Benzéma lynché, Giroud hué, Deschamps célébré : l’injustice des médias et des réseaux sociaux

Tandis que Benzéma est victime d’un lynchage quasi général et que Giroud est sifflé et moqué par une partie du public, Deschamps bénéficie d’une indulgence invraisemblable de la part de tous les médias et d’une grande partie du public. C’est injuste.

Benzéma piétiné : tendons-lui la main

Le cas Benzéma est un cas d’école de lynchage à l’époque des réseaux sociaux.

La société moderne nous demande de lyncher des gens en permanence. Nous lynchons donc tous en même temps la même personne, qui change toutes les semaines environ.

Les motifs sont variés, l’important est le lynchage.

Untel a un compte en Suisse ou n’a pas payé ses impôts, un autre a pris trop de taxis, ou simplement a été vu en compagnie de quelqu’un qui avait été lynché précédemment. Peut-être a-t-il redécoré son bureau. Ou encore il a envoyé des sms à caractère sexuel, « dérapé » sur un sujet de société ou donné une interview à un journal non fréquentable. Il est apparu sur une photo dans la piscine de quelqu’un qui a été condamné quelques années plus tard, ou, pire, a tenté une plaisanterie vaseuse que l’on peut mal interpréter etc.

Tout cela est excellent pour la santé. En piétinant quelqu’un publiquement, en mêlant nos insultes à celles de tous les autres, nous éprouvons une joie profonde : la joie de haïr en bande, d’être autorisé à haïr, d’être même incité à haïr. Ces lynchages en bande facilitent le vivre ensemble.

Certains conspirationnistes insinuent aussi que ces lynchages éloignent les français des vrais problèmes.

A long terme, toute personne publique sera lynchée au moins une fois. Mais normalement une seule fois.

Benzema-DeschampsBenzéma serial lynché

Benzéma, lui, a été lynché un nombre incalculable de fois. On lui a reproché de ne pas sourire, de cracher sur le terrain, de ne pas chanter la marseillaise, de conduire trop vite, de coucher avec Zahia. On a instruit son procès. Puis il y a eu l’affaire de la cassette : on l’a lynché à chaque pseudo rebondissement, à chaque violation du secret de l’instruction.

Non retenu par Deschamps pour l’euro, on le traîne maintenant dans la boue parce qu’il a exprimé son amertume, parce qu’il a déclaré que Deschamps avait « cédé sous la pression d’une partie raciste de la France ». Pourtant, Deschamps a bien cédé à la pression de l’opinion (pas forcément raciste). Et il est vrai qu’une partie (minoritaire) de l’opinion est sortie de la critique de l’affaire de la sextape pour se vautrer dans le racisme anti-maghrébins ou anti-islam. On peut donc comprendre l’amertume de Benzéma, sans pour autant mettre en cause Deschamps, et sans donner raison à l’avant centre de Madrid sur le fond. Pourtant l’ensemble des médias, hommes politiques, personnalités, ont clamé leur indignation.

Il n’y a donc qu’une position moralement acceptable : tendre la main au madrilène et l’aider à se relever. Je le dis d’autant plus aisément que, sur le plan football, j’ai toujours écrit sur ce blog que Benzéma était un joueur très surestimé, par exemple ICI.

Giroud-BenzémaGiroud sifflé par une partie du public

Pendant ce temps, le gunner Giroud est sifflé par une frange haineuse et stupide des supporters. Contrairement au pauvre Benzéma, une grande partie de la presse défend heureusement le joueur. Sur ce blog, j’ai beaucoup critiqué Giroud, parce qu’il n’était pas assez bon, en 2014  ou trop beau . Et quand il a marché sur l’eau à la fin de l’année 2015, j’ai bien dû reconnaître qu’il avait atteint le niveau international .

Aujourd’hui, devant ces sifflets discourtois, la seule attitude honorable est un soutien total et inconditionnel à l’avant-centre d’Arsenal.

Deschamps, un sélectionneur qui fait n’importe quoi sans jamais être critiqué

Pendant ce temps, Deschamps bénéficie d’une indulgence étonnante. C’est bien dommage et contre-productif : Jacquet, traîné dans la boue avant la coupe du monde 1998, avait ramené la coupe en grande partie pour se venger.

Deschamps-FranceVoici trois exemples d’erreurs invraisemblables du sélectionneur (parmi beaucoup d’autres).

Deschamps a géré Benzéma en dépit du bon sens. Soit il considérait que l’affaire de la sextape l’empêchait de le sélectionner et, dans ce cas, il l’annonçait dès la fin de l’an dernier, soit il considérait que ce n’était pas un obstacle, et il le prenait pour l’Euro. Par sa gestion déplorable, il prête le flanc à toutes les attaques et toutes les paranoïas.

Pendant le match contre le Cameroun, le sélectionneur n’a pas arrêté de replacer Pogba. Mais Pogba fait partie du groupe de Deschamps depuis des années. Il a joué la coupe du monde. Son positionnement ne devrait-il pas être réglé à dix jours de l’Euro ?

Mais le plus incroyable est le cas Rami. L’appel de Rami après la blessure de Varane et sa sélection contre le Cameroun a révélé que le remplaçant de Varane n’était ni dans les 23 de départ, ni même dans les réservistes ! Deschamps n’avait à aucun moment envisagé une blessure de Varane, seul Koscielny, qui avait lui trois remplaçants du côté gauche de la défense centrale (Mangala et Mathieu dans les 23 initiaux et Umtiti dans les réservistes) pouvait se blesser pendant l’euro.

C’est complètement ridicule.

A moins que Deschamps n’ait pensé que Rami était nul, mais alors pourquoi l’appeler maintenant ?

Très peu de commentateurs ont osé souligner ces errements de Deschamps.

Pendant qu’on piétine Benzéma, pendant qu’on se moque de Giroud, on protège Deschamps.

Pourquoi ?

5 commentaires

  1. Parti pris pour parti pris, Benzema est indéfendable. Le respect de son pays est plus important que ses qualités sportives. L’équipe de France doit être composée de joueurs qui aiment leur pays et qui respectent nos institutions.

    J’aime

  2. Pour être crédible, une fois encore, à ceux qui prennent plaisir à lyncher Benzema, lynchez donc de la même manière les autres Platini, qui cité dans les panama papers répond aux journalistes français qu’il est résident suisse point final, Karabatic … Il est grand temps pour cette partie de la France d’assumer ce qu’elle est : c’est à dire qu’elle n’aime pas les maghrébins et qu’elle n’en veut pas, sauf à les considérer comme des citoyens de seconde zone. C’est une réalité, voire même un droit. Mais il faut l’assumer et ne plus en avoir honte. Les choses seraont à ce moment là claires pour tout le monde. Et fini ces condamnations rapides sans arguments.

    J’aime

Laisser un commentaire