Maillots jaunes sur tapis vert

Petit tour des vainqueurs du Tour, exclus pour dopage.

Le dopage permet au Tour de France de venir au premier plan de l’actualité en dehors du déroulement de la compétition. Les accusations, les enquêtes, et parfois les aveux, donnent du grain à moudre aux journalistes en mal de scandale (relire notre billet sur ce sujet). Reste le problème du palmarès, et du classement final de l’épreuve tel qu’il figure sur les « tablettes ».

Là comme ailleurs, difficile de trouver une quelconque cohérence dans le traitement des différents cas rencontrés par le passé. Ainsi, Bjarne Riis, vainqueur en 1996, est déclassé en 2007 après avoir avoué avoir pris de l’EPO. Il est un temps rayé du palmarès, et on a pu pendant quelques mois consulter des listes de vainqueurs du Tour dans lesquelles ne figurait personne pour cette année 1996. Mais, sans doute pour éviter cette imperfection, son titre lui a été finalement rendu, et il figure bien aujourd’hui au palmarès de l’épreuve.

Bjarne Riis n’a pas l’air de bien comprendre s’il a gagné ou non le Tour de France 1996.

Floyd Landis n’a pas eu cet honneur. Vainqueur en 2006, il est vite soupçonné de dopage, et après une procédure de plus d’un an, son titre lui est retiré et est donc donné au second du classement, Oscar Pereiro. Notons que Pereiro n’était pas un réel prétendant à la victoire. Sa victoire est liée à une échappée dans laquelle on lui a laissé prendre 30 mn d’avance sur le peloton, pour la raison qu’il n’était pas dangereux au classement final (même si ce jour là il prenait le maillot jaune). Si les favoris avaient pu deviner que cette année là la deuxième place ouvrait la porte à la victoire finale, il la lui auraient disputée, et la lui auraient sans doute prise. Sa victoire dans ce Tour de France semble presque incongrue dans son palmarès, sensiblement plus modeste que celui des autres vainqueurs.

On a retiré son maillot jaune à Floyd Landis.
Voilà le résultat.

Floyd Landis a donc perdu son maillot jaune, mais il est également tombé dans l’oubli : sur certaines sources (Wikipedia à l’heure où j’écris), le titre pour le Tour 2006 n’est accompagné d’aucune note permettant de rappeler son nom. Il a disparu.

Il en va différemment du tour 2010. Comme Floyd Landis, Alberto Contador, initialement vainqueur, a été déclassé pour dopage, et c’est le sympathique et luxembourgeois Andy Schleck qui figure donc comme vainqueur officiel. Mais là au moins une note de bas de page vient rappeler les circonstances de cette victoire.

D’autres vainqueurs ont été convaincus de dopage, Jan Ullrich (1997), Marco Pantani (1998) et bien sûr Lance Armstrong (de 1999 à 2005). Rien sur les tablettes ne vient le signaler pour les deux premiers, dont la victoire reste donc intacte. Il est vrai qu’il serait sans doute inélégant de retirer son maillot jaune à Pantani, décédé en 2004. Quant à Jan Ullrich la raison de cette clémence est peut-être à chercher dans ses 5 places de 2ème du Tour. Il a acquis ces places derrière Riis, Pantani et Armstrong (x3). Si on lui retire son maillot jaune, ne doit-il pas récupérer au moins un ou deux de ceux que l’on retirerait aux autre dopés ?

Avec ses 5 places de 2ème, Jan Ullrich est devancé par Joop Zoetemelk qui en totalise 6.
Là encore, il est 2ème.

Difficile à dire, car si certains maillots jaunes retirés aux vainqueurs ont été attribués à leurs seconds, ce n’est pas le cas de ceux de Lance Armstrong. Il est vrai que la plupart de ses seconds étaient aussi indiscutablement dopés. C’est pourquoi, sur les listes dont il a été exclu, personne ne figure comme vainqueur.

Mais il n’a pas été exclu de toutes les listes. A l’heure où j’écris, on trouve encore sur le très officiel site du Tour de France  un palmarès dans lequel Lance a bien ses 7 Tours de France, et où Contador conserve sa victoire de 2010 (en plus des deux précédentes, acquises en 2007 et 2009 et que personne n’envisage de lui retirer). Mais Floyd Landis est lui toujours exclu, c’est décidément l’exclu le plus exclu parmi tous les vainqueurs dopés.

Quant au site de l’Equipe, il a choisi pour traiter la difficile période Armstrong de simplement l’ignorer. Ainsi sa liste des vainqueurs omet les années 1999 à 2005. Exactement comme ne figurent pas les années sombres pendant lesquelles le Tour ne s’est pas couru (de 1915 à 1918, puis de 1940 à 1946).

Revenons au tour 2013. Qu’adviendra-t-il du maillot jaune de Froome ? Il est probable que des soupçons de dopage vont se développer, et si on finit par détecter un jour quelle substance interdite lui a permis de produire des efforts comparables à ceux de Pantani ou Armstrong au sommet de leur forme, il devrait être déclassé. Avec sa deuxième place, le jeune colombien Quintana n’occupe pas seulement une place d’honneur, il a surtout obtenu la première place sur la liste d’attente après le déclassement éventuel du Britannique.

Maillot blanc du meilleur jeune, Quintana pourrait bien remporter dès 2014 le maillot jaune.
Celui du Tour de France 2013.
La presse sportive pourra donc peut-être nous proposer dans quelques mois une grande première : un Colombien vainqueur du Tour de France.

En plein hiver.

Sur tapis vert.

 

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