La presse sportive nous bassine depuis plusieurs semaines sur ce prétendu sommet du football français, cet OM PSG, scandaleusement baptisé du nom de Classico.
En écrivant aujourd’hui, je prends le risque que le match OM-PSG de demain soit un grand match. Comme disait Thuram le 12 juillet 1998, tout est possible dans le football. Il reste que généralement ces confrontations accouchent de rencontres sans grand intérêt, et plus marquées par des violences inutiles que par des exploits sportifs.
Fouillons dans nos mémoires pour retrouver des buts remarquables au cours de ces matchs : nous pouvons citer la formidable tête de Boli au Vélodrome, et le but sublime de Pauleta au Parc. Celui-ci date de 2004, celle-là de 1993. Un joli but tous les 10 ans, reconnaissons que ce n’est pas énorme. Donc non, ces confrontations ne sont pas des sommets du football.
On nous objectera que les sommets, les chocs entre deux grandes équipes, accouchent souvent de matchs décevants, et que l’enjeu tue le jeu. A quoi je répondrai facilement : « Vous avez dit « sommet » ? Vous avez dit « grandes équipes » ? Nous parlons bien de OM – PSG ? ».
Car il faut être lucide : à aucun titre ce match n’est un match au sommet. Là encore par honnêteté (notre site affiche une exigence d’honnêteté et d’objectivité à laquelle je ne dérogerai pas), je dois reconnaitre qu’il oppose dimanche les deux premiers du classement. Certes. Mais regardons les choses en face : si l’OM doit sa place à une incroyable série de 6 victoires consécutives, ce qui est incroyable c’est surtout la qualité de ses adversaires. Sur les 6 adversaires battus, un seul figure dans les 10 premiers du classement, c’est Reims, qui est 9e. Les autres sont aujourd’hui 13e, 14e, 17e, 18e et 19e. Tir groupé tout à fait extraordinaire, qui en opposant l’OM aux équipes les plus faibles du championnat a permis à des journalistes peu regardants d’inventer un renouveau qui ne résiste pas à l’analyse. Précisons pour porter l’estocade que Valenciennes, qui a infligé à notre leader du championnat un sévère 4-1 la semaine dernière ne pointe qu’à la 8e place. Nous avons donc aujourd’hui avec l’OM un leader de circonstance, et pour tout dire chanceux, qui n’a pas encore affronté de prétendant au titre, et qui ne finira pas dans les 5 premiers du championnat. En face le PSG est déjà plus prometteur, grâce à un recrutement onéreux, et il semble promis à jouer le titre. Sauf que d’une part ce n’est pas encore une évidence et que d’autre part le match à Porto a révélé un écart abyssal entre le niveau européen et notre niveau national, qui doit nous rappeler à un peu de modestie.
Au-delà du classement actuel des deux équipes, prenons un peu de hauteur pour constater qu’en fait, l’OM et le PSG ne figurent à aucun titre parmi les plus grandes équipes de la L1. En 20 ans, chacune a gagné 1 fois le championnat. Dans un championnat de 20 équipes, gagner 1 fois le titre en 20 ans c’est, comment dire, très moyen. En revanche, sur la même période chacune a fini 5 fois deuxième. Nous avons donc face à face non pas les cadors, mais les Poulidor du championnat (ce nom a ici la signification désobligeante que lui reconnaît le langage sportif, mais j’en profite pour saluer le grand Raymond Poulidor).
Une fois de plus nous avons affaire à une manipulation de la presse sportive, qui veut nous faire prendre des vessies pour de lanternes en donnant à ce match ordinaire le nom prestigieux de Classico. Le Classico, nom consacré du choc Barça – Real, recouvre une réalité autrement éblouissante. Ces équipes dominent leur championnat de la tête et des épaules, et même jusqu’aux genoux. En 20 ans, le Barça a remporté 9 titres, le Réal 7, ils n’en ont laissé que 4 à leurs adversaires. Ajoutons que sur ces 20 ans, chacune de ces équipes a remporté 3 fois la Ligue des Champions. C’est à dire trois fois plus que le nombre de victoires en championnat de France pour les protagonistes de notre misérable Classico à la française.
Comme on dit, nous ne jouons pas dans la même catégorie et utiliser le même nom pour ces deux matchs relève de l’usurpation. On prend une bouteille de vieux mousseux éventé et on lui colle une étiquette de Champagne millésimé pour mieux la vendre. Pourquoi une telle escroquerie médiatique ? Cette question appelle une réponse évidente et une autre qui l’est moins.
Réponse évidente : cela permet de vendre du papier avant le match, et du temps d’antenne pendant. Canal+ va rassembler une audience record, et les journaux sportifs auront sans doute dopé leurs ventes. Comme souvent les journalistes inventent un événement, le créent de toutes pièces, pour rassembler un public plus large. C’est triste mais c’est courant, n’épiloguons pas.
