On se souvient que Noah avait dit « Si Sarko passe, je me casse ». Et bien nous, à Panthéon Foot, nous disons « Si l’arbitrage vidéo passe, je me casse ».
Sarkozy ne gouvernait que notre beau pays, tandis que la FIFA a un pouvoir mondial. Nous aurons donc plus de mal que Noah à nous « casser » puisqu’il nous faudra quitter la terre. Mais nous le ferons. Voici pourquoi.
L’Angleterre, chouchou de la FIFA
Lors de la coupe du monde 2006, face à la Corée, Patrick Vieira marqua un but de la tête qui passa la ligne de plus d’un mètre et fut refusé par un arbitre non voyant. Silence total de la FIFA.
En 2010, en Afrique du Sud, l’Allemagne menait 2 à 1 contre l’Angleterre en huitième de finale (notre article de l’époque ICI) lorsque Lampard marqua, d’une belle reprise de volée. Comme en 2006 avec Vieira, le ballon passa la ligne d’un mètre, puis ressortit. L’arbitre, aveugle, dans la grande et belle tradition de l’arbitrage au football, refusa le but. En seconde mi-temps, l’Angleterre se découvrit, attaqua à 10, et finit par prendre deux buts sur contre. Victoire des allemands 4-1.

Jusqu’à ce but, la FIFA avait toujours traité par le mépris l’arbitrage vidéo ou la technologie sur la ligne de but. Mais les anglais sont leurs chouchous, c’est bien connu, pour des raisons obscures, soi-disant parce qu’ils auraient inventé le football au 19ème siècle, mais en réalité, plus probablement pour les récompenser de renoncer progressivement à manger leur propre cuisine, haricots rouges à la sauce sucrée le matin, poulet à la confiture et petits pois de la taille d’une balle de tennis, au diner, à 17h30.
La France, n’est-ce pas, ce n’est pas important pour la FIFA. Excusez-nous, nous avons seulement donné au monde Kopa, Platini et Zidane, c’est autre chose que Bobby Charlton, non ?
La technologie sur la ligne de buts testée bientôt par la FIFA
Et donc, soudain, deux jours après le but refusé à Lampard, Sepp Blatter déclara qu’il allait mettre en place une technologie sur la ligne de but, un peu comparable à celle qui existe au tennis, pour éviter à l’avenir de telles erreurs. Une erreur acceptable au détriment de la France ne l’était soudain plus lorsqu’elle touchait ses chouchous anglais.
La FIFA a effectivement agi très rapidement. A peine deux ans et demi après cette déclaration d’intention, ce qui correspond à trois minutes pour une organisation normale, la technologie sur la ligne de but va être testée pour la première fois pendant la coupe du monde des clubs au Japon, avec l’objectif d’être opérationnelle au Brésil, en 2014, pour le Mondial.
Certes, ce n’est pas encore l’arbitrage vidéo, mais c’est un premier pas. Michel Platini a d’ailleurs déclaré que l’on viendrait, un jour, à la vidéo, même s’il y est personnellement opposé.
Non à la vidéo, oui à un arbitrage socialement juste
Nos lecteurs le savent, nous sommes attachés à l’arbitrage traditionnel du football, c’est-à-dire à un arbitrage catastrophique. Le football a cette spécificité, qu’il partage avec la boxe olympique et le concours de l’Eurovision, d’être un sport où l’arbitre compte au moins autant, sinon plus, que la valeur des sportifs.
Avant la coupe du monde 2010, nous disions d’ailleurs que, malgré le niveau affligeant de l’équipe de France, une victoire était possible si nous bénéficions d’un arbitrage vraiment très mauvais (ICI). Contre toute logique sportive, la nullité de l’arbitrage nous permettait, avant l’épreuve, de conserver une lueur d’espoir.
Surtout, nous avons également déjà dit (ICI) qu’un arbitrage exécrable est socialement juste, puisqu’il réduit les inégalités. En effet, grâce aux énormes erreurs, le petit peut battre le gros. Nous déplorons d’ailleurs la légère amélioration de l’arbitrage que l’on constate dans les grandes compétitions depuis une dizaine d’années. Il serait scandaleux que le meilleur l’emporte systématiquement. L’arbitre doit continuer à participer à la glorieuse incertitude du sport.
Et puis les grandes controverses d’arbitrage, les mains de Vata, ou de Thierry Henry, participent au lien social, notamment pour les personnes d’un certain âge. Car sinon, de quoi parlerait-on ? Avec l’âge, on est de plus en plus ridicule lorsque l’on parle de l’autre sujet important, le sexe.

