Les inégalités entre les championnats français et anglais se réduiraient-elles ? (I / II)

Une inégalité scandaleuse

Depuis que l’on a découvert en 1789 que les hommes étaient, en fait, nés libres et égaux (en droit), nous, français, n’avons qu’un objectif en tête : réduire les inégalités.

On a déjà évoqué sur ce blog les terribles inégalités entre les équipes nationales, mais s’il y a bien une inégalité particulièrement criante et injuste, c’est l’inégalité entre le championnat de France et la Premier League anglaise.

Grands joueurs, grandes équipes, traditions, stades pleins, plus de buts et de spectacle, l’Angleterre a même développé une spécialité depuis la fin des années 90 : nous voler les meilleurs français (Vieira, Henry, Pirès, Petit, Wiltord, Desailly, Deschamps, Ginola, Cantona, et aujourd’hui Nasri, Lloris, Sagna, Clichy, Cabaye, Ben Arfa, Giroud, Koscielny, Kaboul…), et, depuis quelques années, débaucher les meilleurs joueurs étrangers du championnat de France (avec les exemples emblématiques de Drogba et maintenant Hazard).

Les raisons du succès de la premier league sont connues. Bien sur il y a la fiscalité, mais ce n’est pas spécifique à l’Angleterre. Le monde entier est un paradis fiscal par rapport à la France. Si la fiscalité expliquait seule nos différences, alors les championnats hongrois, roumain, rwandais, vietnamiens, par exemple, seraient meilleurs que le championnat français.

Il y a surtout la ferveur du public, les stades toujours pleins, les recettes publicitaires et les droits de télévision extrêmement élevés, en raison du succès planétaire de la premier league, notamment en Asie où elle est considérée comme le championnat national.

Fairclough et Corver, fossoyeurs du football français

Disons-le franchement : cette supériorité du championnat anglais nous est insupportable.

Ce n’est pas seulement en raison de l’amour-haine qui caractérise, depuis au moins la guerre de cent ans, les relations entre nos deux pays, non, c’est surtout  à cause du rouquin David Fairclough.

Un funeste 16 mars 1977, ce remplaçant à Liverpool, ce « supersub », a mis fin à la grande aventure des verts en coupe d’Europe, en quart de finales de la coupe des champions, malgré le but de Bathenay, malgré le talent de Rocheteau, malgré les maillots verts très serrés. Plus jamais les verts n’atteindraient la finale de la coupe d’Europe, et, malgré quelques beaux matchs, lors de l’ère Platini qui suivit, dont le fameux 0-5 à Hambourg en 1980, le but de Fairclough signifia la fin d’une époque, presque d’une civilisation, la chute de Rome et de Constantinople sur un seul tir.

Fairclough trompe Curkovic et détruit notre avenir, les couleurs s’estompent mais pas notre douleur

Qu’un petit rouquin puisse détruire nos rêves, quelle tristesse, mais qu’en plus, l’arbitre de ce match retour Liverpool – Saint Etienne ait été M. Corver, oui, M. Corver, le même arbitre hollandais qui, cinq ans plus tard, le 8 juillet 1982, à Séville, regarda filer en sortie de but le ballon de Battiston au lieu de porter ses yeux sur l’agression de Schumacher, voilà une insupportable coïncidence que l’on ne peut porter au compte du hasard, mais à celui d’un véritable complot anti-français fomenté par Dieu lui-même, s’il existe, ou par les instances dirigeantes du football mondial, si elles existent. (On n’a trouvé aucune preuve tangible d’existence dans les deux cas).

Alors depuis mars 1977, depuis ce nouveau Mers el-Kébir, nous mijotons une revanche. En vain. Au contraire, l’écart entre nos championnats n’a cessé d’augmenter. Les inégalités se sont creusées, nous blessant doublement, en tant qu’ennemis héréditaires des anglais, et en tant que descendants de Robespierre et de la guillotine égalitariste.

Mais cette période de 35 ans d’augmentation des inégalités pourrait toucher à sa fin. Plusieurs signes encourageants indiquent qu’elles commencent depuis peu à se réduire.

Des signes encourageants de réduction des inégalités

Tout d’abord, l’argent qatari au PSG, et russe à Monaco, permet et permettra d’attirer de vraies stars dans le championnat de France. Où joue Ibrahimovic ? Chez nous. Des rumeurs annoncent Ronaldo l’an prochain. Dès que Monaco remontera en ligue 1, de nouvelles stars, attirées par l’argent russe et l’absence de fiscalité sur le rocher, des motivations nobles, débarqueront dans notre championnat. On évoque déjà Beckham.

Mais c’est surtout de l’autre côté de la Manche que des signes positifs apparaissent : le championnat anglais est en train de devenir moins attractif et plus ennuyeux ! Quelle bonne nouvelle ! Car rien ne remplace le nivellement par le bas pour réellement réduire les inégalités.

La perfide Albion, c’est nous !

