Les inégalités entre les championnats français et anglais se réduiraient-elles ? Oui, et merci à Fernando Torres (II / II)

Du spectacle à Stamford Bridge ? Dans les tribunes uniquement !

(Suite de la partie I)

Panthéon Foot m’a par exemple demandé d’assister aux deux derniers matchs de championnat de Chelsea à Stamford Bridge, contre Manchester City et Fulham. Qu’ai-je vu ? Deux 0-0 de suite. Auparavant, le score 0-0 était extrêmement rare en Angleterre, une sorte de faute de goût. Sur la pelouse, il y avait pourtant, en théorie, de grands attaquants : Torres, Dzeko, Aguero, Tevez, Balotelli, Berbatov. Et des joueurs créatifs comme Silva, Hazard, Oscar. Pourtant, le spectacle a été affligeant, fermé, tactique, presque aucun tir ; le public, triste, a sifflé, ce qui est si peu britannique.

Il s’agissait des deux premiers matchs de Raphaël Benitez comme coach de Chelsea, puisque Roman Abramovitch a viré Di Matteo, dans la nuit, après la défaite à Turin, déclenchant la fureur des fans, qui adorent Di Matteo, l’homme qui leur a ramené la coupe aux grandes oreilles, une première pour un club londonien.

Le public de Chelsea a beaucoup sifflé Benitez, et a chanté « One Di Matteo, there’s only one Di Matteo » (sur l’air de Guantanamera).

Seulement un Di Matteo ? En rentrant, j’ai vérifié dans un annuaire italien. Il y a en fait plus de cent mille Di Matteo en Italie! Les fans de Chelsea n’ont donc pas effectué sérieusement leur travail de « fact checking », spécialité qui est pourtant sensée être typiquement anglo-saxonne.

Aguero, Dzeko, semblaient perdus sur le terrain, et lorsque Tevez et Balotelli les ont remplacés, il n’y a eu aucune différence. Du côté de Chelsea, Hazard et Oscar ne savaient que faire du ballon, et on les comprend, les mouvements erratiques de Torres rendant impossible tout jeu normal.

Abramovitch aurait embauché Benitez pour aider Torres. Sous sa direction à Liverpool, Torres aurait été moins mauvais (cela se discute).

Il espèrerait ainsi que son investissement de 60 millions d’Euros dans l’ex grand espoir espagnol, qui pour l’instant ne vaut plus rien, retrouve des couleurs. Pour le moment, c’est pire encore. Torres était inexistant contre City, mais a réussi, le malheureux, à être plus mauvais encore contre Fulham, et les comptes rendus du match suivant indiquent que le désastre continue pour lui (défaite de Chelsea 3-1 à West Ham).

On ne se rend pas au stade pour voir jouer Bertrand !

Quant au derby contre Fulham, malgré le froid, plusieurs spectateurs se sont endormis à côté de moi.

Benitez, sans doute pour montrer qu’il prenait des décisions, avait remplacé Mata par Bertrand. Ce fameux Bertrand, totalement inconnu du grand public l’an dernier, dont le monde entier a vu surgir le nom sur un écran de télévision, le jour de la finale de la champion’s league 2012 à Munich, en lieu et place du malheureux Malouda, un forfait dont Di Matteo, qu’il soit unique ou pas, devra répondre un jour devant un tribunal de juges français. Bertrand a été insipide, comme à Munich, et Mata a mis un peu de mouvement lorsqu’il l’a remplacé. Ashley Cole a été propre techniquement, comme toujours, mais sa coupe de cheveux lamentable interdit de prendre plaisir à le regarder jouer.

Prison ferme requise contre le coiffeur de Cole

Seule toute petite lueur de bonheur, la classe naturelle de Berbatov, arrivé un peu par hasard à Fulham, parce que Wenger a vendu Van Persie à Manchester United, et qu’il a donc du partir, pour ne pas rester sur le banc. Pourquoi Wenger ne l’a-t-il pas pris à Arsenal ? C’est très mystérieux.

Ces deux matchs sont représentatifs du nouveau championnat d’Angleterre. Fermé, ennuyeux. Même Arsenal, battu 2-0 à domicile par Swansea ce week end, jadis plus beau fond de jeu d’Angleterre, tire de moins en moins au but. Quant à Cazorla, la nouvelle petite merveille espagnole d’Arsenal, qui, avec son compatriote Silva à City, est sensé ensoleiller le jeu, il est certainement très fort et très technique, mais on touche avec les petites tailles de Cazorla et Silva aux limites du spectacle : si vous êtes tout en haut de la tribune à l’Emirates Stadium et que vous voyez soudain le ballon s’arrêter tout seul, vous devinez que Cazorla a du le contrôler, mais vous ne voyez que le ballon.

La catastrophe Torres

Tout compte fait, peut-être que le championnat anglais n’est pas si mauvais que cela, peut-être que c’est moi qui en ai marre. Peut-être que le jeu s’est uniformisé, avec les mêmes joueurs européens ou sud-américains partout, les mêmes entraîneurs, les mêmes schémas tactiques, la même rigueur défensive. Peut-être que le football, ça suffit, on se répète, on a fait le tour. C’est toujours la même chose, on passe par les ailes, ou par le centre, on monte sur corner, et disons-le, les gens normaux, dont malheureusement, nous ne faisons pas partie, s’en fichent. Il y a plus important, les guerres, le réchauffement climatique, la dette, l’UMP, l’amour, les enfants, les fleurs, sans oublier, évidemment, le tennis, la musique et les chaussures.