Les arguments très spécieux des partisans de l’arbitrage vidéo
Le football, comme le reste de la société, « devrait évoluer ». Au nom de cette logique du mouvement obligatoire, on nous a déjà imposé, dans les années 90, le téléphone portable, dont nous n’avions nul besoin. On ne va pas nous faire le coup deux fois.
Et puis, l’argent, les « enjeux », seraient trop importants. Et bien justement! Les enjeux sont trop importants pour que l’on ne laisse pas le hasard et l’injustice décider. Ils régissent tous les domaines de notre vie. Pourquoi le football devrait-il être au dessus du reste et bénéficier d’un arbitrage sans erreur ? Ce serait inique.
Rien ne doit être tenté pour améliorer l’arbitrage, bien au contraire
Avec la ligne de but, la boite de Pandore est ouverte. A ce rythme, si on continue dans cette direction, dans 80 ans à peine, la vidéo sera peut-être utilisée pour vérifier les pénaltys ! Pire encore, dans un siècle, le football pourrait devenir un sport « fair-play », comme le rugby, où les joueurs ne trichent pas et n’insultent pas l’arbitre !
Mais où va-t-on ? Veut-on détruire toutes les traditions du football ?
Est-ce là le monde que nous voulons laisser à nos enfants et petits-enfants ?

Après le football, le reste de nos vies ?
Attention ! Cette boite de Pandore peut même nous mener plus loin encore. Imaginons que l’on cherche à éliminer l’erreur d’arbitrage des autres domaines de notre vie. Ce serait un cauchemar.
L’argent
Un seul d’entre nous, amis lecteurs, a-t-il vraiment renoncé à devenir riche ?
Certes, nous n’essayons pas forcément. Mais, au fond de nous, avons-nous renoncé à cet espoir ?
Un billet de loto, une erreur de la RH dans notre entreprise, une promotion par défaut, après la mort accidentelle d’un collègue, par exemple, un héritage totalement fortuit d’un oncle dont nous ignorions l’existence, ou, mieux, une surprise heureuse, notre père n’est pas notre père, nous sommes, en fait, le fils ou la fille naturelle de Bernard Arnault.
Pourtant, nous ne méritons absolument pas d’être riches. Nous n’avons rien inventé de grand pour l’humanité, au contraire, nous sommes plutôt fainéants, nous aidons assez peu notre prochain, la médiocrité nous caractérise. Mais nous accepterions avec joie, et sans hésiter, une fortune qui serait bien évidemment totalement imméritée. L’arbitrage vidéo nous priverait d’une telle opportunité, il tuerait notre rêve enfoui, que seule une immense injustice du destin peut nous permettre de réaliser.
Nous disons donc oui, oui à l’injustice du destin.

L’amour
Regardons-nous dans la glace. Pour la rédaction de Panthéon Foot, et disons, 90% de nos lecteurs et lectrices, ce que nous voyons n’est pas réellement enthousiasmant, pour rester poli.
Quelle est la probabilité, pour nous messieurs, de déclencher la passion d’une très belle femme ? Et pour vous mesdames, celle d’un jeune milliardaire plein d’humour ?
Vraiment très faible, pour ne pas dire nulle. Nous ne le méritons absolument pas. Et pourtant, nous le désirons si fort. Nous voulons une erreur d’arbitrage du destin. Une grossière, ridicule, faute d’arbitrage. Nous désirons rencontrer une jolie fille, qui comme M. Corver, l’arbitre de Séville, regarderait filer le ballon en sortie de but plutôt que notre visage et notre absence d’abdominaux.
Et contre toute logique, nous gardons l’espoir fou de susciter chez cette femme sublime l’amour, parce que, justement, l’arbitrage vidéo n’existe pas dans la vie.

