre et au Rwanda. Si l’on éradiquait le football et introduisait le rugby dans les pays obscurantistes, notre monde vivrait enfin en paix éternelle.
Fusillons tous les footballeurs et payons davantage les rugbymen, l’esprit d’équipe de notre société ne peut qu’en sortir grandi.
(1) Les joueurs géorgiens jouent tous dans les championnats anglais et français donc ca compte pas
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S’il est une légende urbaine qu’il est grand temps de flinguer, c’est bien la soi-disant supériorité morale du rugby sur le football. Non, il n’y a pas pas d’ontologie du footballeur, pas plus qu’il n’y a une ontologie du rugbyman ou du joueur de curling (quoique dans ce dernier cas, je persiste à penser qu’il doit bien y en avoir une, et sacrément flippante). Une fois le négligeable problème de l’être mis de côté, concentrons-nous sur les apparences. Et là, en toute bonne foi, le jugement condamne le rugbyman bien au-delà des apparences.
Tout d’abord, la comédie de l’amitié virile, particulièrement surjouée dans les beaux quartiers, donne la nausée à force d’embrassades sonores, d’accolades en tweed et d’effusions en cachemire. Tous ces hommes habitués à péter dans la soie se découvrent des trésors de charisme à l’évocation du ballon ovale, symbole de leur fidélité aux vieilles valeurs que sont l’honneur, la fidélité et toutes celles du CAC 40. Dérisoire volonté de puissance, qui trouve en général sa limite dans la grande servilité que ces mêmes rugbymen témoignent à leurs mamans qui nettoient leurs chaussettes, et à leurs papas qui leur imposent de faire Polytechnique. (je n’ignore pas que le rugby est aussi un sport rural, particulièrement en France, mais je ne peux pas régler tous mes comptes ici en quelques signes).
Comment en outre expliquer ce mystérieux complexe de supériorité, alors que la baston fait l’objet d’un culte aux rituels bien réglés sur absolument tous les terrains de rugby ? Cette baston serait noble car les mains seraient aussi autorisées? Le coup de poing dans les burnes en pleine mêlée plus aristocratique que le tâcle les deux pieds décollés? Je laisse le soin aux sociologues du sport de nous donner la réponse.
Alors oui les Sierra-Léonais ont le mauvais goût de jouer au football, et parfois même sans chaussures ou surune seule jambe. Mais si un jour tu viens à Freetown, toi l’occidental sorti des Grandes Ecoles venus mettre à genoux le ministre des Finances local pour le compte du FMI (institution notoirement fondée par des joueurs de rugby et de cricket), retiens ce conseil d’ami si d’aventure ton taxi te menait dans un coupe-gorge: parle-lui de Zidane ou de Roger Milla plutôt que de Fabien Galthié ou de Jonah Lomu, et tu auras probablement la vie sauve.
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Mr Thunder,
Vos propos sont intolérables. Il me semble que ma démonstration était étayée de faits objectifs et incontestables, scientifiquement rassemblés. La votre, peu documentée, ne respire que frustration et appel à la lutte des classes.
Les amateurs de football seraient-ils tous de gauche ?
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M. Thunder, vous avez tout à fait raison. Le football est un sport bien plus beau et moins hypocrite que le rugby, ce sport pour simples d’esprit où la meilleure équipe l’emporte presque toujours, une hérésie pour le football! Mais aviez-vous besoin pour dire cela d’égratigner l’école Polytechnique, ce bastion français des sciences et de la gloire? La polytechnicophobie est un mal suffisamment répandu pour qu’un homme de votre qualité ne joigne pas sa voix aux trop nombreux polytechnicophes, qui sont d’ailleurs souvent également footballophobes.
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Pardonnez-moi. J’ai cru pouvoir lâchement épancher mes ressentiments, mu par l’intime conviction que les polytechniciens avaient autre chose à faire que lire ce blog de demeurés footballophiles. Mais si l’élite rejoint le café du commerce, quelle liberté pour le peuple?
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Je conçois que ce blog concentre une vaste majorité de demeurés footballophiles. Il y existe cependant une infime minorité de footballophobes intelligents qui veut se faire entendre. Et qui pourrait bien passer des accords avec le groupe polytechnicophobe si on continue à l’agresser injustement.
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La confusion gagne les esprits, cher M.Dumoulin. Vous sembliez vous apparenter à la cause poytechnicophile avec vos propos footballophobes. Voilà maintenant que vous faites l’éloge de la geste polytechnicophobe aux accents pourtant footballophiles, ce qui fait de vous un footballophobe suspicieusement polytechnicophobe alors que le sens élémentaire de l’honneur vous commanderait d’assumer vos penchants footballophobes et polytechnicophiles. Footballophiliquement et polytechnicophobiquement vôtre.
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Cher Mr Thunder, tout ceci est très confus j’en conviens. Mais pour imposer ses idées il faut savoir être opportuniste et parfois se compromettre. A ce titre je lance un cri de rassemblement à tous les amateurs de badmington, de curling et de beach volley, pour commencer, à rejoindre notre cause footballophobe. Une fois que le football aura été complètement éradiqué on verra bien.
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Vive les grands esprits libres comme le votre ! ( et comme ceux de Kundera, Filenlkraut , Roth et …Nasri !)
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