Ce que le dopage apporte au cyclisme

Pendant la trêve estivale la rédaction de Panthéon Foot a choisi d’appliquer ses capacités d’analyse non plus seulement au football ou au sport en général, mais à d’autres activités humaines. Comme par exemple le cyclisme. Aujourd’hui nous voulons souligner ce que le dopage a apporté au cyclisme, et plus particulièrement au Tour de France.

Le Tour de France est une compétition très populaire. Il suscite la passion du public chaque année pendant trois semaines en juillet, et ce depuis des dizaines d’années. Mais les deux dernières décennies ont marqué un progrès considérable : par les vertus du dopage, le Tour de France est présent dans l’actualité également en dehors du déroulement de la compétition. Ainsi, alors que les victoires récurrentes de Lance Armstrong avaient répandu une certaine lassitude sur la Grande Boucle au début du XXIème siècle, les soupçons de dopage, les accusations, les enquêtes puis les aveux, ont permis de meubler les colonnes de la presse sportive à de nombreuses reprises ces derniers hivers.

Alors que pour la plupart des compétitions sportives le vainqueur est connu dès l’issue, lorsque la ligne est franchie ou que le coup de sifflet final a été donné, pour le Tour de France tout peut changer des années plus tard.

Grâce au dopage, l’incertitude du sport ne s’éteint pas avec la compétition, le palmarès de l’épreuve pouvant être remis en cause à tout moment.

Naturellement les journalistes s’évertuent à présenter comme des cataclysmes les révélations de dopage même les plus attendues. Les amateurs de cyclisme ont ainsi été invités à tomber de leur chaise en apprenant que Laurent Jalabert s’était dopé. Rappelons simplement les faits : Laurent Jalabert a longtemps figuré parmi les meilleurs sprinters du Tour, et il a à ce titre remporté le maillot vert du classement par points en 1992 et 1995. Puis il a connu une évolution radicale, a commencé à faire preuve d’aptitudes importantes dans la montagne, et a remporté le maillot à pois du meilleur grimpeur en 2001 et 2002. Pour situer ces dates dans l’Histoire, précisons que les vainqueurs des tours 1996, 1997 et 1998 (Bjarn Riis, Jan Ullrich et Marco Pantani) ont été convaincus de dopage, et que c’est aussi le cas de la presque totalité des coureurs qui figuraient sur les podiums de la période Lance Armstrong (vainqueur de 1999 à 2005 inclus), à commencer par lui même évidemment.

Au milieu de coureurs dont il est maintenant établi que les meilleurs étaient dopés, Laurent Jalabert a vu son classement progresser de manière impressionnante dans ce domaine hyper exigeant qu’est la montagne. Qu’il ait pu le faire sans se doper lui-même, voilà qui aurait mérité la une de nos journaux. Lorsque, au contraire, on établit qu’il s’est dopé, on ne peut pas parler de révélation. Le seul point un peu intéressant dans cette affaire est une fois de plus l’obstination de la presse à faire passer pour spectaculaire ce qui n’est même pas une nouvelle.

Parce que Laurent Jalabert s’est dopé il n’est plus à l’antenne sur le Tour de France.
Et si on prouvait que Gérard Holtz s’était dopé dans sa jeunesse ?

Pour que tout soit clair, je tiens à exprimer ici tout mon respect pour Laurent Jalabert, un grand sportif dont le seul crime a été d’appartenir à son époque, mais aussi un commentateur avisé dont les analyses ont beaucoup apporté à de nombreux téléspectateurs.

Le dopage permet donc de prolonger le suspens, et de vendre du papier en dehors même du déroulement de la course. Mais il fait mieux aujourd’hui en suscitant de nouvelles stratégies.

Ainsi Christopher Froome et son équipe Sky ont mis en oeuvre pour la 9ème étape de ce tour 2013 une tactique spécifique visant à éteindre les soupçons de dopage, apparus pendant l’étape précédente.

