Pourquoi je suis devenu supporter de Chelsea

Nos lecteurs le savent, comme mon collègue MAL, je suis un supporter d’Arsenal. Je ne le suis plus depuis hier. Voici pourquoi.

Au temps de l’amour

Dimanche 9 novembre, Swensea –Arsenal, 2-1

Sous une pluie battante, Sanchez vient d’ouvrir le score pour Arsenal, quand Gibbs concède  un coup franc aux 20 mètres. Superbe feuille morte, 1 partout. Gomis, qui vient d’entrer pour Swansea, place une tête gagnante sur son premier ballon. Arsenal est mené 2-1 à Swansea. Sensation familière. Pendant que je regarde l’absence de réaction de Wenger, qui ne lance Walcott et Wilshere qu’après la 80ème, pendant que Walcott rate un contrôle dans la surface, je me remémore le match de la veille, la démonstration de Chelsea, vainqueur des reds de Liverpool dans leur antre de Anfiled sur ce même score de 2-1.

Wenger déprimé

Révélation au coup de sifflet final

Quand l’arbitre siffle la fin du match, quand la défaite d’Arsenal est définitive, pendant qu’Arsène, trempé, cherche la main du coach adverse avant de disparaître, je me demande : pourquoi, déjà, suis-je supporter d’Arsenal ? Pourquoi m’infliger ce supplice ? Pourquoi supporter une équipe qui n’a gagné qu’une cup en 9 ans, et encore, dans la souffrance, qui vient, comme d’habitude, de se faire remonter de 3-0 à 3-3 en champion’s league et qui perdra bientôt en huitième ? Une équipe qui a 12 points de retard sur Chelsea ? Qui a acheté l’an dernier 42 millions de livres un joueur déprimé, déprimant et inefficace, le fâcheux Özil ?

Wenger très déprimé

La séparation

Soudain, je comprends que mon amour pour Arsenal est injustifié et idiot. Certains suivent des psychanalyses de plusieurs années pour réussir à quitter la femme ou l’homme dont ils sont tombés amoureux à 20 ans ; sans psychanalyse je viens d’arriver au même résultat avec mon équipe. Comme on disparaît de la vie de quelqu’un en allant chercher des cigarettes, j’éteins mon téléviseur et décide qu’Arsenal et moi, c’est terminé.

Un nouvel amour

Seulement voilà, je suis trop lâche pour supporter la solitude et l’incertitude d’une vie de célibataire, la perpétuelle remise en question et les dimanches solitaires. Comment assumer la honte lorsque je devrais répondre à la question (la première en Angleterre lorsque l’on rencontre quelqu’un) : who do you support ? Je ne peux évidemment pas répondre « Personne, le football ne m’intéresse pas », comme un français cadre supérieur de base, qui lit le Monde et imagine qu’Edgar Morin est un grand intellectuel. Non, à Londres où j’habite, la pression sociale serait trop forte. Ici le modèle footballiarchal (un homme, un club) est dominant.

Je dois me remarier immédiatement.

Or j’habite à 500 mètres du stade de Stamford Bridge.

Je décide donc rationnellement de choisir Chelsea, malgré Mourinho, malgré l’antipathie que j’ai toujours éprouvée pour ce club milliardaire. Après tout, un mariage, surtout le deuxième, n’a pas besoin d’être bâti sur l’amour. Un mariage d’intérêt a autant (sinon plus) de chances de réussir. Mourinho est égotiste, insupportable, mais il a le cul bordé de nouilles. Hazard et Fabregas savent jouer au football. Quant à Diego Costa, il est très laid, massif et disgracieux, mais, contrairement à Giroud et Welbecq, il plante la balle au fond des filets.

Mourinho, jamais déprimé

Fan de Chelsea

Comme Heidegger a adhéré au parti nazi en 1933, j’adhère au fan club de Chelsea en novembre 2014, alors que les blues caracolent en tête du championnat.

Fini le frisson de la passion, fini le côté un peu con-con de l’amoureux transi d’Arsenal dont j’ai déjà parlé, je vais enfin profiter des joies simples de la victoire. Sur Panthéon Foot, j’écrirai des posts à la gloire de Mourinho. Je célèbrerai la virilité de l’argent.

Le mariage de Chelsea Clinton

Ne pas se retourner, jeter la nostalgie à la rivière

Adieu Arsenal. Adieu Sanogo, Bendtner, Arshavin, Santos, Park, Chamakh, Özil. Séparons-nous en bons termes. Inutile de ressasser le passé. Nous avons connu quelques bonnes années, beaucoup de mauvaises, souhaitons-nous bonne chance, sans acrimonie.

La prochaine fois que vous viendrez perdre 6-0 à Stamford Bridge, je serai dans les tribunes, avec une écharpe bleue. Je chanterai « Mourinhooooo », et « There is only one team in London ».

Mariage mixte

Le sermon sur Stamford Bridge

Comme un homme riche abandonne sa femme vieillie, sa cellulite et ses vergetures, pour la peau encore parfaite d’une jeunette qu’il n’aime pas vraiment, je laisse Arsenal à son triste sort. Sans joie, mais sans regret.

J’abandonne les affres de l’amour pour le confort matériel ; je choisis d’être un salaud heureux.
Le sermon sur la montagne, très peu pour moi. Je le laisse aux fans des gunners, là-bas au nord de Londres. Les derniers seront les premiers ? Nous verrons. Peut-être dans une autre vie. En attendant, je rejoins le camp des cadors, le camp de l’argent, le camp de la victoire.

Même si je ne le pense pas au fond de moi, par intérêt uniquement, comme un marrane, je le chante, l’écris et le proclame : allez Chelsea !

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