Match footballeurs – traders : qui faut-il haïr le plus ?

Le week end dernier, Christiano Ronaldo n’a pas célébré ses deux buts pour son club du Real Madrid. Il a avoué après le match être « triste », pour des raisons professionnelles, et non privées. On a compris ensuite qu’il était mécontent de sa feuille de paie, seulement 10 millions d’euros nets par an. Il a surement appris que le PSG payait Ibrahimovic 14 millions nets. Dur pour lui, avec ses 150 buts en 149 matchs de son équipe. Certaines injustices sont si grandes qu’il est parfois difficile de les accepter. On est alors accablé de tristesse.

Ce type de problème rappelle les difficultés psychologiques que rencontraient certains traders stars dans les années 2000. On leur annonçait leur bonus annuel, un million d’euros, par exemple, et ils renversaient la table, fous de douleur. Ils croyaient savoir par la rumeur qu’un concurrent avait donné le double à un trader aux mêmes résultats. Pas de psychologue pour les aider, rien. Triste. Les grandes douleurs sont souvent muettes.

Alors, faut-il détester plus les traders ou les footballeurs ?

C’est une question importante à laquelle nous allons tenter de répondre pour aider nos lecteurs.

On sait depuis toujours que le fait de détester des gens est excellent pour la santé. Partager cette haine entre amis, communier dans la haine, est encore meilleur.

Or, à notre époque humaniste, on ne peut malheureusement plus détester des minorités ethniques, religieuses, sexuelles, sociales etc… Tout d’abord, c’est interdit par la loi. Ensuite, l’histoire démontre que cela n’apporte rien de bon. Et enfin, même sur un plan purement personnel, il n’est pas bon de détester des gens que l’on croise tous les jours dans la rue. On est mal à l’aise, et finalement malheureux.

Les spécialistes recommandent donc de détester des gens puissants, peu nombreux, que l’on ne connait pas. C’est permis par la constitution. On n’est pas mal à l’aise car on ne les rencontre jamais. On peut partager notre haine avec les autres. On se sent tout de suite mieux.

Détester les footballeurs stars qui touchent des millions est donc, peut-être, une solution. Mais si on est fan d’une équipe, par exemple le PSG, il suffit qu’Ibrahimovic marque 4 buts en 3 matchs pour qu’on cesse de le haïr et que l’on oublie ses 14 millions. Et puis, en dehors de Ronaldo, les footballeurs sont rarement totalement antipathiques. Ils sont humains, on les voit sourire, se réjouir, et même, parfois, pleurer comme des fillettes, comme John Terry, à Moscou en 2008, en finale de la champion’s league, lorsqu’il a glissé avant son tir au but décisif raté. Il est toujours plus difficile de haïr pleinement quelqu’un dont on perçoit les joies, les peines, l’humanité (à part Christiano Ronaldo, bien entendu).

Nous recommandons donc à nos lecteurs de haïr les traders.

Comme l’a dit notre Président, M. Hollande, « Mon ennemi n’a pas de visage, c’est la finance ». Nous ne connaissons pas les traders, ils n’ont pas de visages. Nous pouvons les déshumaniser.

Imaginons-les spéculant sur la misère, créant des crises mondiales, fermant des usines, sans raison, juste par vice et appât du gain ; regardons-les « creuser la dette au lieu de se creuser la tête » (Souchon, dans « Parachute doré »). Fermons les yeux et observons-les, une fois leurs méfaits accomplis: ils se prélassent avec des femmes de mauvaise vie dans des paradis fiscaux, qu’ils rejoignent dans leurs jets polluants.

Alors oui, jetons nos antidépresseurs, devenus inutiles, et haïssons les traders anonymes et méchants. Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais.

 

1 commentaire

  1. Benlosam recommande à ses lecteurs, avec l’humour que nous lui connaissons, de haïr les traders. Mais des journaux beaucoup plus sérieux n’ont pas hésité à insulter les banquiers dans leur ensemble.

    La une de l’Express (No 3006, semaine du 12 au 19 février 2009) proclamait ainsi : « Pourquoi les banquiers sont nuls ». La question n’est donc même plus de savoir si les banquiers sont nuls ou pas, apparemment c’est établi, ils sont bien nuls, mais de savoir pourquoi.
    A ma connaissance, depuis le milieu du XXe siècle, aucune catégorie de personnes ne s’était ainsi vue insultée à la une d’un magazine national « sérieux »(c’est à dire autre que d’extrême gauche, ou extrême droite, ou extrême autre chose).

    Or parmi les banquiers figurent certes les traders que décrit Benlosam, assoiffés d’argent et perclus de vices, mais aussi des gens honorables, qui font honnêtement un métier socialement utile. L’Express n’a pas eu pitié de ces braves travailleurs, traités de nuls avec l’ensemble de cette profession.

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