L’art français de la drague en danger ?

Nous vivons le crépuscule de la drague.

Vers la fin de l’art français de la drague

Ce sport, créé au XVIIème siècle, sera bientôt interdit, victime de la confusion des genres, de la « lutte contre les inégalités ». L’interdiction passera toutefois inaperçue car il sera d’abord devenu obsolète, victime de la technique.

Une discipline essentiellement masculine

Le lecteur me fera remarquer, à juste titre, que la femme peut elle aussi draguer. La femme moderne drague, d’ailleurs, avec son regard, ses faux cils qu’elle cligne exagérément, ses mots susurrés, ses sms, ses talons aiguille et ses strings apparents ; elle choisit ses victimes et brise les cœurs sans pitié. Mais enfin, il est rare qu’elle passe ses journées, sa vie, à aborder les hommes dans toutes les situations. La vraie drague reste d’abord un art de la chasse, où le chasseur, presque toujours un homme, fond sur sa proie, presque toujours féminine. C’est un des derniers marqueurs de la masculinité, ce mot féminin désuet.

Cet art est donc tout à fait scandaleux pour nos idées modernes, qui confondent différences des sexes et inégalités. Au nom de la parité et de la lutte contre les inégalités, il faut gommer toutes les différences : l’homme ne pourra donc plus draguer. D’ailleurs, toute drague n’est-elle pas un harcèlement ? Les femmes veulent, nous dit-on, se promener tranquillement dans la rue sans qu’on les « harcèle ». Une vidéo, vue des millions de fois, a montré une jeune belge se promenant en jupe et subissant des flots de commentaires sexuels insultants. Scandale ! Tout est harcèlement, d’ailleurs. Chaque homme est un violeur en puissance. Une femme est victime d’agression sexuelle toutes les cinquante minutes en France, ou toutes les cinq minutes ou les cinq secondes, je ne sais plus, titrent les journaux ; appelez le numéro vert.

Bien sur, ces insultes n’ont rien à voir avec l’art de la drague, qui est d’abord un hommage aux femmes. Bien sur, les femmes veulent en réalité se sentir désirées dans le regard des hommes, contrairement à ce que racontent les ministres de la parité. Mais elles ne peuvent le dire publiquement, on les rangerait dans le camp des ennemies du progrès, on les accuserait d’être victimes du syndrome de Stockholm, de chérir la main masculine qui les opprime.

Peu importe ces confusions entre la beauté d’un art et la violence des psychopathes qui insultent les femmes. Sans pitié, on jette le bébé à l’égout, avec l’au du bain. Au nom de la lutte contre le harcèlement, au nom de l’écrasement de la domination masculine, l’art de la drague sera peu à peu interdit et chassé de nos villes, comme la peste et le choléra l’ont été jadis. C’est inéluctable, tout doit mourir, nos lecteurs le savent, la drague comme le reste.

Les nouvelles technologies rendent la drague obsolète

De toute façon, me direz-vous, la drague au grand air, comme le livre papier, est une technologie du passé, dépassée.

Aujourd’hui, les dragueurs sont sur « Tinder », qui les informe des partenaires disponibles dans un rayon de deux kilomètres autour d’eux. Ils cliquent « j’aime » sur une photo. Une demi-heure plus tard, le coït bestial déjà terminé, les amants se rhabillent dans une chambre d’hôtel sale (« Tu n’as pas vu ma culotte … euh comment tu t’appelles déjà ? »). Terminé la phase de repérage. Fini l’abordage. Aucune possibilité de passe décisive. C’est la fin du beau jeu.

Bientôt, les professeurs emmèneront leurs classes dans les musées des traditions populaires et leur montreront une photo : « Regardez les enfants, ici, cet homme invite cette femme à prendre un café », « Pourquoi y f’zaient ça M’sieur à c’tépoque ? Y z’avaient pas Tinder ? »   répondront les élèves, en levant distraitement les yeux de leurs smartphones de 32ème génération.

Un art français, vieux de 4 siècles, meurt sous nos yeux et personne n’assiste à son enterrement.