Que les plus méritants ne la ramènent pas trop, la majorité silencieuse des moins méritants veille
Dans le football comme dans la vie, nous refusons donc que les plus méritants soient récompensés. C’est injuste. Cela détruit, dans le cœur de chaque homme ou femme de la majorité silencieuse, l’immense foule de ceux qui sont moins méritants, l’espoir, un jour, d’être par erreur, champion du monde, riche, prix Nobel, aimé. Et même d’être considéré, à tort, comme un être beau et intelligent.
Non au mérite. Oui au hasard, oui au n’importe quoi, à l’erreur, oui au football, le vrai, l’historique.
Non à l’arbitrage vidéo.

Excellent !
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Vive l’arbitrage video. En 2084.
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Benlosam souhaite que les arbitres continuent d’être catastrophiques pour que le meilleur ne gagne pas systématiquement, que les plus faibles aient leur chance, et que chacun de nous puisse espérer devenir riche même s’il n’a rien inventé de grand pour l’humanité, ou coucher avec une fille superbe même s’il est laid ou sans humour. Sa conclusion logique étant que si l’arbitre vidéo passe on retirera leurs lots aux gagnants de l’euro-million qui ressembleraient trop nettement aux Deschiens.
Je ne suis pas d’accord. Nous n’avons pas besoin des fautes d’arbitrage pour laisser sa place au hasard. Une comparaison avec la vraie vie peut assimiler les erreurs d’arbitrage à des fautes commises par la police ou la justice, et donc à une porte ouverte vers la barbarie. Les poteaux carrés, les faux rebonds, les maladresses, les coups de boule intempestifs, les reprises de volée de Valbuena sont autant d’éléments inopinés qui laissent leurs chances aux plus mauvais, ou en tout cas à ceux qui ne sont pas les meilleurs. Inutile d’abolir toutes les lois pour laisser sa place à la chance.
En résumé, oui à la loterie mais non à la barbarie.
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Le ton est bon !
Mais heureusement que ces têtes pensantes du football font évoluer leur position sur l’arbitrage vidéo car dans un sport aussi populaire on se retrouve avec des injustices difficilement « justifiables ». L’apport de la vidéo dans d’autres sports, comme le rugby, prouve son efficacité et il serait aujourd’hui impensable de voir un match de haut niveau sans vidéo !
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Je pense que vous faites fausse route. L’arbitrage vidéo est inéluctable car il n’est plus rien dans la réalité qui ne mérite d’être repris en vidéo. Regarder un match POUR DE VRAI est une activité de vieillard peu habitué à la réalité augmentée. Un pauvre angle de vue, une seule vitesse, une seule durée…pfff, celui qui croit à la notion de durée bergsonienne n’a jamais regardé 350 fois en streaming le pied d’Ibra dans la gueule de Lovren, en segmentant chaque instant de la pénétration du crampon dans son crâne de sale Oustachi.
Regarder un match EN VRAI? Qui va voir des couples faire l’amour sur des canapés en moleskine? Qui se met en face d’orifices dilatés aspergés de jets invraisemblables ? Personne.
Qui est allé à Gangnam pour voir le style des gens? Personne.
Qui est allé visiter la Lorraine à l’occasion de la crise sidérurgique? Personne.
Qui a couché avec Marie-Laure Augry? Et ainsi de suite.
Alors cessons avec ces pudeurs d’un autre temps. A ma place au parc des Princes, je veux un écran comme dans l’avion pour me mater le match avec toutes les options, hein, le ralenti accéléré, la caméra sur la transversale, la palette 2.0, la super loupe, le méga tube de colle, l’équerre et le compas, je veux tout sauf le reste, c’est à dire ce spectacle évanescent, aussi léger que le vent sur la plaine. Vous avez déjà payé 150 euros pour voir le vent souffler sur la plaine?
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Article avec un ton ridicule.
On ne nous impose rien.
Avant les match étaient filmés avec les moyens de l’époque.
Maintenant avec les TV HD on voit tout ou presque.
Ça prend une autre dimension.
On voit tout mais on ne peut rien faire.
Ça deviens ridicule je trouve.
Biensur qu’il devrait y avoir de l’arbitrage video, mais pas n’importe comment, pas pour des touches, des six metres, mais des mains des hors jeux etc.
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