L’amour devant Barça PSG

Un concours de circonstances particulièrement improbable et malheureux m’avait conduit dans cette chambre d’hôtel avec une jeune femme de 25 ans exactement au début du match retour, Barcelone – PSG.

Contre toute logique et raison, cette jeune collègue de bureau, que j’appellerai N., pour préserver son anonymat, – elle est fiancée – m’avait fait des avances. Evidemment, je ne pouvais refuser. J’étais un partisan de la fidélité, mais cela voulait dire, en clair, ne pas chercher désespérément à tromper sa femme. Mais si une femme fait une proposition à un homme, franchement, comment peut-il refuser ?

J’avais été, jusque là, comme beaucoup d’hommes, protégé par mon physique insignifiant, mon absence de charisme, mon goût pour le football, et maintenant, par mon âge très mur. Aucune femme sensée ne pouvait me faire des avances, encore moins une petite jeune. J’étais donc victime d’une aberration statistique, d’un cygne noir, d’une jeune femme qui manquait de goût et de discernement, et qui était sans doute – sinon, pourquoi m’aurait-elle dragué ? – totalement déséquilibrée.

Elle m’avait donné rendez-vous le soir de Barcelone – PSG, j’avais accepté, et raconté à ma femme que j’allais voir le match chez un ami, à qui j’avais déjà rendu le même service dans le passé

En entrant avec elle dans la chambre, et en voyant le grand écran plat, juste devant le lit, je fus pris de remords. Pas vraiment vis-à-vis de ma femme, qui s’en remettrait, mais vis-à-vis des nombreux lecteurs de mon blog. Ces milliers d’internautes fidèles pensaient certainement que je regardais le match sérieusement, que j’étais peut-être au Nou Camp à Barcelone, prenant des notes pour eux ; je les trahissais avec une gourgandine qui aurait presque pu être ma fille.

Je me raisonnai. Ce que je faisais était moralement répréhensible, certes, mais ce n’était pas si grave. Ce n’est pas comme si j’avais tué quelqu’un ou ouvert un compte en Suisse.

N. qui connaissait mon blog et était parisienne, me proposa d’allumer la télévision puisque l’hôtel diffusait Canal +. J’acceptai, mais galant, coupai le son. Pendant que les équipes entraient sur le terrain, la jeune N., très sure d’elle, se déshabilla ; je dus l’imiter, un peu gêné. Sur l’écran, les équipes du PSG et de Barcelone étaient bien alignées, sans Messi. On entendait probablement l’hymne de la champion’s league, cet hymne qui donne des frissons. D’ailleurs, je frissonnai, mais c’était parce que j’étais en caleçon dans la climatisation de l’hôtel.

Le jeu commença au Camp Nou. En même temps, N. donna un autre coup d’envoi en m’entraînant sur le lit.

Je craignis de ne rien voir du match. Mais N. était très créative, et je me retrouvai donc souvent dans des positions où je pouvais voir le PSG.

Certains de mes amis, de moins en moins nombreux, avaient gardé des connections dans le milieu des jeunes femmes. Ils m’avaient dit à plusieurs reprises. « Tu serais surpris, tout a changé. Aujourd’hui, les jeunes femmes sont très libérées, elles n’hésitent pas à tenter des choses auxquelles nous osions à peine penser à l’époque.»

Et effectivement, je constatai que la technique de N. était tout à fait nouvelle pour moi. J’eus l’impression d’être le Bayern de Munich en 1976, avec un jeu de passe ennuyeux et lent dans mon propre camp, une grande absence de mobilité et de finesse.

N., quant à elle, était le Barça de 2011. Du jeu court et rapide, des contrôles invraisemblables, des transversales surprenantes, des dribles vers l’avant, et surtout un impressionnant pressing immédiat dès la perte de balle.

On atteignit la vingtième minute du match, et j’atteignis mes limites.

Que l’on me comprenne. Beckham, à 37 ans, manque d’intensité pour faire le pressing pendant plus d’une mi-temps. Or N. exigeait de moi un pressing permanent, et je suis bien plus vieux que Beckham. J’avais besoin d’une pause, mais contrairement aux joueurs, je ne pouvais simuler une blessure. Je réclamai donc un temps mort que N. accepta. Je pus me reposer un peu.