Les « statistiques » dans le football comme dans la drague

Pendant ce temps, dans le football mondialisé où seuls quelques championnats attirent les meilleurs joueurs, on a remplacé le jugement humain par des chiffres. Nombre de kilomètres parcourus, de duels gagnés, de passes réussies etc.

La capacité humaine de juger, de discerner le beau du laid, a été jetée à la rivière. Le pire est atteint avec les attaquants. Seuls comptent leurs « statistiques » (qui sont en fait des chiffres, les statistiques sont des chiffres retraités, mais ne chipotons pas). Combien de buts ? Combien de passes décisives ?

L’obsession du résultat chiffré tue le jeu et la beauté

Ces chiffres du nombre de buts dans le football, ou de pénétrations dans la drague, transforment la réalité qu’ils croient décrire et participent à la mort des deux disciplines. Si on compte les buts ou les filles dans son lit, on se focalise sur l’accessoire, on perd de vue l’essentiel, la recherche du beau jeu, du geste magnifique, de la drague ultime.

L’obsession du résultat ne peut conduire au bonheur, puisque, rappelons-le, l’important ce n’est pas de gagner, ce n’est pas non plus de participer, l’important c’est la beauté.

En tuant la beauté de la séduction, en la remplaçant par de froides statistiques (250 filles abordées, 17% de réussite, je partage sur Facebook et Tweeter mon activité), notre époque morale et sa technique envahissante sont en train de tuer le seul art vraiment anglais, le football, et le seul art vraiment français, le babillage érotique.

5 commentaires

  1. Ça ne vous est jamais venu à l’esprit que les femmes en ont marre de se faire interpeller dans la rue par 1, 2, 3, 4 mecs, si ce n’est plus, dans la même journée? De se faire insulter lorsqu’elles repoussent des avances déjà pas les bienvenues? De devoir presser le pas pour ne pas se faire emmerder et avoir peur alors que la rue est à tout le monde, de jour comme de nuit?
    Non, ce que les femmes pensent de la « drague » que vous encensez ne vous intéresse pas?

    Renseignez-vous mieux. Je vous propose d’aller faire un tour sur ce site pour voir ce que les femmes pensent vraiment de ces techniques de drague absolument lourdes et inopportunes. Ça vous fera peut-être vous rendre compte de la réalité et ravaler votre nostalgie.

    http://france.ihollaback.org/

    J’aime

    1. @Offuno : Très cher Monsieur, je pense que vous passez totalement à côté de l’objectif de ce post.

      Il n’y a point de contestation que ce que l’on appelle très vulgairement « la drague » aujourd’hui est principalement constitué de non moins vulgaire boulets qui se plaisent plus à humilier les femmes qu’à leur faire la court.

      A côté de ça, l’on peut bien parler très poliment à une femme et lui dire « Bonjour, je me présente, je m’appelle Manichéen, je vous trouve très charmante ». La courtoisie ne suscite que très rarement de mauvaises réactions, croyez-moi. Par ailleurs, je préfère personnellement laisser mon numéro que de prendre le leur. Ainsi aurais-je leur numéro uniquement si elles le désirent. Un non suffit en général pour que je m’éloigne et leur souhaite une bonne journée.

      Voyez-vous donc maintenant l’amalgame énorme que vous effectuez entre du harcèlement pur et simple et une approche simple et élégante ? Le problème ne tient pas tant de la drague mais de la mentalité de ceux qui la pratique. Au lieu d’interdire la drague, occupons nous de changer les mentalités.

      A commencer peut-être par la votre qui se contente de voir uniquement le noir et le blanc et qui se refuse à constater l’infinité des nuances de gris de notre monde ..

      Imaginez simplement un monde où personne ne pourrait se parler dans la rue et où toutes les rencontres se feraient au travers de cercles de façon tout à fait endogame (et je parle bien uniquement de parler et non de harcèlement, de réactions désagréables et agressives.) Quel monde triste cela serait .. Et pourtant, ce monde est déjà en partie le notre.

      J’aime

  2. Jolie choix iconographique de ces jambes de joueuses
    Ces chaussures à crampon unique sont elles réellement pratiques?
    Ou sont elles dessinées pour accrocher cœur des hommes
    LB

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s