Sauf que là les journalistes vont profiter d’un double effet. Si, comme je le pense, le match se révèle sans intérêt, qu’il débouche sur un mauvais spectacle pour un résultat quelconque, que vont nous dire les journalistes ? Vont-ils déplorer leur propre comportement, et regretter d’avoir bêtement donné de l’importance à un match qui ne le méritait pas ? Ce serait honnête. Ils vont faire le contraire. Ils vont profiter de cet écart entre la vision qu’ils ont eux-mêmes donnée de ce match et ce qu’aura été sa réalité, pour de nouveau vendre plus de papier (et de temps d’antenne) L’Equipe pourra titrer « La montagne accouche d’une souris », et ne soulignera pas que ce sont les journalistes qui à partir d’une simple taupinière ont inventé cette montagne. Entre temps, en plateau, les commentateurs auront pu tout à loisir critiquer les joueurs de cette piètre rencontre, coupables d’avoir été simplement à leur niveau, c’est à dire bien loin du sommet que ces commentateurs eux-mêmes nous avaient vendu.
Les journalistes sont donc gagnants avant le match quand ils nous peignent en termes prestigieux une rencontre quelconque, mais aussi après, quand ils s’aperçoivent pour s’en offusquer que c’était du toc.
Chacun réagit comme il l’entend à cette escroquerie. Moi je ne regarderai pas ce match. Ce qui ne m’empêchera pas de le commenter, évidemment. Bien au contraire : en ne prenant pas connaissance du déroulement du match et de ses vicissitudes, ni des commentaires qu’ils auront appelés, je conserverai intacte mon objectivité et donc le sérieux de mon analyse.
Bonjour,
Vous avez raison de dire que le nom de « classico » orthographié « clasico » en espagne, est usurpé. Mais par ailleurs vous dites que l’OM est premier seulement parce qu’il a joué contre des petites équipes, mais qu’est ce que vous auriez dit s’il avait perdu ( et je dis ça en étant supporter du PSG).
Vous mettez aussi en évidence l’escroquerie médiatique( et vous avez raison) mais personne vous oblige à lire les articles parlant de ce match. Moi par exemple même étant supporter je me préoccupe peu de ce que les journaux disent, j’attends de voir le match.
Enfin, dire que vous commenterez le match sans le regarder reflète votre subjectivité. En effet j’ai l’impression que vous détestez le foot en général et que vous essayez par tout les moyens de le dénigrer.
J’aimeJ’aime
Cher Perez, merci de cette précision pour l’orthographe du mot Clasico en Espagnol, cela m’avait effectivement échappé.
Non, je ne déteste pas le foot, j’adore le foot. Et si je suis volontiers critique, mes reproches s’adressent avant tout à ceux qui se servent de cette passion du football, et de celle que ressentent pareillement des millions de supporters, pour dire des bêtises et vendre du papier. Relisez bien les billets de Pantheon Foot, vous y verrez une passion sincère pour ce sport, sans doute la même que vous, mais la volonté de ne pas nous laisser endoctriner et même abuser par ceux qui prétendent nous dire ce qu’il faut penser.
Quant à ne pas lire les articles parlant de ce match, vous avez raison, c’est ce qu’il faut faire. Et reconnaissons que la grève de l’Equipe y aide bien.
J’aimeJ’aime
Le rédacteur de cet article a mille fois raison. Les confrontations OM-PSG ou PSG-OM ont rarement été de qualité. En revanche, si on on peut parler de sommet , c’est bien en matière de bétise et de stupidité de la part d’une frange trop importante des supporters des deux clubs.Qui sera le plus débile et le plus violent ? Dans ce domaine , il faut bien reconnaître que les parisiens ont été des précurseurs. Malheureusement, les supporters marseillais, qui au début des années 90 se comportaient encore de manière civilisée, n’ont rien trouvé de plus intelligent que devoir imiter leurs « collègues » parisiens. Résultat aujourd’hui: on se trouve avec des rencontres entre les clubs des deux premières villes de France où les supporters ne peuvent même plus cohabiter dans le même stade. Quelle tristesse due à l’incommensurable bêtise d’un certain nombre d’individus qui croient être des supporters et qui en réalité n’ont qu’une idée en tête: la baston!
J’aimeJ’aime
Merci Claron de souligner une des conséquences de cette manière de donner une importance excessive à ces rencontres : la rivalité entre les deux clubs s’est muée en hostilité, d’où des débordements de violence de part et d’autres. Qui a commencé, je ne saurais le dire, mais il est certain qu’aujourd’hui la bêtise est des deux côtés.
Le seul moyen pour calmer tout cela serait de cesser de donner une importance démesurée à cet affrontement. La bulle se dégonflerait d’elle même. Certains responsables des deux clubs l’ont compris, mais pas tous les journalistes.