Le room service apporta un mojito pour N. et une grande bouteille d’eau pour moi. Je m’hydratai, j’en avais besoin, j’avais perdu beaucoup d’énergie en jouant au dessus de mon niveau habituel. A ce moment précis, Lavezzi rata une belle occasion. Barça dominait, mais Paris était dangereux.

Un peu plus tard, nous reprîmes notre match intime. Le score restait désespérément vierge ; je n’avais tenté aucun tir. Je me demandai si dans notre lit le moindre but serait marqué car N., elle aussi, n’avait pas eu de franches situations de but. Dès que je le pouvais, je regardais le match, n’hésitant pas à la pousser légèrement si son corps était dans mon champ de vision.

Vers la quarantième minute, nous dûmes reconnaître, bien marris, mon incapacité à poursuivre notre match. N. ne fit aucun commentaire, mais je compris à ses lèvres pincées qu’elle regrettait maintenant de m’avoir titularisé. Si elle avait pu faire du coaching, j’aurais certainement été remplacé à la mi temps.

Paris avait produit une première mi temps de très haut niveau, et aurait certainement pu mener au score. Tout était encore possible. Un petit but suffisait, et Messi était toujours sur le banc.

Nous croyions l’exploit possible. En début de seconde mi temps, N. tenta une nouvelle approche, mais je sentis que c’était de la politesse, et elle comprit vite que je n’étais plus opérationnel, trop fatigué et passionné par le match. Elle renonça définitivement et nous pûmes voir toute la seconde mi-temps sans être dérangés par les complications du Kamasoutra pour les jeunes.

Quand Javier Pastore ouvrit le score, sur remise d’Ibrahimovic, la chambre d’hôtel se transforma en foire. Nous courûmes autour du lit, puis ne fîmes plus qu’un en nous transformant en une mêlée joyeuse par terre et sur le lit.

Paris était en feu. Paris était qualifié pour le moment.

Quand Messi remplaça Fabregas, nous commençâmes à transpirer bien plus qu’en première mi temps. L’ambiance était étrange, je regardais le match avec la cuisse d’une jeune femme nue contre mes jambes, allongé avec mes chaussettes noires, que j’avais oubliées d’enlever, qui dépassaient du lit, et qui bougeaient au rythme de mon stress et des actions barcelonaises, quand j’aurais voulu être assis sur mon canapé, habillé, avec des copains et une cuisse de poulet rôti.

Nos pires craintes se réalisèrent lorsque, sur une action lancée par Messi, le fâcheux Pedro, toujours dans les mauvais coups puisqu’il avait déjà mis Henry sur le banc en 2009 et venait de marquer contre la France, égalisa.

Nous étions tellement stressés en fin de match que je rongeai les ongles de N. et qu’elle rongea les miens. N. plaça ses derniers espoirs dans l’entrée de Beckham pour les dix dernières minutes. En vain.

On dit souvent que l’on reconnaît les grands joueurs dans les grands matchs. Ce soir Messi avait été au rendez-vous des grands, pas moi. Je n’avais été ni Messi, ni Ibra, ni même Pastore. Plutôt Anelka ou Gouvou au mondial 2010. Titulaire, mais transparent.

Après avoir commandé un nouveau mojito pour N. qui en avait besoin pour oublier sa déception, j’ouvris mon portable, et commençai à rédiger ce post.

Pendant que je termine d’écrire, N. se rhabille pour partir. Elle n’a pas passé une très bonne soirée, Paris est éliminé et elle n’a pas retrouvé sa culotte, sans doute perdue dans l’euphorie qui a suivi le but parisien ; une culotte qui avait une valeur sentimentale, c’était un cadeau de sa mère.

Malheureusement, la logique a été respectée ce soir. Barcelone est qualifié. Le PSG a montré qu’il avait déjà un très haut niveau. Comme Arsenal, il a été éliminé par la règle stupide des buts marqués à l’extérieur. Mais il devra attendre l’année prochaine pour espérer remporter la champion’s league.