A la fin de la 8ème étape (courue le 6 juillet), Christopher Froome et son coéquipier Richie Porte écrasent la concurrence et prennent les deux premières places du classement général. Richie Porte a donné le meilleur de lui-même au profit de son leader, mais il a encore eu la force dans les derniers kilomètres de s’extraire du groupe que Froome avait laissé sur place. Les deux hommes ont produit un effort que des spécialistes considèrent comme à peu près envisageable physiologiquement pour un homme très bien entrainé et au mieux de sa forme physique. Sauf qu’eux avaient déjà une étape de montagne dans les pattes au moment d’effectuer cet exploit.

Assez logiquement, les soupçons de dopage apparaissent dès les commentaires de fin d’étape, et ils s’installent le lendemain matin dans les discussions qui précèdent l’étape suivante. Les comparaisons avec Lance Armstrong fleurissent, et on souligne en particulier que l’équipe de Froome a dominé l’étape, comme le faisaient celles d’Armstrong. La rédaction de Panthéon Foot, toujours à l’affut des stratégies les plus sophistiquées, envisage alors la suite : pour calmer ces soupçons naissants, Froome va probablement essayer de montrer des faiblesses dans la 9ème étape.

Froome s’est montré beaucoup plus malin que cela (c’est pour ça qu’il est champion de vélo et que nous ne sommes que blogueurs). Il a sacrifié son équipe Sky sur l’autel de la vraisemblance physiologique. Richie Porte est ainsi arrivé avec près de 18 minutes de retard, et pour que le tableau soit complet, Vasil Kiryienka, un des plus gros rouleurs de l’équipe, est arrivé hors délai et a été éliminé. A ceux qui envisageraient que l’équipe Sky était dopée, comme l’étaient les équipes de Lance Armstrong, cette 9ème étape apportera un démenti formel. Le problème est réglé et Froome et son équipe vont maintenant pouvoir se consacrer à la victoire finale sans craindre de se montrer trop écrasants.

Contador a gagné 3 Tours de France mais on lui a retiré le dernier pour cause de dopage. Il conserve les deux autres, ainsi que le droit de courir.

En sacrifiant ainsi son équipe plutôt que de montrer lui-même des signes de faiblesse, ce qui aurait pu lui coûter un peu de temps au classement pour être vraiment crédible, Froome fait coup double, puisqu’il relègue à 17 minutes son coéquipier, mais néanmoins rival, Richier Porte. Coéquipier et rival, une situation que Froome connaît mieux que personne, lui qui a effectué le tour 2012 en fidèle second de Bradley Wiggins, alors leader de l’équipe Sky, et qu’il aurait sans doute pu devancer s’il n’en avait pas été empêche par la notion d’équipe. On imagine avec quelle délectation Froome a imposé cette stratégie qui, sous couvert de lutter contre les soupçons de dopage, élimine l’un de ses principaux concurrents.

On voit ici que le dopage, en introduisant une nouvelle problématique au niveau de la gestion des apparences, enrichit la gamme des stratégies à l’œuvre dans cette si étrange compétition.

 

11 commentaires

  1. Les coureurs dopés se portent bien . Visiblement le dopage n’est pas plus nuisible a la santé que le viagra ou autre medicament AMM . Il faut autoriser le dopage en organisant des tours de France pleinement ouverts ( full open ) . Comme ca il y aura egalite parfaite entre les coureurs : pas de tricheries . Il y aura des exploits sportifs spectaculaires . Et ca ne fera de mal a personne sauf aux technocrates de la biologie medicale et du controle inquisiteur du dopage .

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  2. Bravos bel article! Cela me fait penser aussi au catch où les matchs sont préparé à l’avance! Et si….Les Movistar, les Radio …les Saxo…c’étaient entendu avec les Sky hier pour organiser cette débandade de battus qui en fait roulaient pépère derrière? Le vélo est un formidable show et j’aime ça! Au fait! Oui Gérard Holz s’est souvent dopé comme des million de gens pour tenir le coup dans les circonstances difficiles de la vie! Les français ne sont ‘ils pas les plus gros consommateur de psychotropes?