Bien entendu, nous participons sournoisement à cette baisse de niveau anglaise. Car si on se plaint souvent du fait que les joueurs français sont moins brillants qu’il y a dix ans, on oublie trop le côté positif de cette réalité : les joueurs français que nous envoyons aux anglais sont également moins bons ! Nasri, Cabaye et Ben Arfa sont de bons joueurs, mais n’ont pas le talent exceptionnel de Vieira, Petit ou Pirès, de même Giroud n’est pas Henry, ou Koscielny le grand Marcel Desailly. (Lloris est une regrettable exception).

Et soyons fiers de l’efficacité française : l’argent du Qatar a permis à Paris de se qualifier en deux ans pour les huitièmes de finale de la league des champions. Le même argent qatari n’a pas réussi, en quatre ans, à y emmener Manchester City ! Nous travaillons peu, mais quelle productivité !

Yes! Le championnat anglais devient profondément ennuyeux!

Mais la vraie bonne nouvelle, c’est que la Premier league devient « boring », comme disent les anglais, soporifique, barbante. Il semblerait que toutes les équipes aient appris à défendre, qu’elles aient toutes des schémas tactiques à peu près normaux, même en bas de tableau. On a de moins en moins de scores fleuves, de scénarios déments avec des 4-4 où chaque équipe attaque en permanence. Bref, le championnat anglais ressemble de plus en plus au notre, c’est à dire à une punition pour le spectateur.

(A suivre ICI)

Le championnat anglais doit respecter les principes de 1789

 

9 commentaires

  1. Le championnat anglais est et restera encore le meilleur championnat.

    En juin 2013 Canal plus risque de perdre les droits du foot anglais, et si ça se produit.
    vous verrez la mort d’une chaine privé par les perte du championnat anglais et de quasiment tous ses abonnés fans de foot.

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    1. Cher Monsieur, tout à fait d’accord avec vous, le championnat d’Angleterre reste le meilleur, et c’est un formidable produit d’appel pour les télévisions. Simplement, je pense qu’il est un tout petit peu moins spectaculaire cette année, mais je ne sais pas si c’est juste conjoncturel ou une vraie tendance. Je vous engage à lire la seconde partie lorsqu’elle sera en ligne, elle entrera dans le détail de quelques matchs et équipes. A vous lire sur notre site!

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  2. L’attente de le seconde partie est quasi insoutenable.
    Notons que la coupure tombe au plus mauvais moment. Et qu’elle nous laisse aigri, surpris, en colere.

    J’ai arrete de regarder 24 heures sur canal +. ne supportant plus justement les interruptions innoportunes. Preferant le coffret de 12 dvds, qui me permet de gerer les coupures, et de gerer les frustrations. De les provoquer et non de les subir.

    Il est vrai que Je n’ai toujours pas compris le business modele de pantheon foot. Mais je comprend que cette coupure vise a degager plus de benefices publicitaires. Je sais bien que le monde est ainsi. Et que l’argent est roi. Pourtant je pensais que cet espace de liberte etait une exception dans le monde, et dans l’univers du football. Il n’en est rien.

    Je pouurrais boycotter la deuxieme partie. Je n’en ferais rien. Car justement c’est ce que tout le monde pense que je vais faire.

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    1. Il ne faut pas voir dans cette manière de publier en plusieurs épisodes une forme de décadence mercantile mais au contraire un retour au source. Certains des plus grands écrivains du XIXe siècle (parmi lesquels Châteaubriant et Balzac), ont favorisé le développement de la presse écrite en y publiant leurs oeuvres sous forme de feuilletons. C’est un hommage que nous leur rendons ici.
      Relevons aussi la mise en abîme que propose votre commentaire : en annonçant que vous allez délibérément faire l’inverse de ce que tout le monde anticipe, vous inversez ces anticipations, et donc logiquement vos intentions, mais alors …

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    2. J’ajoute à la réponse de MAL une explication de notre business model : les articles sont en accès gratuit, mais les lecteurs ont l’option, s’ils le souhaitent, de nous envoyer de l’argent.

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  3. Bonjour,
    Excellente analyse. Concernant le dernier paragraphe où vous parlez de championnat ennuyeux, je n’irai pas jusqu’à là. Regardez hier soir encore ce match entre Reading et Manchester United avec score fleuve en faveur des Red Devils (4-3).

    Plutôt que le mot ennuyeux, vous auriez dù employer le mot stéréotypé. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. L’apport des nombreux joueurs étrangers, notamment du continent européen, on amené au foot anglais un jeu à l’européenne, plus posé, plus tactiques, plus calculateur.

    Il est bien loin effectivement le kick’n »rush des années 70-80. Mais si vous vous ennuyez en Premier League, descendez d’un cran juste en dessous, il y a le championship. Là, on reste à la source du foot anglais. Hier par exemple, j’ai vu sur BeIn Sport un excellent Crystal Palace-Brighton. C’est moins clinquant qu’un Arsenal-Chelsea ou un City-United, mais des fois ça vaut le détour.

    J’attends la suite de votre article avec impatience.

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    1. Yann, merci pour votre excellente analyse. Vous avez raison, c’est le mot stéréotypé que j’aurais du employer, car c’est bien d’une uniformisation qu’il s’agit. J’en parle d’ailleurs un peu dans la seconde partie comme vous le verrez. Au plaisir de vous lire à nouveau.

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