Pour ma part, je ne sais pas si je me qualifierai à nouveau un jour pour la champion’s league du sport en chambre. Comme Lille cette année, j’ai clairement été dépassé par le niveau de la compétition. Mais j’ai donné tout ce que je pouvais. Je n’ai pas de regrets à avoir. Je vais continuer à prendre les matchs les uns après les autres. Peu importe mes performances individuelles, ce qui compte c’est l’équipe.

Et ce soir, bravo au PSG, sorti avec les honneurs, et qui a fait vibrer N. ; on ne peut pas en dire autant de tout le monde.

12 commentaires

  1. Je ne pouvais faire des galipettes devant ce match très intéressant, je vibrais à chaque passe à chaque tir, PSG dominait mais n’inscrivait pas un autre but. Malheureusement MESSI entra et le but de BARCELONE arriva et ce fut le match nul. Je croyais alors assister aux tirs mais rien à faire en vertu d’un règlement stupide, les buts marqués à l’extérieurs comptant plus que ceux marqués sur le terrain adverse; Le Nul évident s’est transformé en victoire de BARCELONE.

    De puis je suis devenu un adepte du PSG malgré ses fameux sponsors

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  2. Je ne pouvais faire des galipettes devant ce match très intéressant, je vibrais à chaque passe à chaque tir, PSG dominait mais n’inscrivait pas un autre but. Malheureusement MESSI entra et le but de BARCELONE arriva et ce fut le match nul. Je croyais alors assister aux tirs mais rien à faire en vertu d’un règlement stupide, les buts marqués à l’extérieurs comptant plus que ceux marqués sur le terrain adverse; Le Nul évident s’est transformé en victoire de BARCELONE.

    Depuis je suis devenu un adepte du PSG malgré ses fameux sponsors

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  3. Cher Benlosam,

    Puis-je me permettre de vous demander les coordonnées de cette N. ? Je crois que je suis amoureux. J aime son espièglerie ( le petit kit coquin qu’ elle trimballe, vous faire croire qu elle a égaré sa petite culotte…) et surtout son agilité. N aimant pas particulièrement le foot, je crois que contrairement à vous, je pourrais l honorer. Si je peux me permettre une dernière chose: essayez de mieux gérer vos rdv galants, conseil de connaisseur…

    Bien à vous
    DS

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  4. Bravo Benlosam, la vraiment nous les femmes on est servies…..
    Ah oui une question : il y aurait pas mon mari dans ceux qui ont garde des connections avec les jeunes?

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  5. J’ai beaucoup aimé votre billet qui m’a fait passer un très bon moment !

    Bravo pour votre humour et votre autodérision !

    Ne cherchez pas, voilà les atouts qui plaisent aux femmes…

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  6. « Un concours de circonstances particulièrement improbable et malheureux »…
    Ben, t’es sacrément gonflé! Et surtout très prétentieux… Au fait, il y a une coquille dans ton article: c’est « vers la quatrième minute » qu’il faut lire.
    Tu veux que je poste la vidéo avec le chrono?

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  7. Mr Benlosam,
    Votre dernier post m’oblige à me dévoiler. Je suis l’avocat de votre épouse qui m’avait demandé de rejoindre anonymement votre blog pour surveiller vos commentaires. Travail assez pénible s’il en est, j’ai dû augmenter mes honoraires tant je déteste le football. Loin de « s’en remettre », votre épouse, atterrée par vos mensonges, espère que vous avez apprécié les mojitos car vous n’aurez bientôt plus les moyens d’en commander.

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  8. M. Benlosam, à la lecture de votre récit je tiens à vous faire savoir que je suis egalement exceptionnellement libre pour le match du Bayern…

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  9. Hé Benlosam,
    t’as déjà essayé des plans en regardant un bon match de Ligue 2 ? Si tu veux des mauvaises passes, des culottes trop longues, des torses trop maigres, des amorties de la poitrine pendante, des genous cagneux, des fautes à la hauteur de la mâchoire, des très grosses feintes par derrière, des mains partout, des buts plein de cul, des arbitres en sueur, des insultes, un spectacle SM, un défilé de jean-foutre, des buts marqués de la couille: alors regarde-toi un match de Ligue 2 avec ta loute. La meilleur Hard-Crade du marché qui va la faire monter dans l’ultime division. La ligue 2, c’est le rendez-vous de tous ceux qui soutiennent le vrai foot, le rendez-vous de tous les souteneurs.

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