Assister à deux 0-0 de suite, regarder Torres, acheté 60 millions d’Euros, jouer horriblement mal, alors qu’avec 60 millions d’euros, on aurait pu, sinon régler le problème du réchauffement climatique, mais au moins, organiser des élections à l’UMP et acheter des chaussures, c’est extrêmement déprimant.

Car, disons-le, le pauvre Torres est vraiment très mauvais, il fait beaucoup de peine, on se met à sa place, c’est terrible, imaginez, on vous achète 60 millions pour jouer au football comme un Dieu et vous avez en fait les pieds carrés, vous ne savez pas ce qu’il faut faire du ballon, vous n’avez ni technique, ni sens tactique, vous dribblez quand il faut passer, tirez quand il faut dribbler  tombez quand il faudrait rester debout, vous ne comprenez rien, vous êtes, involontairement, un imposteur, un vrai. Torres, c’est un classé 30 au tennis qui se retrouverait par erreur en finale de Roland Garros face à Nadal. C’est affreux, émouvant et tragique. Une énorme erreur de casting, de recrutement, Jimmy Carter Président, Raymond Domenech sélectionneur national pendant six ans, on en rougit, on ressent la terrible solitude de celui qui se trouve quelque part par erreur, par un immense ricanement du destin.

Alors, oui, le championnat anglais est peut-être toujours aussi bon, mais il se peut que Fernando Torres m’ait profondément déprimé, altérant mon jugement. Ne me jugez pas. Je voudrais vous y voir.

Fernando, on t’aime, mais on t’en supplie, change de carrière, réinvente-toi dans un nouveau business. Rebondis. Cher Fernando, tu as certainement des qualités, comme tout le monde, mais pas pour le football, Fernando, pas pour le football, parce que tu nous fais trop de peine, que la vie est courte, qu’il faut en profiter, et que tant que tu galéreras face aux 41’721 spectateurs de Stamford Bridge, il y aura toujours une ombre mélancolique qui planera au dessus du borough de Kensington et Chelsea.

 

Fernando Torres, très déprimé, mais aussi très déprimant

7 commentaires

  1. C’est tragiquement vrai ce qu’il dit sur FERNANDO TORRES. Nous sommes tous d accord qu il etait peut-être un dieu quand il évoluait à liverpool, mais là, il est totalement fini. J ai mal au coeur pour CHELSEA quand je vois cet homme jouer. C est pathétique.

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  2. Lecteur régulier de Panthéon FC, je suis surpris, pour le moins, que l’excellent Benlosam manque a ce point, aujourd’hui, de clairvoyance. Et c’est suspect.

    L’article, je l’avoue, n’est pas sans intérêt. Certains passages montrent que l’auteur, comme à son habitude, a vérifié ses sources. C’est un véritable journalisme d’investigation, qui ne s’en laisse pas compter. Par exemple, je n’aurais pour ma part jamais imaginé que les fans anglais aient pu se fourvoyer a ce point sur l’unicité de Di Mateo.

    Loin de moi l’idée donc d’une critique abusive, systématique ou infondée.

    Pourtant, comment ne pas comprendre l’évidence du remplacement de Fernado Torres par un sosie?
    Comment penser que Benlosam a pu passer à cote?

    Malheureusement, à nouveau, j’ai peur de deviner ici, confusément, une démarche mercantile. Je n’en comprends pas bien les contours. Car encore une fois le modèle financier de Panthéon FC est mystérieux et surtout il est OPAQUE. Mais c’est évidemment la seule possible explication a l’aveuglement (que je pense feint) de l’auteur.

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  3. comment osez vous critiquez torres soit vous tes aveugle soit vous etes con car vous devez etre le seul qui ‘as pas remarquer que petit a petit il revient en forme exemple on une semaine 5 buts

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    1. @bibibi :
      Désolé de vous contrarier mais on peut être aveugle et aimer le football. Et le fait de ne pas l’être ne vous autorise pas à dire des gros mots.

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    2. Cher M. Bibibi, vous avez tout à fait raison. Torres a marqué 5 buts dans les 3 matchs qui ont suivi cet article (plus précisément qui ont suivi l’article Florange où je lui conseillais de changer de métier). Bref, j’ai tout faux. Ajoutons que la premier league vient de produire quelques matchs extraordinaires, comme le derby mancunien (3-2 pour United). J’ai donc été complètement démenti par les faits qui ont suivi mon article. Si vous êtes un lecteur régulier du blog, vous comprendrez que cela me fait très plaisir, puisque rappelons-le, nous faisons partie de l’école des agnostiques stochastiques, qui ne croient en rien, sauf au hasard, et surtout pas à mes propres analyses et prévisions fondés sur ma subjectivité et mon humeur du moment. Merci beaucoup d’avoir remis les pendules à l’heure.

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