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  3. Je ne suis pas un lecteur habitué de votre blog. Mais une chose est certaine, vous n’y connaissez rien au vélo, et vous vous contentez des habituels clichés rabâchés depuis 1998.
    Votre théorie du complot est grotesque. Je ne peux que vous conseiller de vous « recentrer sur vos fondamentaux ». Retournez donc parler football, en soulignant, par exemple, le manque flagrant de contrôles antidopage, inopinés, réguliers et indépendants lors des grandes compétitions. Parce qu’évidemment, à la manière d’un Contador qui, vous le soulignez, conserve le droit de courir, les joueurs de la Juve (Deschamp, Zidane, etc) qui ont confessé l’utilisation de produits dopants, exercent toujours à d’importantes fonctions.

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  4. On ne lutte pas contre le dopage par des suppositions diffamantes.Qu’il soit établi que Jaja Le Clean prenait,c’est une grande nouvelle mais ce n’est pas étonnant.Ce qui est choquant ,c’est le discrédit que lançait ce « champion »sur les autres coureurs surtout s’ils n’étaient pas français.Pour avoir été dans le milieu,il me semble que les petits coureurs prennent autant sinon plus que les champions.C’est pour cela que je trouve choquant ce que l’on a fait subir à Richard Virenque en 1998 et choquant que l’on ait retiré les victoires à Amstrong.Il faut lutter pour protéger ces champions .Dans les commentaires à la tété,il faut encore entendre ces commentaires idiots: »il n’y a que la 1ère place qui compte etc…La res ponsabilité des médias est énorme. Dodo

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  5. Froom a été fabriqué de toute pièce pour les j.o de londres. C est un coureur de seconde zone qui n à aucun palmarès avant 2011, annee d’arrivée chez sky….
    Rien ne laissait envisager de telles performances en début de carrière, et il est naturellement impossible de progresser autant en si peu de temps et à 26 ans passe !
    Qu on arrête de nous prendre pour des pigeons, j aime le cirque et les clowns mais sous le chapiteau, pas en regardant le tour de France. Je fais pourtant 20 000 km par an à vélo et suis amoureux de çe sport mais trop cet trop !!!!!!!!!

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  6. Se battre contre le dopage, c’est se battre contre la société et contre la compétition. La vraie difficulté aujourd’hui c’est le dopage médical qui transforme des « bourricots » en cheval de course et fausse la valeur intrinsèque. Quelques exemples :
    – cycliste : Riis bon équipier qui gagne le tour, Indurian un grand lourd qui grimpe,
    – natation : Alain Bernard dit belle mâchoire qui apprend à nager vite après 22 ans
    Mais permet aussi de vraies performances par de grands athlètes :
    – athlétisme : Budka (intéressant de retester l’échantillon B), bolts
    – football : Barcelone et l’équipe d’Espagne –> grandiose, équipe de France 98 (interdiction de contrôler les hôtels des équipes nationales) -> quelle émotion

    Le sport sans dopage, ce n’est plus de la compétition, c’est un magnifique loisir bon pour la santé !

    Un journaliste sportif qui s’interroge sur l’existence du dopage dans le sport est un humoriste rejeté !

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  7. Coluche disait « Le cyclisme… c’est une bande d’alcooliques qui regarde pédaler une bande de drogués ».
    Il serait temps de lui donner tord à ce défunt humoriste. Le dopage dans le sport moi ne me fait plus rire. J’ai peine à constater que les années passent et les problèmes sont les mêmes. On contrôle, on punit, mais le dopage semble toujours aussi présent.

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  8. Même aujourd’hui en 2017 le dopage des cyclistes est toujours présent. La chaîne HBO vient tout récemment de lancer «Tour de Pharmacy», fiction parodique du dopage dans le cyclisme… avec Lance Amstrong comme invité.

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