J’aimeJ’aime
Je sais pas qui a osé écrire cet article mais je trouve qu’il a la mémoire courte en terme classico OM-PSG car des beaux but y en a eu : 2003:Ronaldinho , 1998-99:Simone, 2002:Bagayoko, 2008: Niang, 2003-04:Pauleta etc et j’en passe donc voilà renseignez vous monsieur le rédacteur avant d’écrire
J’aimeJ’aime
Bravo totalfoot pour votre mémoire impressionnante.
Une remarque toutefois. Vous pouvez citer beaucoup de beaux buts marqués dans ces confrontations. Mais ne pensez vous pas que de beaux buts ont aussi été marqués dans des matchs moins médiatisés ? Les Bordeaux Toulouse, les Lens Lille, n’ont ils pas donné lieu eux aussi à des beaux buts ? Je suis sûr qu’en cherchant dans votre mémoire encyclopédique vous en trouverez. Et je suis sûr aussi que si vous n’en trouvez pas autant que pour OM PSG, ce n’est pas parce qu’il y en a eu moins, mais parce qu’ils ont eu moins d’écho.
Pour le dire autrement, je reconnais que je n’avais pas mémorisé tous les beaux buts marqués dans les OM PSG. Mais je maintiens que ces matchs ne sont pas plus spectaculaires ni simplement de meilleure qualité que les autres matchs. Et leur enjeu, souvent moyen, ne mérite pas le battage médiatique dont ils bénéficient.
J’aimeJ’aime
Oui mais Le sujet de ton article est sur le classico OM-PSG donc faudrait savoir de quoi on parle
J’aimeJ’aime
De toute façon faut pas comparer un classico espagnole à la notre c’est pas comparable ,chaque pays à sa culture du foot et soyons fier du notre et pour ce qui est de la violence autours de cela c.est une question que la fédération doit résoudre au plus vite et prendre exemple de ce qui se fait de mieux à nos voisins européen (en Angleterre par ex). Et ce n’est pas du tout à cause de la médiatisation comme j’ai pu lire sur les coms car regarder en Espagne le Réal-Barca c’est médiatiser et regarder par plus d’1milliard dans le monde et entend aucun débordement donc prenons exemple sur ça ‘
J’aimeJ’aime
Si les equipes que Marseille a battu pointent en queue de championnat, c’est aussi parceque Marseille les a battu. Pas seulement. Mais aussi.
Donc rabaisser la performance de Marseille sur le seul fait que cette equipe a rencontre des equipes plus faibles est discutable, mathematiquement. Et peut etre meme malhonnete. En tout cas, c’est grave. A mon avis, possiblement en fait, un article de propagande deguise d’un supporter du cop Boulogne.
J’aimeJ’aime
Merci Polanski pour cette remarque tout à fait judicieuse et pertinente.
Je peux tout de même y répondre qu’après maintenant huit journées, le classement des équipes peut être considéré comme significatif de leur valeur, même si celles qui ont rencontré l’ogre marseillais ont un handicap par rapport aux autres.
D’ailleurs même en ajoutant trois points aux équipes battues par l’OM, bien peu se hissent dans la première moitié du classement.
A bientôt de vous lire.
J’aimeJ’aime
A part ça j’assume aussi un brin de mauvaise foi. Il en faut bien un peu sur ce site qui en manque singulièrement.
J’aimeJ’aime
Si le clasico espagnol comporte une dimension historique, avec deux régions qui s’opposent (politiquement encore aujourd’hui), c’est à dire Catalans et Castillans, le classico français a lui aussi des antécédents historique non ?
N’oublions pas qu’elle a été rebaptisée « La ville sans nom » en 1974…par les autorités révolutionnaires parisiennes.
J’aimeJ’aime
Merci de ce commentaire très intéressant. Et bravo pour ton pseudo particulièrement adapté.
Je suppose que tu voulais mentionner la date de 1794 et non pas 1974, les autorités révolutionnaires mises en place en 1974 par Valéry GIscard d’Estaing n’étant pas aller jusqu’à rebaptiser les petites villes de province.
Alors oui, on peut rappeler que début 1794 la ville de Marseille s’est opposée à la convention, et qu’elle a ainsi été en quelque sorte privée de nom pour sanctionner ce comportement. Mais quelques années ont passé, et je suis favorable à ce que cette bourgade de pêcheurs (de pécheurs ?) retrouve sa place au sein de la République Française, et au sein de notre Championnat de France de football.
J’aimeJ’aime
Mea culpa pour le pseudo 😉
En effet je voulais parler de l’année 1794, erreur de frappe.
Lol oui de l’eau a coulé sous les ponts de cette petite bourgade. Je pense, plus sérieusement que si le classico a pris tant d’ampleur aujourd’hui, c’est surtout parce que M. Tapis a volontairement fait monter la pression dans les années 90, et les médias ont amplifié la chose.
Sur le terrain en revanche, rien à voir avec un Barça Real, il n’y a qu’à voir la pauvreté du jeu parisien dimanche dernier pour s’en rendre compte…
J’aimeJ’aime