La victoire de l’Espagne augmente les inégalités dans le football.

L’Espagne a remporté l’Euro 2012 en finale contre l’Italie (4-0). Cette victoire confirme la tendance fâcheuse à l’augmentation des inégalités dans le football. Analyse et propositions.

 

L’Espagne écrase tout.

Trois phases finales de suite, deux Euros, une coupe du monde, du jamais vu.

Malheureusement, le rapport accablant de l’Observatoire des inégalités dans le football le confirme : l’Espagne a tout, la France, Andorre et le Luxembourg, rien.

On espérait que le match d’hier amorcerait un renversement de tendance, c’est le contraire qui s’est produit.

L’Espagne ne s’est pas contentée de gagner. Elle a écrasé son adversaire 4-0 en étalant ses richesses.

Alors qu’elle menait déjà 2-0 (buts de Silva et Alba), l’Italie fut réduite à 10 sur blessure à la soixantième minute. Les trois remplacements italiens étaient déjà effectués. L’Espagne aurait pu alors se contenter de gérer le match pour ne pas désespérer le reste du monde et ne pas créer de tensions sociales inutiles. Elle a choisi, au contraire, de faire entrer ses richesses, Torres, Pedro, Mata, trois joueurs qu’elle avait sur le banc et qui feraient le bonheur comme titulaires incontestables de n’importe quelle autre sélection, et elle a inscrit deux buts supplémentaires (Torres, Mata).

Cette attitude ostentatoire ne la grandit pas. Elle a fait preuve d’arrogance.

Xavi, Iniesta, Fabregas, Silva, Mata, Piqué, Ramos, Casillas, Pedro, et j’en oublie, tous dans la même équipe. Que reste-t-il aux autres pays ?

 

Rétablir un impôt redistributif

Nous avons interrogé Thomas Pikettout, économiste du football. Il confirme ce constat.

« La mondialisation du football a accru les inégalités de manière catastrophique. L’Espagne est toujours plus riche, la France toujours plus pauvre. »

Thomas Pikettout préconise le retour à l’impôt redistributif, qui réduisait dans le passé significativement les inégalités.

« L’impôt payé par les pays du sud de l’Europe à la France permettait de réduire les inégalités. L’Italie payait son impôt en nous donnant Platini, l’Espagne Fernandez, nous pouvions grâce à eux éliminer l’Italie en huitièmes de finale de la coupe du monde 1986 (2-0). Le Portugal nous donnait Pirès, nous gagnions la coupe des confédérations 2001. »

La mondialisation a supprimé cet impôt. Comble de l’injustice, on pourrait même assister à des phénomènes inverses : on murmure que le fils de Zidane, excellent footballeur, pourrait choisir l’Espagne. Les pauvres donneraient aux riches? Insupportable.

 

L’arbitrage actuel ne réduit plus les inégalités

Bien sur, une autre explication est l’énorme problème de l’arbitrage.

Auparavant, l’arbitrage était totalement volatil, c’était en gros n’importe quoi.

L’arbitre avait donc une importance cruciale dans le résultat, n’importe qui pouvait gagner ou perdre.

On l’oublie trop, mais cet arbitrage catastrophique avait une finalité : il réduisait considérablement les inégalités, puisque les meilleurs n’étaient absolument jamais surs de rien, l’arbitre avait une influence bien plus grande sur le résultat que le niveau des équipes.

C’était un arbitrage socialement juste.

Pour des raisons difficiles à expliquer, peut-être une diminution de la corruption, peut-être aussi le fait que les six arbitres communiquent maintenant en temps réel entre eux, limitant les énormes erreurs grossières, l’arbitre, aujourd’hui, se trompe beaucoup moins souvent.

On a même pu constater sur des ralentis dans cet Euro, et c’est un comble, que certains hors jeux sifflés étaient réels ! Où va-t-on ?

Ce nouveau système d’arbitrage favorise les riches comme l’Espagne. Il doit cesser.

 

Des inégalités devenues intolérables. L’ascenseur social est en panne.

Nous ne voulons pas que le football devienne un sport comme les autres. Un sport où le meilleur gagne. Le football ne doit pas devenir Roland Garros. Un sport où les riches sont toujours plus riches, et les français toujours plus pauvres.

Comme le disait Lineker, en 1990, « le football était un sport qui se jouait à onze, et à la fin l’Allemagne gagnait ». Mais au moins les allemands étaient violents, mauvais techniquement, méchants, mal coiffés, laids. Ils gagnaient, mais ils ne le méritaient pas. Les femmes les fuyaient. Nous éprouvions la satisfaction, nous les pauvres, de voir leur richesse mal acquise et imméritée.

