Lyon, 11 mai 2017, 22h55
Lyon y a cru. Et nous aussi, au stade ou devant notre télévision.
Lyon s’est battu. La demi-finale retour d’Europa League contre l’Ajax a été un combat formidable, engagé, fou. Et en même temps respectueux, avec deux équipes fair play, des joueurs adverses, qui, au cœur du combat, se tapaient dans la main en se relevant, pour se féliciter d’un tacle au bout d’une course de 30 mètres. Tout ce que le football peut donner de beau dans l’engagement, le suspense, le courage et le respect, nous a été offert hier.
Ça s’est joué à 10 centimètres, au bout du match, sur un tir du gauche de Cornet. Et puis l’arbitre a sifflé la fin. Et là, soudain, tous les Lyonnais se sont effondrés au quatre coins du terrain. On voyait ces corps allongés, certains le nez dans le gazon, d’autres les yeux fermés vers le ciel, immobiles, foudroyés par le chagrin.
Pendant ce temps, les joueurs de l’Ajax s’embrassaient, sautaient, partageaient leur joie.
Lacazette, un des rares Lyonnais debout, refusait de montrer son visage sur lequel il avait remonté son maillot. Il était trop triste, il ne voulait pas, sans doute, que le monde entier voie ses yeux mouillés.

Manchester, 11 mai 2017, 22h56
Exactement au même moment, à Manchester, il restait deux secondes et Celta Vigo n’avait qu’un but à marquer pour éliminer Manchester United et se qualifier pour la finale. John Guidetti, le Suédois du Celta Vigo, avait justement un ballon à un mètre du but, mais il était surpris et ne pouvait ajuster. Coup de sifflet final au même instant. Immédiatement, comme les Lyonnais deux minutes plus tôt, les joueurs du Celta Vigo étaient comme fauchés par une rafale d’arme automatique. Ils s’écroulaient, seuls, partout sur la pelouse anglaise. Pendant ce temps, Pogba et les Mancuniens exultaient et s’embrassaient.
Sur les deux terrains, les images étaient les mêmes : joie collective d’un côté, détresse individuelle de l’autre. Joie en bondissant sur ses deux pieds et douleur couchés au raz du sol.

Inconsolables
Le spectacle des joueurs de Lyon et du Celta Vigo, allongés, éparpillés sur le terrain brisait le coeur. Ici ou là, un coéquipier remplaçant ou un adversaire tendait une main pour relever un joueur, dans un geste de fraternité et de consolation. Certains se laissaient relever. D’autres non.
Guidetti, le Suédois de Vigo, acceptait une main. Mais, debout de nouveau, il restait figé, immobile, incapable de commander ses jambes. Il était cloué juste devant le but, à l’endroit où il avait manqué la balle de qualification, chaque muscle concentré sur la douleur. Seules ses mains bougeaient. Elles cachaient son visage et ses yeux mouillés puis se posaient sur son crane rasé, puis revenaient sur son visage.

Le football sport magnifique
Le football est le plus beau sport parce que la vérité du football, je l’ai déjà écrit, ce sont les larmes de Payet et la douleur de Lacazette et Guidetti.
Parce que le football est un sport collectif dans lequel la souffrance est individuelle.
Parce que le football nous montre que l’or, l’argent, la réussite matérielle, ne sont rien par rapport à nos rêves d’enfant.
Le rêve d’enfant de Lacazette, Guidetti et de tous les jeunes hommes de l’OL et de Vigo, crucifiés sur les pelouses de Lyon et Manchester hier soir, c’était de soulever un jour une coupe d’Europe.
Ce rêve ils l’ont touché du bout du pied hier. Et puis soudain, d’une seconde à l’autre, le coup de sifflet de l’arbitre a interrompu leur rêve, et ils se sont réveillés couchés sur le gazon.
Et c’est pour ça que nous aimons le football et continuerons à l’aimer.
Joli billet, je suis sincèrement ému.
Effectivement je crois que le chagrin d’un match perdu ne gagne pas à être partagé.
Malheureusement.
Chacun doit trouver en soi la force de le surmonter, ce n’est pas toujours facile.
Bon courage à tous les perdants.
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Wow
Superbe
J ai (re?)lu aussi celui sur payet du coup.
Tellement, tellement vrai, j irais meme plus loin, toute personne qui ne s est pas racontée tte sa vie qu il allait gagner la coupe du monde (jusqu aujourd hui pendant ses footings pour certains !) ne peut pas tout a fait, completement, comprendre ou aimer le football.
Le reve de celui la, c est exactement comme tu le dis, un reve de gloire, le reve de la gloire la plus ultime. quel etre (a part peut etre michael jackson) a connu une gloire plus ultime et universelle que maradona en 86? Que ronaldo en 98-2002, que beckham zidane et aujourd hui cristiano ronaldo ou messi.
Regner sur ce sport, c est etre déifié, c est un peu aussi ce qui arrive a macron en ce moment, c est arriver a atteindre chacun.
Et gagner un titre européen ou planétaire, c est avoir trouvé sa place dans un récit d une conquête, c est avoir participé au rêve de milliers de gens, mais de l interieur, c est realiser qqch que personne ne pourra jamais vous enlever. (Meme un bernard diomede ou francois Bayrou peut se le dire).
Vive le football, et vivent les moments d euphorie collective.
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