Aujourd’hui, le football est devenu un sport qui se joue à onze, et à la fin les espagnols gagnent. Mais les espagnols sont les meilleurs, ils sont techniques, beaux, bien coiffés, avec des barbes de trois jours et des yeux bleus, toutes les femmes sont folles d’eux. Ils ont tout. Nous n’avons rien.

 

Reconnaître hypocritement notre défaite, mais rester uni et reconstruire sur des propositions.

Avec la victoire de l’Espagne, l’école Déterministe claironne évidemment sa victoire sur tous les plateaux de télévision. Même s’ils ont tort sur un plan théorique (l’Espagne aurait probablement perdu aux tirs au but contre le Portugal si elle avait tiré en second), il est difficile, les soirs de défaite, de défendre nos idées (1).

Alors nous acceptons, tactiquement, sur les conseils de nos conseillers en communication, même si nous n’en pensons pas moins, de reconnaître la défaite de notre école Agnostique Stochastique.

Mais nous reconstruirons, sur la base de propositions concrètes, afin de réduire les inégalités, et de retrouver la grandeur d’un football totalement stochastique et juste, où l’ascenseur social marcherait à nouveau.

Andorre champion du monde au Brésil en 2014 ? C’est ambitieux, mais il faut y croire.

 

Réformer en s’inspirant de ce qui ne marchait pas avant, nos 5 propositions.

1. Refuser l’introduction de la technologie sur la ligne de but.

2. Retirer le système de communication entre les arbitres.

3. L’équipe qui mène n’aura plus le droit de marquer, pour favoriser les matchs nuls et les séances de tirs au but.

4. Pendant les dix prochaines années, l’Espagne tirera toujours en second les tirs au but.

5. Les espagnols joueront avec un boulet à un pied.

 

Ce boulet aux pieds des espagnols devrait permettre de réduire les inégalités dans le football.

 

(1)  Rassurez-vous, nous défendrons quand même nos idées. MAL prépare un post dans lequel il va renvoyer les Déterministes dans leurs buts. Rira bien qui rira le dernier.

9 commentaires

  1. Quel plaisir de vous lire! Merci beaucoup pour ces propositions judicieuses qui, sans exagération, font de vous une alternative très sérieuse à Michel Platini pour la Présidence de l’UEFA.Un ticket avec MAL serait sans aucun doute gagnant. Puis-je suggérer une 6ème proposition: pénaliser l’équipe menant au score d’autant de joueurs en moins qu’elle n’a de but d’avance. Ainsi l’Espagne (décidément !) n’aurait jamais pu gagner 12-1 contre Malte dans les années 80 car elle aurait terminé sans joueur.

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  2. Bravo Benlosam pour ce plaidoyer en faveur d’un football totalement stochastique. Peut-etre une solution simple mais consensuelle serait de selectioner les arbitres parmi l’AAAAV (Association Amicale des Arbitres Aveugles et Malvoyants), mais de conserver le systeme de communication dont l’impact deterministe s’en verrait considerablement diminuer.

    Andorre pourra ainsi jouer d’egal a egal avec l’Espagne dont le son metallique de la chaine des boulets sera un element important pour l’arbitrage devenu principalement auditif.

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    1. Cher Jack W, tout d’abord, tous nos voeux de rétablissement. Vous avez beaucoup manqué à Arsenal et à l’équipe d’Angleterre cette année. Ensuite, merci de signaler le problème du bruit métallique des boulets. Une solution élégante serait probablement de choisir des arbitres mal entendants. Ils ne seraient gênés ni par le bruit métallique, ni par les insultes de notre génération 87. A vous lire de nouveau.

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  3. Toutes les options sont bienvenues…mais je me demande, si c’était la France celle qui avait gagné, si l’analyse serait la même.
    En outre, accuser quelqu’un et dire qu’il/ils est un arrogant, c’est peut-être éxagérer…non?
    Cordialement,
    Elena

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    1. Mme Elena, un grand merci pour votre commentaire! Vous avez parfaitement raison, si les bleus avaient gagné, nous aurions réagi différemment. Pour nous une situation équilibrée en termes de partage des richesses au football est celle qui prévalait en 2000 : la France championne d’Europe et du monde, les espagnols mangeant des tapas dans un bar. Notre ethnocentrisme est très fort : le football français est, selon nous, naturellement fait pour dominer. Nous avons donné au monde Rocheteau, Bellone, Hervé Révelli et tant d’autres. La situation actuelle, en revanche, est profondément injuste et doit cesser. A vous lire sur notre site.

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